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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Job (de), Jean Gratien
Article mis en ligne le 24 janvier 2017
dernière modification le 26 mars 2017

par Desmars, Bernard

Né le 25 pluviôse an X (14 février 1802) à Noyers (Yonne), décédé à Paris (Seine), dans le 8e arrondissement, le 20 mars 1876. Ingénieur, puis inspecteur des ponts et chaussées. Saint-simonien. Abonné au Phalanstère.

Jean Gratien de Job [1] est le fils d’un médecin, officier de santé dans l’Yonne. En 1820, il entre à l’École polytechnique, avant de rejoindre l’École des ponts et chaussées. À sa sortie, il travaille d’abord au canal de Bourgogne, puis dans le Var, et ensuite au canal du Nivernais. Nommé aspirant en 1826, il devient ingénieur ordinaire en 1827 et est installé à Decize (Nièvre). En 1830, il se marie à Versailles avec la fille d’un avocat, Pauline Célestine de Noireterre. Six enfants naissent de cette union [2].

Au début des années 1830, il fait partie d’un petit groupe d’ingénieurs de la Nièvre et des environs, sensibilisés aux idées saint-simoniennes, même s’il garde une certaine indépendance : « je suis toujours un de vos zélés par conviction en attendant l’enthousiasme religieux », écrit-il aux dirigeants du mouvement [3]. Mais peu après, Didion le trouve, avec son collègue Lebasteur, « tout pénétrés de l’esprit religieux qu’ils avaient d’abord négligés » [4]. Cependant, Job se sent isolé quand il essaie de propager le saint-simonisme dans les localités où il travaille :

Je me suis mis dans une position assez fausse en prêchant vos doctrines, non pas à Decize parce que j’y reste à peu près constamment et qu’il m’est facile de répondre aux injures des journaux et aux frayeurs qu’ils tâchent d’inspirer contre vous, mais à Châtillon-en-Bazois où je m’arrête pour mes tournées du canal ; j’ai cru que je serais dévisagé [défiguré] ; j’avais parlé souvent des améliorations que vous proposiez ; à mon dernier voyage, après tous les discours de tribune et les invectives de la presse, vous et moi par suite nous étions presque des anthropophages. A Paris, vous recevez des injures en commun, vous êtes réunis, votre zèle se réchauffe entre vous ; puis vous êtes véritablement apôtres ; mais à Châtillon-en-Bazois, isolé, seul contre tous, j’ai été tenté à plusieurs reprises de garder le silence. Néanmoins, je n’ai pu résister au désir de vous justifier [5].

Job envoie cependant à Michel Chevalier les noms et adresses de plusieurs personnes afin qu’on leur envoie l’organe saint-simonien Le Globe  ; et avec son ami Lebasteur, il essaie d’introduire quelques articles sur la doctrine dans un hebdomadaire, La Petite ville, publié à Moulins-Engilbert (Nièvre). Mais l’évolution de l’Église saint-simonienne et les schismes qui l’affectent amènent l’ingénieur à prendre encore davantage de distance avec Enfantin et ses amis ; fin mai 1832, il sent son « zèle se refroidir » ; cependant, il prolonge son abonnement au Globe [6].

Le 6 juillet suivant, il écrit à la direction du Phalanstère, afin de recevoir le journal fouriériste pendant six mois ; il renouvelle son abonnement en janvier et en septembre 1833 ; mais dans sa correspondance, il ne dit rien de ce qu’il pense du journal ou de la doctrine et n’apporte aucune information sur ses éventuelles activités propagandistes. On ne le retrouve plus ensuite dans la documentation fouriériste. Mais il continue à correspondre avec les saint-simoniens Prosper Enfantin et Michel Chevalier [7].

Décoré de la Légion d’honneur (1837), il est muté à la résidence d’Agen et travaille à partir de 1838 au canal latéral de la Garonne [8] ; il est promu la même année ingénieur en chef ; il dirige notamment la construction du pont qui enjambe la Garonne à Agen. En 1842, il est chargé des études du chemin de fer de l’Océan à la Méditerranée ; il passe en 1846 au service d’une compagnie privée, la Compagnie des chemins de fer du Midi, pour s’occuper des travaux entre Bordeaux et Sète. En 1847, il réintègre l’administration publique dans le département de la Charente-Inférieure, où il est chargé des travaux maritimes et du canal de Niort à La Rochelle. Promu officier de la Légion d’honneur en 1850, il devient inspecteur divisionnaire des ponts et chaussées l’année suivante. En 1853, il retourne dans le secteur privé, pour diriger les travaux du Grand Central, fonctions qui cessent avec la fin de la compagnie en 1857.

Il retrouve sa situation d’inspecteur (il est passé inspecteur général en 1854), mais est « mis en disponibilité sans traitement pour défaut d’emploi » pendant trois ans. En 1860, il est chargé de l’inspection d’une division des ponts et chaussées, mais il ne parvient pas à obtenir sa promotion à la première classe. Il est mis à la retraite en 1867.