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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Montaut, Louis (Bernard Célestin)
Article mis en ligne le 15 juin 2016
dernière modification le 10 juin 2016

par Desmars, Bernard

Né le 27 août 1823, à Paris, décédé le 12 février 1899, à Paris. Ingénieur des ponts et chaussées. Député radical de Seine-et-Marne. Compagnon de route de l’École sociétaire dans les années 1890.

Fils d’un artiste peintre et graveur, Louis Montaut fait ses études au lycée Henri IV et suit des cours du Collège de France et de la Sorbonne ; il est titulaire de « grades universitaires dans les lettres et dans les sciences » [1].

Ingénieur, en France et en Egypte

En 1843, il entre à l’École polytechnique ; bien classé à sa sortie, il rejoint l’École des ponts et chaussées en 1846. Après des missions effectuées dans le Lot, au port de Marseille et en Algérie, il est nommé ingénieur ordinaire des ponts et chaussées (1849) dans les Hautes-Pyrénées (successivement à Tarbes et à Bagnères), dans l’Yonne (à Avallon et ensuite à Joigny).

En 1856, il est placé en congé illimité pour travailler aux études préparatoires, puis à l’exécution du canal de Suez, d’abord au service du vice-roi d’Égypte, puis à celui de la Compagnie universelle du Canal maritime de Suez fondée par Ferdinand de Lesseps. Pendant son séjour en Egypte, il se marie à Alexandrie, en 1860, avec Blanche Louise Marie Pelletier de Chambure, fille d’un capitaine d’artillerie devenu directeur de la Compagnie des services maritimes des messageries impériales de la France à Alexandrie (Égypte). Un fils naît en 1863. Tout en continuant à travailler pour le compte de la Compagnie de Suez, il exerce en 1860 et 1861 les fonctions de vice-consul à Damiette. Les procédés de la Compagnie lui déplaisent ; aussi, « ne voulant pas rester plus longtemps mêlé à une affaire qui ne [lui] paraît pas empreinte de toute la bonne foi indispensable », il donne sa démission et cesse ses fonctions en novembre 1861 ; il envoie en février 1862 un long rapport au ministre des Travaux publics dans lequel il décrit la façon dont se déroule l’opération et dont est traitée la main d’œuvre arabe ; il dénonce les malversations et l’incompétence de l’entreprise chargée des travaux. « Si le mode d’entreprise n’éprouve pas un changement complet et si M. de Lesseps n’abandonne pas sans retard un certain nombre de gens avides qui s’attachent à lui, l’œuvre qu’il a essayé de lancer […] est gravement compromise » [2].

Il rentre en France et réintègre le corps des ponts et chaussées ; en juillet 1862, il est affecté à la résidence de Figeac (Lot) où il s’occupe de la navigation et des chemins de fer ; il est ensuite muté dans l’Eure (1866). Décoré de la Légion d’honneur en 1868, il est nommé en 1869 en Seine-et-Marne.

En septembre 1870, après la chute de l’Empire et alors que les armées prussiennes s’approchent de Paris, il est élu chef de bataillon de la garde nationale à Coulommiers et se rend à Paris pour participer à la défense de la capitale ; puis il est nommé aide de camp du général Alphonse Tamisier (lui-même disciple de Fourier sous la monarchie de Juillet et représentant démocrate-socialiste du Jura sous la Seconde République), commandant supérieur des gardes nationales de la Seine. Tamisier démissionne début novembre, et Montaut s’engage dans le 9e régiment de Paris.

Il reprend ensuite ses fonctions au sein de l’administration des ponts et chaussées en Seine-et-Marne, à Coulommiers, ville dont il est conseiller municipal ; il est promu en 1874 ingénieur en chef à Moulins (Allier) et s’occupe à partir de 1875 du « service des embellissements de Vichy » ; « M. Montaut par son esprit conciliant, sa parole facile et son habitude des affaires administratives […] est parvenu aisément à établir dans le département de l’Allier les meilleurs rapports entre les ingénieurs, l’autorité préfectorale et le conseil général », ce dernier entretenant jusqu’alors des relations difficiles avec le service départemental des ponts et chaussées [3].

Il rejoint ensuite la Seine-et-Marne (1879) et Paris (1883) où il travaille aux chemins de fer. Les fiches rédigées par ses supérieurs dans les années 1880 soulignent son instruction et ses compétences, mais insistent sur son « caractère inégal et manquant de souplesse » et ses relations difficiles avec ses collègues et ses subordonnés. Il ne bénéficie que d’une « modeste aisance ». Il prend sa retraite en 1885 [4].

Député de Seine-et-Marne

Sitôt la fin de sa carrière professionnelle, il est candidat sur une liste radicale lors des élections législatives. Élu, il siège dans le groupe de la gauche radicale ; il est renouvelé dans ses fonctions parlementaires en 1889, en 1893 et en 1898. Il est très actif à la Chambre : il participe à de nombreuses commissions et rédige de nombreux rapports, en particulier sur les travaux publics et la construction de chemins de fer.

Ses engagements concernent aussi le féminisme et le pacifisme. Il fait partie des organisateurs du congrès féministe en 1892 [5]. En 1895, il est l’un des orateurs, avec Virginie Griess-Traut et Eugénie Potonié-Pierre, lors de la manifestation réunie à l’occasion de l’attribution du nom de Maria Deraismes à une rue de Paris ; en février 1896, il assiste à la cérémonie organisée au cimetière Montmartre pour l’anniversaire de la mort de Maria Deraismes [6].

A la fin des années 1880 et dans les années 1890, il est en relation régulière avec les dirigeants de l’École sociétaire, et tout d’abord avec Hippolyte Destrem, le directeur de l’organe La Rénovation. Il adhère à plusieurs associations crées par Destrem, telle « l’Association pour la solution pacifique des conflits sociaux, par la science, la concorde, le droit pour tous » [7]. Il transmet à la Chambre des députés des pétitions rédigées par Destrem et ses amis, comme la Pétition pour la réalisation pratique et légale du droit au Travail, qui ferait « disparaître du sein des sociétés humaines le fléau de l’indigence, des chômages, du salaire insuffisant et des angoisses pécuniaires de tout ordre » [8].

Il est invité au banquet du 7 avril 1897 organisé par les fouriéristes de l’École Sociétaire Expérimentale, mais ne peut y participer [9]. En 1899, La Rénovation, l’organe dirigé par Adolphe Alhaiza signale le décès de Montaut, « qui était sympathique à notre doctrine et qui fut l’ami d’Hippolyte Destrem » [10].