Bandeau
charlesfourier.fr
Slogan du site

Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Masson, Jean-Baptiste
Article mis en ligne le 30 septembre 2013
dernière modification le 11 juillet 2021

par Sosnowski, Jean-Claude

Né le 5 avril 1817 à Beneuvre (Côte-d’Or). Toujours en vie à Paris (Seine) en octobre 1881. Instituteur à Genlis (Côte-d’Or) révoqué en 1850. Républicain socialiste phalanstérien durant la Seconde république. Condamné à l’internement à Dax (Landes) par la Commission mixte de la Côte-d’Or en 1852.

Jean-Baptiste Masson est le fils de François Masson, soldat puis lieutenant au 12e régiment d’infanterie de ligne de 1793 au 1er juillet 1814, décoré chevalier de la Légion d’honneur le 1er octobre 1807. François Masson a épousé Jeanne Marie Brulot, âgée de trente-six ans, à Recey-sur-Ource (Côte-d’Or), le 23 avril 1816.

Elève de l’Ecole normale de Dijon, Jean-Baptiste Masson obtient son brevet de capacité à l’enseignement le 24 août 1839. D’abord en poste à Mauvilly (Côte-d’Or), il est nommé à Genlis en 1843. Il épouse Catherine Vautrin dont il a une fille âgée de 10 mois en 1846. Il héberge alors une nièce de 10 ans, Octavie Lafourcade. Il est accusé par le curé déjà responsable du départ de son prédécesseur, de « faire parade de son éloignement pour les pratiques du culte et de peu d’importance qu’il attache à l’enseignement religieux » [1]. Néanmoins, le juge de paix du canton dans un rapport du 3 septembre 1845 relève que Jean-Baptiste Masson n’est pas connu « pour [être] un homme sans principes religieux [...]. Homme modeste et réservé [il] paraît avoir une conduite régulière sous tous les rapports ». Ses élèves lors de la dernière inspection du comité local ont fourni des réponses « satisfaisantes aux questions relatives au catéchisme » [2]. Il fait par ailleurs apprendre la prière aux plus jeunes.

En mars 1848, il porte au commissaire de police l’adresse de fidélité à la République des instituteurs du canton de Genlis [3] : « comme citoyens et comme fonctionnaires, nous sommes les soutiens de la République, et tous nos efforts tendront à former des hommes dignes de la servir » [4]. Son engagement politique lui vaut d’être harcelé par certains parents d’élèves. En mars 1850, il est suspendu de ses fonctions puis révoqué en juin malgré le soutien de plus de deux cents habitants de la commune [5].

Il retourne dans son village natal de Beneuvre dans le Châtillonnais où il exerce une activité agricole lui permettant péniblement de nourrir son épouse et son fils. En juillet 1851, il est « soupçonné d’avoir pris part [...] à une fabrication clandestine de poudre » [6]. Interrogé lors d’une visite domiciliaire, il répond qu’il est « un républicain socialiste phalanstérien. Les perquisitions démontrèrent qu’il correspondait avec les chefs de ce parti » [7]. En août 1850, il avait déclaré, dans une lettre publiée par Le Républicain démocrate, posséder quelques-uns des ouvrages de Victor Considerant [8]. Arrêté après le coup d’Etat du 2 décembre 1851, la commission mixte de la Côte-d’Or le condamne à l’internement à Dax (Landes) et à la surveillance de la haute police pour sa propagande socialiste antérieure. Dès le 26 mars 1852, alors que Masson reçoit « l’ordre officiel de se rendre à Dax (Landes) comme interné » [9], les électeurs de sa commune « tous [...] dévoués au gouvernement du prince Louis-Napoléon » [10]lui apportent leur soutien par une pétition unanime. Il reçoit localement l’appui de Victorine de Chastenay [11] « amie intime » [12] du président de la section du contentieux au Conseil d’Etat Charles Maillard. Grâce à ces soutiens, du fait d’une soumission immédiate au régime, « je donne mon adhésion sincère » [13] au gouvernement écrit-il, s’appuyant sur les titres de son père qui lui a « inspiré dès le bas âge, pour n’être point oublié aujourd’hui, le respect dû au génie du Grand homme » [14], son internement à Dax est commué en surveillance auprès de sa famille par grâce du 15 août 1852. Afin de faire lever cette surveillance, « qui peut [le] faire considérer comme hostile au gouvernement » écrit-il, il affirme qu’il n’a « jamais été [...] un homme politique : ennemi de la violence, je n’ai, je le jure, jamais fait partie d’aucune société secrète, ni ne me suis jamais laissé séduire par de mensongères et dangereuses utopies » [15]. Le nouveau procureur général de la Cour impériale de Dijon ne croit pas en cette soumission : « rentré à Beneuvre, il s’est montré comme par le passé, un homme d’agitation et de désordre [...]. Il conserve encore aujourd’hui ses sentiments et ses haines d’autrefois » et localement, substitut du procureur et gendarmes considèrent qu’il est un « homme dangereux et pensent, [...], qu’il convient de le maintenir sous la surveillance du Gouvernement » [16], avis corroboré par le maire de la commune. Aucune mention de grâce définitive n’est portée à son dossier. En octobre 1881, il est admis pour une rente viagère de cinq cents francs au titre d’indemnisation des victimes du coup d’Etat du 2 décembre 1851 car « déjà persécuté avant le coup d’Etat comme instituteur » [17]. Il réside à Paris, 33 rue Polonceau.