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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Duthoya (de Kerlavarec), Alexandre (Joseph Louis)
Article mis en ligne le 27 juillet 2017
dernière modification le 28 juillet 2017

par Desmars, Bernard

Né le 16 mai 1803 à Landerneau (Finistère), décédé le 27 octobre 1887 à Guingamp (Côtes-d’Armor). Négociant. Comptable et agent exécutif à Réunion (Texas). Reste en relation avec l’École sociétaire des années 1860 aux années 1880.

La famille des Duthoya fait partie à Landerneau des « juloded », cette « caste paysanne » constituée de paysans marchands que l’on trouve dans le Léon finistérien [1]. Pierre-Marie Duthoya, le père d’Alexandre, est lui-même qualifié de marchand lors de son mariage et de la naissance de son fils [2].

Quant à Alexandre Duthoya, on sait peu de choses sur les premières décennies de son existence. De la fin des années 1830 au début des années 1850, d’après les annuaires de commerce, il vit à Rouen, rue du Fardeau, puis rue du Lieu-de-Santé ; il figure dans les rubriques « négociant en rouennerie et article des manufactures de Rouen » et « commissionnaire maritime » [3]. Son entreprise commerciale aurait cependant fait faillite [4].

Colon à Réunion (Texas)

Il n’apparaît dans les archives sociétaires qu’au milieu des années 1850, dans le cadre de la colonie de Réunion formée au Texas à l’initiative de Victor Considerant. Il y exerce d’importantes responsabilités, en s’occupant d’abord de la comptabilité. D’où l’étonnement d’Auguste Savardan de voir cette tâche exercée par

un négociant qui, inconnu jusque-là dans l’École, avait, ainsi qu’il le racontait lui-même tout naïvement, terminé par une déconfiture sa carrière commerciale [5].

Puis, il devient agent exécutif intérimaire, en remplacement de François Cantagrel, démissionnaire en juillet 1856. Il est donc chargé d’administrer la colonie en relation avec les dirigeants de la Société européo-américaine de colonisation Allyre Bureau, Jean-Baptiste Godin et Ferdinand Guillon.

Certes, estime Savardan, « c’était un honnête homme, rempli de bonnes intentions », un « brave homme », mais largement soumis à l’influence du « maître d’hôtel [F.L. Willemet] [qui] fut pendant tout l’intérim le véritable directeur de la colonie, M. Duthoya n’osant pas contredire un homme violent » [6]. Et, toujours d’après Savardan, son bilan est catastrophique :

Les huit mois de son administration furent une faillite continuelle d’abord à la comptabilité, qui, sans contrôle, n’offre aucune garantie d’exactitude ; puis à l’ordre dans le mobilier, dans les dépenses et dans les travaux ; puis au ton de la colonie, dans laquelle les honnêtes gens, abandonnés, par un administrateur sans initiative et sans force, aux violences de quelques vauriens, furent obligés, suivant la méthode américaine, d’être continuellement armés et prêts à repousser les attaques dont ils étaient hautement menacés ; puis enfin à la considération générale qui fuit toujours, Dieu merci, l’orgueil incapable et désordonné [7].

Les travaux entrepris par la colonie sous la direction de Duthoya – une porcherie et un puits – sont onéreux et mal réalisés : la porcherie reste inachevée et, « lors de mon départ, son puits n’avait pas cessé d’être à sec », relate Savardan [8].

Soutien de la Librairie des sciences sociales

De retour en France, Duthoya s’installe d’abord à Paris, puis à Rouen, d’où il répond, en 1866, à une circulaire rédigée par François Barrier et Jean-Baptiste Noirot, incitant les fouriéristes à soutenir la Librairie des sciences sociales, centre de l’École sociétaire réorganisée. Il explique d’abord pourquoi il n’a pas répondu aux premiers appels :

je n’y ai rien vu qui ressemblât à un essai réel de reconstitution de l’École sociétaire. J’ai considéré votre librairie des sciences sociales comme un établissement purement individuel dans lequel le débit des œuvres de Fourier et de ses disciples comptait comme une chance de plus pour la réussite.

Il souhaite que le mouvement sociétaire parvienne à « se manifester par un organe de publicité, à défaut de réunions publiques où ses principes puissent être librement exposés et discutés. » Il promet, alors que le Centre projette de créer un périodique, de prendre une action et de s’abonner.

Le chiffre des souscriptions qui vous seront adressées permettra d’apprécier l’état actuel des esprits. J’ose espérer que quoique bien éprouvée dans son dévouement et amoindrie par les pertes qu’un long découragement et la mort a [sic] pu faire dans ses rangs, l’école fournira assez de souscriptions pour atteindre la somme que vous désirez [9].

Vers 1880, il s’installe à Guingamp, chez son frère cadet, Eugène, docteur en médecine. Le Centre parisien lui envoie encore en 1884 des circulaires concernant la Librairie des sciences sociales [10].