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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Gauché, Emile
Article mis en ligne le 10 novembre 2014
dernière modification le 21 mars 2015

par Sosnowski, Jean-Claude

Membre du groupe constitué autour du journal Le Nouveau Monde. Contribue au journal Le Premier Phalanstère. Adepte de la phrénologie et membre de l’Église catholique française.

Adepte de la phrénologie, il est également membre de l’Église catholique française de l’abbé Chatel à laquelle appartient un autre phrénologue et membre de l’École sociétaire, Julien Le Rousseau, Vice-Primat de l’Église. Gauché appelle à l’union de la phrénologie et de la doctrine phalanstérienne :

A l’œuvre, à l’œuvre, phalanstériens et phrénologistes ! vous possédez la clef de tous les mystères de la création ; montrez aux indifférents du siècle tout ce que leur apathie décèle d’ignorance et de mauvaise foi ; faites briller aux yeux de tous le flambeau que vous tenez entre vos mains ; unissez-vous, et marchez à la conquête de la terre promise, afin qu’un jour les hommes, ralliés à vos sublimes principes, bénissent les noms de FOURIER et de GALL [1].

Il est membre du Comité de la souscription pour la fondation du premier phalanstère initiée au sein du groupe constitué autour du journal Le Nouveau Monde. Il est l’un des intervenants qui s’illustrent lors des festivités organisées par le groupe du Nouveau Monde, lors de l’anniversaire du décès de Fourier célébré au cimetière de Montmartre en octobre 1840 [2], lors du banquet d’anniversaire de la naissance de Fourier en avril 1841 [3] et cette même année lors des réunions organisées au Grand-Salon-de-Mars ; il est l’un de ceux qui aident « puissamment » [4] le groupe. « Orateurs et poètes s’unissent aux artistes de tous les genres, pour attirer le public, pour lui offrir, au milieu des chants harmonieux, et de la musique mélodieuse, l’exposition de quelques vérités nouvelles. Le plaisir composé, cette nourriture des sens et de l’âme devait attirer d’un côté les artistes de cœur et de talent, et de l’autre un public choisi » [5]. Lors de la réunion du 6 juin 1841, il est encore l’un de ceux qui ont été écoutés par le public « avec […] bienveillance » [6]. Le 4 juillet, il déclame « énergiquement » [7] les vers de Léon Magnier que Le Nouveau Monde a publié dans son dernier numéro. Il contribue à la rédaction du Premier Phalanstère. En juillet et août, il donne une critique d’un des chapitres de l’ouvrage de Lamennais, Du passé et de l’avenir du peuple, dans lequel l’auteur affirme :

Les systèmes nés du besoin d’un ordre social moins imparfait que l’ordre actuel, ont néanmoins un caractère commun, qui est de briser la tradition humaine, d’être non seulement en dehors de la loi historique du progrès, mais en opposition directe avec elle.

Gauché rejette cet amalgame entre les théories des différents réformateurs cités, Owen, Saint-Simon et Fourier :

Fourier, au contraire, partant de l’unité de système, et conséquemment de l’analogie, nie, positivement, le progrès indéfini. - En effet, la société n’est qu’une collection d’êtres humains soumis aux lois universelles du mouvement ; pour chacun les phases à parcourir sont : La naissance, l’ENFANCE, la JEUNESSE, la MATURITÉ, le DÉCLIN, la CADUCITÉ, la mort [sic]. Cette loi s’appliquant à tous les individus des quatre règnes, doit s’étendre naturellement aux collections, à l’ensemble. Nier cela, c’est nier l’analogie, c’est nier l’unité de système, l’unité d’action, l’intelligence divine, en un mot, c’est nier tout ce que l’humanité a admis et cru jusqu’ici, c’est briser la tradition humaine et se mettre en opposition directe avec elle... [8].

La condamnation de l’écrit de Lamennais se poursuit dans le numéro suivant. Gauché y récuse les habituelles assertions d’immoralité et matérialisme imputées à la théorie des passions de Fourier qui conduirait à ne distinguer ni le bien, ni le mal.
Son nom n’est cité dans aucune des listes de souscripteurs au projet de premier phalanstère promu par Le Nouveau Monde et Le Premier Phalanstère alors qu’il est élu vice-président du comité de souscription en mars 1841, à la place de Simon Blanc. Néanmoins, Emile Gauché est en contact avec les colons de l’Union industrielle du Brésil. Lors du banquet anniversaire de la naissance de Fourier célébré par le groupe du Nouveau Monde à Paris en avril 1843, il « assure les travailleurs de Paris et de Lyon que leurs frères en Amérique resteront fidèles à leur drapeau » [9]. A la fin de l’année 1843, il décrit à Joseph Reynier à Lyon les conditions de vie du groupe de Michel Derrion : « tant bien que mal ils vivent » [10] couchant « les uns sous des tentes, d’autres sur la terre » [11]. En octobre 1843, il est l’un des organisateurs du banquet populaire parisien qui doit suivre le recueillement sur la tombe de Fourier pour l’anniversaire de son décès en octobre 1843. Les billets d’entrée sont à retirer chez lui, 71 faubourg Saint-Martin.