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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Milliet, Louise, née de Tucé
Article mis en ligne le 18 mars 2011
dernière modification le 26 juin 2022

par Cosnier, Colette, Desmars, Bernard

Née le 28 janvier 1822, au Mans (Sarthe), décédée le 10 juillet 1893, à Paris (5e arrondissement), épouse de Félix Milliet, membre et administratrice de la colonie de Condé-sur-Vesgre, membre du comité d’exécution chargé en 1872 de réorganiser l’École sociétaire.

Issue d’une ancienne famille du Maine, fille de Louis de Tucé, propriétaire, et de Marie Philipe Aimée Hüe de Montaigu, elle épouse à 17 ans Félix Milliet, en 1839. Le couple s’installe au Mans (Sarthe) où naît, en 1844, leur troisième enfant, Paul, qui devient le biographe de la famille [1].
Dans ce chef-lieu de la Sarthe qui est « la circonscription la plus solidement républicaine de France » [2] Louise et Félix ont de nombreux amis : la directrice de la salle d’asile, Marie Carpantier [3], un professeur de mathématiques, M. Chassevant qui leur communique « son admiration enthousiaste pour les doctrines de Fourier », l’écrivain Louis Silly, M. et Mme Trahan (que Paul Milliet présente comme des phalanstériens), le publiciste Napoléon Gallois, le docteur Barbier, franc-maçon comme Félix Milliet, Édouard de la Boussinière, directeur d’un cercle de lecture des ouvriers et cofondateur du Bonhomme manceau, un journal démocratique et populaire, à la parution irrégulière, car souvent saisi.

Louise Milliet, sans date
Dans Paul Milliet, Une famille de républicains fouriéristes (...)

Après le coup d’Etat du Deux-Décembre 1851, Louise Milliet et ses enfants trouvent asile à Samoëns [4] où Félix les rejoint. Supportant de plus en plus mal la politique de Napoléon III, Félix envisage de gagner le Texas en famille pour retrouver « [leur] excellent ami Victor Considerant » et pour diriger un élevage de chevaux. Le projet n’aboutit pas.

Les Milliet s’installent à Paris vers 1860, ce qui leur donne l’occasion de faire de nombreux séjours à la Colonie de Condé-sur-Vesgre où ils retrouvent Marie Pape-Carpantier. Selon Paul Milliet Condé est un vrai paradis qu’ils appellent la Céleste Colonie. Mme Milliet est alors directrice du ménage sociétaire [5]. Le couple Milliet prend de Genève, en 1862, dix parts dans la société civile immobilière de Condé (cinq parts au nom de chaque époux) [6]. Louise fait partie de la société à partir de 1865 et y siège jusqu’en 1875, sauf entre le printemps 1868 et le printemps 1869, puis entre le printemps 1872 et le printemps 1873. Elle y exerce les fonctions de vice-présidente (1866 à 1868, puis 1869 à 1872), puis de présidente (1873-1875) [7].
Pendant la guerre de 1870, tandis que son fils Paul rejoint les rangs des communards, Louise Milliet et ses filles restent à Paris tandis que Félix ne quitte pas la Colonie, où il passe ses dernières années.

Louise Milliet fait partie du comité d’exécution désigné lors du congrès phalanstérien d’avril 1872. Ce comité comprend deux femmes (elle et Valérie de Boureulle) et onze hommes, dont Bonnemère, Bourdon, Couturier, Moigneu. Il est chargé de mettre en œuvre les décisions du congrès, c’est-à-dire la création d’une nouvelle société (ce projet avorte) et la publication d’un périodique (le Bulletin du mouvement social). Il semble n’être actif que quelques mois [8]. Louise Milliet participe à des banquets phalanstériens : en 1875, avec Mme de Boureulle ainsi que Considerant, Bonnemère, Pompéry, Nus, etc. [9]

Elle meurt en 1893. Son rôle a été important à la colonie de Condé. On lui doit, entre autres, la plantation d’un verger. À son enterrement, Gustave Chatenet lit cet éloge écrit par Eugène Nus :

« Au nom de la Colonie qu’elle a aimée avec tout son cœur et toute son intelligence pour le germe de progrès qu’elle y voyait dans l’avenir, les membres de ce ménage sociétaire auquel elle fut si utile et où elle laisse un si grand vide, envoient à celle qu’ils viennent de perdre l’hommage de leurs profonds regrets et de leur ineffaçable souvenir [10] ».