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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

7-16
Introduction
La singulière actualité du fouriérisme sous la Deuxième République
Article mis en ligne le décembre 1999
dernière modification le 23 août 2017

par Bouchet, Thomas

« Harmonie ! ! »

« Bonheur assuré ! ! »

C’est à l’angle droit du dessin de Bertall, sur le stand où se tient Victor Considerant, que se détachent en lettres majuscules ces deux slogans [1]. Le chef de l’École sociétaire, « professeur de prothèse sociale », se démène pour attirer un public de badauds mi-curieux, mi-amusés. Deux maigres musiciens l’entourent. Il importe en effet de détourner les promeneurs des stands voisins : à la droite de Considerant, Proudhon vante son système ; le minuscule Louis Blanc gesticule un peu plus loin ; et, face au « fourrierorama », Étienne Cabet a déployé une carte d’Icarie. « Ces farces ne dureront pas longtemps... » conclut, hilare, un spectateur qui se détourne un instant de ces bateleurs grotesques.

Le caricaturiste traduit avec efficacité et talent dans sa « foire aux idées » (octobre 1848) une pensée aujourd’hui dominante sur la place des socialismes « utopiques » aux lendemains de la Révolution de Février. De fait, si l’on voulait montrer que les fouriéristes ne sont guère pris au sérieux au moment ou la France fait pour la deuxième fois de son histoire l’expérience de la République, les exemples ne manqueraient pas. Les dessinateurs d’alors aiment à croquer un Considerant pourvu d’une longue queue terminée par un œil, privilège des humains parvenus à l’état d’harmonie [2]. Les républicains au pouvoir ont tendance à voir en lui un faiseur de projets irréalistes : représentant du peuple à l’Assemblée nationale, c’est en vain qu’il propose la création d’un ministère du Progrès.

« Nous avons été unanimes, concluent les membres de la commission d’examen, pour reconnaître que les encouragements donnés aux progrès des arts et des sciences, sont une des choses les plus utiles à un grand peuple [...] Mais, pour combler cette lacune, faut-il créer un nouveau Ministère ? Votre Commission ne le pense pas, citoyens Représentants » [3].

Et lorsqu’un fouriériste se présente aux élections, c’est d’abord contre la curiosité moqueuse de ses concitoyens qu’il doit lutter. Allyre Bureau le sait bien, lui qui essuie les sarcasmes de tous ses détracteurs, dans la Marne en 1848, dans le Cher en 1850. La voici portraituré par exemple dans un journal de Bourges comme un « pauvre déprimé du cerveau, déplorable écrivassier de La Phalange, espèce de demi-animal parlant qui a le nez d’un silène, l’œil d’une génisse et le front d’une bécasse » [4].

Les fouriéristes amusent ; parfois aussi, ils inquiètent. Ils sont alors présentés comme des communistes, ennemis de l’ordre politique et social, adversaires farouches de la propriété. Il leur faut alors se défendre sur deux fronts. Ils ne sont, proclament-ils, ni de doux rêveurs ni des agents de la subversion révolutionnaire ; ils s’acharnent à montrer que leurs propositions ne sont ni absurdes ni dangereuses. Sont-ils seulement écoutés ?

Dès 1848 tend ainsi à s’imposer l’image aujourd’hui dominante d’un fouriérisme décalé par rapport aux véritables enjeux des années de Deuxième République. Leur pensée est qualifiée d’étrange, d’inassimilable, d’impraticable ; ils seraient, lors des semaines d’« illusion lyrique », ceux qui s’illusionneraient le plus ; ils resteraient à distance des aspirations populaires comme des stratégies de pouvoir ; la réalité des choses ne cesserait de démentir leur utopie.

