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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Fèvre (rentier)
Article mis en ligne le 28 janvier 2016
dernière modification le 11 décembre 2023

par Sosnowski, Jean-Claude

Rentier à Paris. Caissier et correspondant de la maison rurale d’asile et d’apprentissage de Naintré (Saint-Benoît, Vienne) en 1846.

En mars 1846, Fèvre réside 6 rue de la Feuillade à Paris. Rentier [1], il est caissier et correspondant de la maison rurale d’asile et d’apprentissage pour les enfants pauvres, établie à Naintré (Saint-Benoît, Vienne) par Jouanne et Gauvain). Est-il la même personne que François-Auguste Fèvre joaillier puis rentier qui a connu Fourier ? Ne fait-il qu’une seule et même personne que l’orfèvre Fèvre, adhérent du groupe des Harmonistes de Jounin en 1843.

Il se fait le chantre du projet de maison rurale d’asile et d’apprentissage pour les enfants pauvres de Naintré dans la Correspondance des disciples de la science sociale et reçoit les souscriptions « pour le soutien et le développement » [2] de l’établissement. Alors que les appels à la souscription pour une réalisation lointaine ou les projets de réalisation partielle mais immédiate se multiplient, Fèvre, après Déchenaux, appelle

l’attention des Phalanstériens sur cette utile entreprise […]. M. Dechenaux propose de placer les premiers fonds de garantie sur l’Institution de Maintré [sic]. Rien en effet ne me paraît plus rationnel […] ; […] affectés immédiatement à des préparatifs matériels, comme achat du terrain, plantation de vergers etc., ils avanceraient d’autant la réalisation […] ; [...] ce n’est pas la réalisation d’un fonds de garantie qui produira des organisateurs ; mais des études pratiques effectuées sur le terrain même de l’expérimentation [3].

Ainsi même si les fondateurs de la maison d’asile et d’apprentissage de Naintré n’ont pas lié leur projet au nom de Fourier, il affirme les connaître

cependant assez pour les savoir disposés à expérimenter la théorie sériaire, dès que leur entreprise aura réalisé les conditions indispensables à cette expérimentation.

Il s’appuie même sur La Phalange, qui envisage une expérimentation sociétaire dans une colonie agricole existante, pour promouvoir le projet de Naintré :

Quelle est la colonie qui présenterait seulement le quart des dispositions aussi favorables que celle de Maintré [sic] ? Quel champ de manœuvre mieux disposé !

Il imagine déjà le futur phalanstère en cette localité qui

jouit d’un panorama charmant ; elle offre un gage de salubrité pour sa petite population, et un séjour agréable pour les coopérateurs qui plus tard, pourraient s’y retirer. Les terres sont légères, convenables à l’horticulture ; les habitans [sic] sont bienveillants, et toute facilité d’agrandissement ultérieur est assurée. […] Les partisans de Fourier jouissent tous d’une haute considération dans la ville.

Fèvre force même Jouanne et Gauvain à prendre ce risque. Tous les deux, écrit-il,

ne sauraient se refuser au facile essai de l’ordre sériaire. Ils ne le pourraient pas sans être inconséquents avec eux-mêmes. Les dispositions du mécanisme sériaire, qu’on les envisage sous n’importe quel point de vue, sont autant de bienfaits. Elles ont pour base la fusion des deux intérêts, collectif et individuel, résultat identique à celui que doit produire la bienfaisance unitaire qui […] remplira la condition de satisfaire les intérêts de chacun.

Fèvre voit dans le projet l’occasion de fonder une « école d’expérimentation ». Le projet offre toutes les garanties financières pour que le risque soit limité [4]. Avec enthousiasme, il proclame qu’

il y aurait même dans son échec, cela de profitable à l’école sociétaire, c’est qu’elle aurait servi d’apprentissage pratique à ceux qui auraient suivi ses développements. Favorisons donc autant que possible l’ascension de cette minime opération vers son apogée ; alors nous demanderons l’essai de l’industrie attrayante sur sa petite population enfantine. Une telle combinaison réunit au suprême degré toutes les conditions de sécurité [5].