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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Barral, (Léon Jacques) Georges
Article mis en ligne le 30 août 2014
dernière modification le 25 mai 2015

par Desmars, Bernard, Fornasiero, Jean

Né le 1er janvier 1842 à Paris, décédé le 9 mai 1913 à Bruxelles. Journaliste et publiciste. Rédacteur du compte rendu du banquet phalanstérien de 1865. Correspondant de fouriéristes dans les années 1870 et 1880.

Georges Barral est le fils de Jean-Augustin Barral, ingénieur et chimiste, auteur et directeur de publications scientifiques et agricoles, et rédacteur de La Démocratie pacifique dans les années 1840. Il fait des études de droit (il dit avoir suivi des « conférences juridiques » présidées par Gambetta, alors au terme de sa formation d’avocat) [1] ; il soutient en 1870 une thèse de droit sur le « louage d’ouvrage et d’industrie ». Mais il s’intéresse aux sciences ; il est qualifié de « chimiste » lors de son mariage en 1866 ; un dictionnaire le désigne comme « chimiste et physiologue » à la fin des années 1880 [2]. Ayant rencontré Claude Bernard (1813-1878) en 1865, il le fréquente régulièrement. Il s’en proclame l’ami et le disciple, le « confident de ses dernière pensées » et « un de ses légataires scientifiques » [3]. Il publie une pièce de théâtre du savant, Arthur de Bretagne.

Son père l’associe assez rapidement à ses travaux scientifiques menés dans son laboratoire, et surtout à ses publications ; en 1865, il est l’un des deux secrétaires de rédaction du Journal d’agriculture pratique, dont il tient la rubrique « Revue commerciale ». Il devient rapidement l’un des principaux rédacteurs de La Presse scientifique, la revue fondée par son père. Il donne aussi des articles à d’autres organes, comme L’Économiste français de Jules Duval. Parallèlement, il assure le secrétariat de la Société de navigation aérienne.

En 1866, Georges Barral se marie avec Marie Thérèse Mathilde Savalle, fille de l’ingénieur civil Savalle, décédé, et de Marie Thérèse Van Engelen qu’épouse Jean-Augustin Barral lors de la même cérémonie. Parmi les témoins des deux mariages, figurent les fouriéristes César Daly et Charles Pellarin.

Anniversaire fouriériste et relations épistolaires

Dans les années 1860, François Barrier s’efforce de reconstituer le mouvement fouriériste, très affaibli depuis la Seconde République ; en 1865, il essaie de rétablir la tradition des banquets phalanstériens ; Jean-Augustin Barral et son fils Georges y assistent tous les deux. Georges Barral rédige le compte rendu qui paraît dans La Presse scientifique. En réalité, l’essentiel consiste dans la reproduction d’un long texte envoyé par Charles Pellarin et de quelques toasts. Mais sa brève introduction exprime son adhésion à Fourier :

Non, maître, votre souvenir n’est pas mort.
Vous, que nous n’avons pas connu, mais que nos pères ont aimé pieusement, nous avons appris à honorer votre mémoire, et votre nom est inscrit dans nos jeunes cœurs en traits ineffaçables.
Vous aviez foi dans l’avenir et pleine espérance dans la jeunesse.
Vous avez bien fait.
[…] nous avons l’avenir, l’avenir qui n’est pas loin et qui nous appartient un peu à nous autres, qui avons les grands desseins de nos maîtres à réaliser.

Puis Georges Barral dit s’être « assis avec émotion au milieu des disciples et des amis de Charles Fourier » et souligne qu’après une période où l’Ecole semblait ensommeillée et la tradition des banquets interrompue,

il s’est trouvé quelques hommes qui, pris d’une nouvelle ardeur, demandent s’il ne faut pas enfin se réveiller. Leur sympathique appel a eu de l’écho. Chacun est accouru. Les mains se sont serrées avec une touchante cordialité et une douce effusion.

Les esprits occupés des mêmes pensées ont communié de nouveau, saintement, paisiblement [4].

Pourtant, malgré ces propos, Georges Barral reste ensuite éloigné des activités de l’École ; un Barral est à nouveau présent au banquet du 7 avril 1866, sans que l’on sache s’il s’agit de Georges ou de son père Jean-Augustin. Leur présence n’est plus mentionnée lors des banquets suivants. Et Georges, pas plus que son père, ne participe à la rédaction des organes fouriéristes (La Science sociale, puis le Bulletin du mouvement social, la Revue du mouvement social), ni n’apporte sa contribution financière afin de maintenir l’existence de la Librairie des sciences sociales ; il n’apparaît pas non plus parmi les souscripteurs des différentes entreprises phalanstériennes qui subsistent ou qui apparaissent, des années 1860 aux années 1880.

Toutefois, Georges Barral conserve au moins dans les années 1870 et 1880 des relations avec certains disciples de Fourier (Victor Considerant, Eugène Bonnemère, le couple Gagneur), relations dont témoignent les lettres conservées aux Archives et Musée de la Littérature à Bruxelles.

Cet intérêt persistant pour le fouriérisme et ces liens maintenus avec quelques disciples phalanstériens se manifestent aussi dans Le Journal-Barral, revue publiée de 1885 à 1888 dont il est le rédacteur en chef, dont son frère Jacques est le gérant. Dans ce périodique d’abord trimensuel (il paraît les 10, 20 et 30 de chaque mois), puis bimensuel (le 5 et le 20), Georges Barral aborde le « mouvement agricole, artistique, colonial, commercial, économique, financier, industriel, littéraire, philosophique, scientifique » avec de nombreuses illustrations. Plusieurs notices biographiques de fouriéristes, accompagnées de portraits, paraissent sous sa plume : Allyre Bureau, Just Muiron ; il envoie à Victor Considerant celui consacré à Allyre Bureau et reçoit une lettre de remerciement de l’ancien chef de l’École [5]. Il accueille aussi dans Le Journal-Barral des lettres du fouriériste Granday, concernant l’agriculture et la météorologie, et surtout des articles de Jouanne, le fondateur de la Maison rurale d’expérimentation sociétaire à Ry (Seine-Inférieure) sur « le travail attrayant ». Enfin, en 1888, Barral consacre un article à « la théorie sociétaire de Charles Fourier » [6].

Ecriture et édition

Dans ce même Journal-Barral, il consacre de nombreux articles aux techniques agricoles, à la navigation aérienne et aux sciences naturelles, ce qui lui permet de rendre hommage à son père ainsi qu’à son maître Claude Bernard. Il reproduit dans son périodique la thèse de Joseph Girard, Contribution à l’étude de la fécondation artificielle, présentée en 1885 à la Sorbonne, mais refusée par la Faculté [7].

Georges Barral est un auteur très prolifique, dans des genres très différents : la science, la poésie, les récits (par exemple de sa rencontre en 1864 avec Baudelaire, à qui il sert de guide à Bruxelles), les biographies, la publication de textes de Napoléon 1er, le Missel de l’amour sentimental, etc. Il est mentionné parmi les collaborateurs du second supplément au Grand Dictionnaire universel de Pierre Larousse [8].

Au tournant du XIXe et du XXe siècle, il dirige une collection, « Poètes français de l’étranger » chez l’éditeur Fischbacher. Il y publie notamment les poètes belges Iwan Gilkin et Valère Gille. Peut-être est-il déjà installé en Belgique, où il décède en 1913.