Qu’on parcoure simplement, pour mesurer la force de cette interprétation, l’article « Considerant » du Grand dictionnaire universel du XIXe siècle  [5]. Rédigé dans les dernières années du Second Empire, il montre que la tendance à la dépréciation a pris racine. Le chef de file des fouriéristes, « aimable et brillant sectaire », n’inspire qu’une sympathie condescendante ; il ne manque certes ni de sincérité, ni d’ardeur, ni d’intelligence ; quant à son imagination, elle apparaît « trop riche, peut-être » ; et les caricatures qui le représentaient affublé d’un « appareil caudal, muni d’un œil » restent un sujet d’amusement. Considerant et des fouriéristes ont certes pris part à l’histoire de la Deuxième République. Mais si leurs actions méritent d’être rappelées, c’est parce que la plupart ont su, lorsque les enjeux étaient vitaux, « se ralli[er] sincèrement à la République et la défend[re] avec ardeur ». Ainsi ne commencent-ils à jouer un rôle qu’en cessant d’être fouriéristes.

À suivre les rédacteurs de l’article « Considerant », la question des relations entre fouriérisme, révolution et république n’a pas même lieu de se poser. Ainsi s’explique en partie l’absence de travaux consacrés à la question. Les pages écrites en 1933 par Jean-Marcel Jeanneney sur « les disciples de Fourier et la Révolution de 1848 » font à ce titre figure d’exception : grâce à l’aimable autorisation de leur auteur elles figurent sous une forme abrégée au sommaire de ces Cahiers. Certes, dans la série des petits livres consacrés en 1948 au centenaire de 1848, il en existe un qui s’intitule Les Fouriéristes et les luttes révolutionnaires de 1848 à 1851. Mais son auteur - Félix Armand - s’évertue à montrer que Considerant et les siens n’ont rien compris au sens de l’histoire, qu’ils restent en marge des combats qui comptent. Car « l’interprétation utopiste, qui était un progrès en 1800, devient réactionnaire en 1848 » [6]. Dévalorisation classique, en somme, selon un schéma téléologique. « Morte l’utopie, explique Félix Armand, le socialisme scientifique était né » [7].

Dans une série d’ouvrages qui abordent de près ou de loin 1848, il apparaît néanmoins que l’interprétation dominante n’est pas fondée. Voici par exemple les fouriéristes à Toulon, observés par Maurice Agulhon : ils forment un club phalanstérien aux lendemains de la Révolution de Février ; ils tiennent leur place dans les débats et les réflexions, de sorte que Le Démocrate du Var, journal politique avancé du département, finit par pencher pour un « socialisme de type fouriériste » entre 1849 et 1850 ; puis, de juin à décembre 1851, un « restaurant sociétaire » attire des ouvriers, des bourgeois et des officiers malgré de multiples entraves administratives [8].

Des travaux consacrés à Victor Considerant et à Allyre Bureau donnent des indications du même ordre : les chefs de l’École sociétaire réfléchissent et agissent. Le premier se jette « dans la mêlée » [9]. Il multiplie articles et ouvrages, organise la propagande, écrit et reçoit des centaines de lettres, s’exprime à l’Assemblée, prend position après juin 1848 ou en juin 1849 ; le second, outre ses candidatures malheureuses aux élections législatives, préside en alternance le Club des républicains-socialistes (1848), figure au Comité de la presse démocratique et sociale l’année suivante, maintient en vie La Démocratie pacifique après le départ de Considerant pour l’exil (juin 1849-novembre 1851) [10]. Et il faudrait ajouter à ces figures de proue une foule d’individus moins connus rencontrés dans le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français  [11]. Parmi les dizaines de phalanstériens engagés en 1848 et dont le dictionnaire nous fait apercevoir le profil fugace, voici simplement, à titre d’exemples, les premiers dans l’ordre alphabétique : « Amberger, enseignant, fouriériste, principal du collège de Thann (Haut-Rhin) », « proclam[ant] en pleine classe, le Nouveau régime établi en 1848 » ; Jean Augustin Barral, né à Metz en 1819, polytechnicien, ingénieur chimiste, rédacteur à La Démocratie pacifique, membre de la direction des Ateliers nationaux en 1848 [12] ; Frédéric Eugène Beley, professeur de mathématiques au collège de Montbéliard, dispensant en 1848 des « cours publics organisés par les phalanstériens de Montbéliard qui selon le procureur général de Besançon, réuniss[ent] entre 20 et 30 jeunes gens ».

