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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Edant, Gabriel
Article mis en ligne le 19 janvier 2015
dernière modification le 11 juillet 2021

par Sosnowski, Jean-Claude

Né à Lyon (Rhône) le 4e jour complémentaire an IX (21 septembre 1801). Décédé le 1er juin 1863 à Lyon. Commerçant et fabricant en soieries. Correspondant de l’Union harmonienne à Lyon pour l’année 1840. Communiste néo-babouviste. Franc-maçon.

Gabriel Édant est le fils de Claude Philippe Etienne Édant et Jeanne Cotte. Le 28 janvier 1841, il épouse Françoise Marie Louise Kertzel marchande de modes à Lyon, née le 7 juin 1814, fille d’un rentier dont il est veuf très tôt. Une fille naît de cette union.
Son adhésion au fouriérisme date des années 1836-1837. Alors qu’il contribue à la fondation de différentes sociétés secrètes (la Société des Fleurs, celle des Familles puis celle des Égaux) qui font de lui un communiste néo-babouviste proche de Joseph Benoit dont il est l’ami, il est néanmoins correspondant de l’Union harmonienne pour l’année 1840, dit résidant passage de la Banque à Lyon. En 1840, il est établi 17 rue des Capucins et réside chez sa sœur 11 rue Saint-Pierre.
Avant la Révolution de 1848, il figure « des premiers, et comme un des plus intelligents, dans le parti socialiste » [1]. Il est l’un de ceux qui assurent les liens entre les socialistes lyonnais et parisiens « par ses amis Ch. Teste, Pierre Leroux, George Sand, Ferdinand François » [2].

Membre du conseil municipal provisoire ou comité révolutionnaire issu de la Révolution de février 1848, il préside la commission des subsistances. Il siège au comité d’organisation du travail à Lyon, commission établie par Emmanuel Arago, « chargée de régler les différends entre patrons et ouvriers et de rechercher la meilleure organisation sociale » [3]. Cette commission, présidée par Morellet, « était l’œuvre des phalanstériens » [4]. Édant en est l’un des vice-présidents au côté de Joseph Benoit. Il y dépose un vœu réclamant la « suppression des ateliers dans les maisons de réclusions et communautés religieuses, à charge pour le gouvernement de prendre sous sa protection les enfants que cette mesure laisserait sans ressources » [5]. Il est pressenti comme candidat lors des élections à l’Assemblée nationale constituante. Le journal déclare qu’« il circule une [...] liste émanée, dit-on, des loges maçonniques, mais que nous croyons avoir été faite par l’école phalanstérienne, parce que la plupart des noms appartiennent à cette école, et que des socialistes populaires n’y ont été joints que pour servir de passeport aux autres » [6]. Son nom est cité avec ceux de Greppo, Joseph Benoit, Guillermain et Gabriel Charavay, « des républicains et des socialistes franchement populaires » [7]. Le nom d’Édant est finalement retiré des listes de candidats [8]. Présenté sur les listes du Censeur et du Club central comme Morellet et Morlon, il est élu conseiller municipal de Lyon en juin 1848 [9] et devient adjoint au maire. Il prend position contre le décret du gouvernement du 30 mai promulgué afin de substituer le travail à la tâche au travail à la journée dans les ateliers nationaux. Bien que le conseil municipal accepte cette substitution, Édant émet une critique de principe : le travail à la journée à le mérite de préserver le plus faible et d’empêcher « le plus fort d’absorber la portion du plus faible […]. Malheureusement, nous sommes placés dans une situation doublement difficile pour défendre ce principe. D’une part nous avons à administrer les fonds de la cité, et dans les circonstances présentes, il y a nécessité de les sauvegarder autant que possible ; d’autre part nous avons constaté à notre grand déplaisir que le travail a été si mal fait dans les chantiers nationaux, que chercher à le défendre serait se rendre complice d’une dilapidation des deniers publics » [10]. Il se démet de ses fonctions d’adjoint lors de la séance du 28 août 1848 [11].
En septembre 1848, il est élu conseiller général du Rhône. Le 5 décembre 1851, un mandat d’arrêt est lancé contre lui. Il est impliqué dans le mouvement associationniste lyonnais des années 1848-1851. Au début de l’année 1849, il participe à la fondation de l’Association démocratique des industries réunies. L’association a pour but l’achat et la confection, la vente et l’échange de tous objets quelconques, mobiliers ou immobiliers, travaux et industries en tous genres. Elle met en exploitation un café, dit « démocratique », 3, place du Perron, à Lyon et une boucherie 12, rue des Tables-Claudiennes.
Il est démis de son mandat de conseiller général le 26 février 1853 pour refus de prêter serment à l’empereur. Bien que retiré de la vie publique, il continue de militer dans les rangs républicains jusqu’à sa mort. Toujours négociant, il réside lors de son décès 14 rue du Trion à Lyon.
En 1865, un ami Armand Fraisse publie quelques-uns de ses écrits, Chansons et quatrains. C’est l’œuvre d’un « libre-penseur, franc-maçon » [12], homme aux « aspirations fraternelles [… à la] nature franche, ouverte et aimante » [13]. Mais aucun écrit à caractère politique n’est publié. Sa bibliothèque donne lieu à une vente publique [14].