Et puis il y a Marche. Charles Seignobos décrit ce « jeune ouvrier pâle, aux yeux bleus, armé d’un fusil », qui surgit le 25 février au milieu d’une réunion du Gouvernement provisoire ; c’est « l’incarnation mystérieuse du peuple vainqueur ». Il interrompt brusquement Lamartine (« Assez de phrases ! ») et il expose les revendications « d’un groupe très petit, le groupe fouriériste, qui profitait de l’avantage d’être en possession d’une formule et d’une doctrine ». Ce qu’il demande c’est le droit au travail, c’est l’organisation du travail [13].

Des écrits et des actes de fouriéristes émergent aussi çà et là dans les ouvrages ou les articles, indices d’une présence trop peu soulignée, pièces à ajouter à un puzzle très incomplet. En 1975, Henri Desroche cite dans La Société festive une série de projets de réalisation menés dans la France entière au début de la Deuxième République [14]. En 1981, Hartmut Stenzel analyse les discussions entre Proudhon et les fouriéristes (en particulier Considerant) entre 1842 et 1849 [15]. Bernard Moss rappelle en 1984 le rôle joué par Considerant lors de la tentative insurrectionnelle du 13 juin 1849 [16]. Marcel David évoque en 1992 le « Manifeste » de La Démocratie pacifique dans l’étude qu’il consacre à la question de la fraternité [17]. Mais le premier n’étudie pas les projets de 1848 pour eux-mêmes, le deuxième ne cache pas que son intérêt se porte prioritairement sur Proudhon [18], le troisième a tendance à décrire dans le droit fil des interprétations dominantes des « utopiens devenus républicains par le biais de la théorie sociale » [19], le quatrième ne consacre au fouriérisme que de courts et vagues développements.

Les auteurs des articles qui composent cette nouvelle livraison des Cahiers Charles Fourier montrent que le dossier valait la peine d’être ouvert [20]. Chacun à sa manière, ils signalent la singulière actualité du fouriérisme au cours les années riches et troublées de la Deuxième République. S’ils s’interrogent à leur tour sur les difficultés et les échecs des fouriéristes, ils savent aussi leur accorder toute l’attention qu’ils méritent. On ne saurait considérer le résultat de leurs recherches comme une première synthèse ; ils proposent plutôt une image renouvelée de la question, et ils ouvrent quantité de pistes. Qu’il suffise ici d’en présenter quelques-unes.

Considerant et les siens font une analyse saisissante de l’état de la vie politique et sociale au milieu du XIXe siècle. La Révolution de Février, pensent-ils, est l’effet de profonds déséquilibres. Elle survient dans un pays malade, engorgé, menacé d’étouffement. « On empoisonnait le pays ; le pays s’est débarrassé du poison par une crise. [...] Le sang s’est momentanément retiré aux entrailles ; il faut le rappeler aux extrémités et rétablir la circulation dans toutes ses veines » [21]. Les développements consacrés à cette question par Denis Burckel montrent la richesse des jugements fouriéristes. Puis, une fois la République installée, les membres de l’École sociétaire conservent un regard critique alors même qu’ils partagent l’enthousiasme ambiant. Considerant met en avant l’urgence d’une politique sociale ; il déplore le manque de lucidité des gouvernants et leurs difficultés à construire de véritables projets pour le présent et pour l’avenir. À la fin de l’année 1848, dans Le Socialisme devant le vieux monde, il émet un diagnostic dont Jonathan Beecher souligne tout l’intérêt ; il n’y ménage pas ses critiques à l’endroit de ceux qu’il considère comme des « morts » ; qu’on se reporte par exemple aux lignes écrites sur Adolphe Thiers, « âme sans boussole ».

Les fouriéristes ne restent pas dans un splendide isolement lorsqu’ils mettent la Révolution ou la République à l’épreuve. Ils ont la réputation de vivre et de penser en marge ; plusieurs articles du Cahier nous montrent au contraire qu’ils s’engagent dans les débats de l’époque. Considerant ne cesse de dialoguer, de confronter ses arguments avec d’autres, de polémiquer si nécessaire. La lecture de La Démocratie pacifique que propose Jean-Marcel Jeanneney ne laisse pas de doute à ce sujet. N’appelle-t-elle pas à l’union des socialistes au lendemain même des combats de Février [22] ? La manifestation des représentants de la gauche sur les boulevards, le 13 juin 1849, n’est-elle pas préparée dans ses locaux ? Les « regards croisés » avec les Icariens, mis en lumière par François Fourn, confirment ce souci de s’insérer dans les débats de l’heure. À une autre échelle, les fouriéristes s’impliquent dans le phénomène de « syncrétisme démocratique » que Michel Vernus repère dans les villes de Salins et d’Arbois.

Et les efforts de la propagande fouriériste après Février 1848 prennent tout leur sens.

« Formez immédiatement dans votre commune (si déjà ce n’est fait), un Comité électoral local et prenez pour drapeau notre Manifeste. Réimprimez sur-le-champ le présent supplément à la Démocratie Pacifique, tel qu’il est, sans en rien retrancher, ni le titre, ni ces instructions, mais en ajoutant ci-dessous la composition de votre noyau de comité local et son adresse. Faites-en, sans craindre les doubles emplois, une distribution abondante dans toute votre sphère d’activité communale, cantonale ou départementale, et provoquez, par masses, des adhésions autour de vous. Il faut que ce demi-numéro de la Démocratie soit instantanément répandu par centaines de mille exemplaires dans la France » [23].

Les fouriéristes sont de leur temps. Ils savent prendre la mesure des enjeux de 1848, et s’en expliquer. Car ils pensent à juste raison qu’ils ont leur mot à dire. Ils n’ont aucun mal à réaffirmer des principes auxquels ils ont intensément réfléchi dans les années 1840 [24]. D’où la prise en compte, dans la plupart des articles, de l’ensemble de ces années. Michèle Riot-Sarcey, par exemple, donne la mesure d’une pensée sociale longuement mûrie. Elle prouve que la position de Considerant sur la propriété est fondée sur une attention fine aux véritables enjeux du moment ; qu’elle correspond à une « demande sociale » pressante ; qu’il propose une articulation inédite entre droit naturel et liberté individuelle ; qu’il perçoit l’urgence de la question, si bien que dans sa perspective, les débats sur un suffrage universel débouchant sur une égalité plus formelle que réelle apparaissent seconds. Ainsi fait-il partie de ceux qui tentent de « donner un contenu à la République démocratique et sociale ».

Sur le statut du travail, sur le droit au travail, sur les vertus de l’association, sur les orientations à donner à l’activité économique, les positions fouriéristes méritent aussi une attention particulière. L’article de Denis Burckel, notamment, le souligne bien [25]. Or ce sont là des sujets brûlants tandis que se construit la République. Considerant et les fouriéristes qui l’entourent contribuent à leur donner vie sur la scène publique, que ce soit dans le groupe de réflexion sur la Constitution de 1848 - Considerant en est membre -, à l’Assemblée où ils forment un petit groupe, à la commission du Luxembourg, dans la presse, dans les réunions électorales et les banquets.

Tel serait en définitive le caractère de l’engagement fouriériste en république : une implication profonde dans les débats du moment, mais selon une démarche très originale. En 1848, les fouriéristes de la veille ne se muent pas en républicains du lendemain. Même s’ils savent prendre en compte les évolutions en cours, ils gardent leur identité. N’oublions pas, en effet, qu’ils sont a priori très éloignés des idées de révolution et de république - Denis Burkel le rappelle au début de son article. Ils n’ont pas oublié les diatribes radicales prononcées par Charles Fourier contre toute forme d’action politique ; nombre d’entre eux continuent à se méfier de cet univers largement imperméable à la science sociale ; ils rejettent toute idée de transformation par la violence et ils forment, affirment-ils, une École plutôt qu’un parti. Certes, ils ne restent pas tous fidèles à ces principes et certains d’entre eux évoluent vers d’autres pensées et d’autres pratiques. Il n’empêche qu’ils poursuivent en règle générale un but précis : ils estiment que la révolution et la république peuvent représenter une étape, à condition que les socialismes sachent s’unir : « Tous les socialistes ont un but commun : paix et bonheur pour l’humanité toute entière. Tous les socialistes ont une devise commune : Réalisation, Organisation de la fraternité universelle » [26]. C’est pourquoi il importe de distinguer les moyens et les fins. Considerant s’en explique après l’échec de juin 1849 : si la Constitution de 1848 avait réussi, « si l’on s’y fût loyalement rallié de toutes parts, la Révolution était finie, la paix faite, et l’œuvre réparatrice, l’œuvre de l’organisation et de l’édification pacifique de l’Ordre nouveau commençait » [27].

L’échec à peu près contemporain des républicains et des fouriéristes, entre 1848 et 1852, ne disqualifie ni les uns, ni les autres. Maurice Agulhon l’a montré pour les premiers [28] ; sur des bases différentes et à leur manière, les auteurs du présent Cahier tendent aussi à le prouver pour les seconds. Sous la plume de Jonathan Beecher, de François Fourn ou de Michèle Riot-Sarcey, Victor Considerant apparaît sous un jour nouveau ; la rédaction de La Démocratie pacifique également ; Victor Hennequin ou Henri Dameth, Orina ou Fontarive, Auguste Javel ou Max Buchon sortent de l’ombre. Vincent Robert, attentif à une « géographie de l’utopie », conclut que les fouriéristes ont su s’implanter dans le pays au cours des années 1840. D’une mise en relation avec une géographie icarienne, il déduit que les deux groupes sont à même de jouer en 1848, conjointement, un rôle de médiation en des lieux et à des moments de forte tension politique et sociale. Des logiques d’enracinement, des dynamiques à moyen ou long terme sont perceptibles. Elles reposent sur l’intelligence et la ténacité de membres très engagés, sur le contrôle de journaux, sur l’existence de pôles fédérateurs homogènes, souvent issus de la bourgeoisie de capacités (médecins, avocats, enseignants, ingénieurs, mais aussi officiers ou négociants). Ainsi devient-il possible de mesurer et de comprendre la diffusion géographique des idées phalanstériennes et leur implantation remarquable dans certaines régions de l’est de la France.

Sans doute aurait-il été souhaitable de prolonger la recherche. Le cadre général est fixé, plusieurs perspectives tracées, mais il subsiste de nombreuses zones d’ombre. Ce qui manque surtout, c’est une vision plus claire de l’activité multiforme des fouriéristes dans les années 1848-1851. Quel est leur rôle à la Commission du Luxembourg, au printemps 1848 ? En quoi consiste leur engagement clubiste [29] ? Qu’en est-il précisément de la commission « pour la propagation de la Science sociale » [30] ? Et du Congrès phalanstérien d’octobre 1848 [31] ? L’exemple du Jura incite à mener des recherches comparables là où une présence phalanstérienne notable est attestée (Haut-Rhin, Côte-d’Or, Rhône, Finistère...). Les deux articles fondés sur des comparaisons entre fouriéristes et icariens encouragent à examiner de près les liens avec Proudhon ou avec Louis Blanc. L’après-juin 1849 mérite une analyse approfondie car la réflexion et l’activité des fouriéristes se poursuivent malgré l’exil de Considerant et la désorganisation de l’École [32]. Il serait utile de s’interroger sur l’empreinte laissée par la Deuxième République dans les décennies suivantes de l’histoire du fouriérisme [33]. Par ailleurs, la lecture des articles qui composent ce numéro invite à décrypter une écriture fouriériste du réel : l’emploi si fréquent de métaphores géologiques ou biologiques par Considerant et son entourage est le signe d’une interprétation particulière des mouvements qui parcourent la société de leur temps. D’où deux perspectives complémentaires : un travail systématique sur les sources disponibles [34] ; un recours plus fréquent à des recherches de philosophie ou d’esthétique. Car il vaut la peine d’explorer plus avant et dans toutes les dimensions qui la composent cette histoire mise en miettes. S’interroger sur les liens entre fouriérisme et Deuxième République c’est une façon de ressaisir dans leur ardente actualité les questions de la révolution et de la république, celles aussi du socialisme et de la démocratie.


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