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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Rigaud, Henri (François) Xavier
Article mis en ligne le 27 août 2017

par Desmars, Bernard

Né le 2 décembre 1767 à Agde (Hérault), décédé le 26 mai 1836 à Pons (Charente-Inférieure, aujourd’hui Charente-Maritime). Négociant. Saint-simonien, puis fouriériste, abonné au Phalanstère et lecteur d’ouvrages sociétaires.

Henri-Xavier Rigaud est le fils d’un ingénieur de la marine. Pratiquant plusieurs langues, il voyage en Angleterre et en Allemagne [1]. Au moment de son mariage, en 1800, il est négociant à Montpellier. Il épouse Charlotte Broussard, la fille d’un négociant de Pons (Charente-Inférieure). Le couple séjourne ensuite dans la péninsule italienne ; un enfant, Adolphe, naît en 1804 à Naples [2].

Saint-simoniens, père et fils

Peut-être la famille s’installe-t-elle ensuite à Montpellier, où vivent les parents d’Henri Xavier. C’est en tout cas dans cette ville qu’Adolphe obtient son baccalauréat et commence des études de médecine. Puis Henri Xavier Rigaud et son épouse s’installent à Pons, tandis que leur fils termine ses études de médecine à Paris où il embrasse la cause saint-simonienne. Adolphe occupe une place importante au début des années 1830 au sein de l’Église saint-simonienne ; il s’occupe notamment de la propagande auprès des ouvriers parisiens ; puis à l’automne 1831, il effectue avec Édouard Charton la mission de l’Ouest qui séjourne notamment à La Rochelle et à Rochefort [3], avant de participer à la communauté de Ménilmontant.

Henri Xavier Rigaud, « converti par son fils à la foi nouvelle » [4], propose de mettre ses connaissances linguistiques au service de l’Église saint-simonienne pour l’aider à établir des relations avec l’étranger [5] ; il apporte aussi de l’argent au mouvement dirigé par Enfantin [6]. Malgré une santé précaire, il s’efforce de propager le saint-simonisme à Pons – où il envisage la création d’une Église saint-simonienne et obtient l’adhésion de son beau-frère Léon Beauvivier, ancien maire de la ville –, à Saintes et à Bordeaux. Il place des brochures dans une librairie, fréquente les cafés pour diffuser les idées saint-simoniennes, ce qui lui attire sarcasmes et calomnies [7].

Ses convictions saint-simoniennes sont alors solidement enracinées

J’ai de grandes obligations à mon fils de m’avoir fait connaître la loi divine du progrès […] doctrine qui m’a guéri du doute, ramené à Dieu, amené à le mieux connaître et à savoir le pratiquer [8].

En août 1832, les dirigeants saint-simoniens sont traduits devant la justice à Paris. Henri Xavier Rigaud assiste au procès. Michel Chevalier, dans sa défense désigne à l’attention de l’avocat général ce

vénérable vieillard de 65 ans, venu de plus de cent lieues pour voir son fils, et que vos bayonnettes [sic] ont empêché, lui infirme, d’arriver jusqu’à ce fils [9].

Adolphe Rigaud poursuit ensuite l’aventure saint-simonienne en partant pour l’Orient.

L’adhésion au fouriérisme

De son côté, Henri-Xavier Rigaud rejoint l’École sociétaire. Il est abonné au Phalanstère, mais se plaint de ne pas recevoir tous les numéros du périodique fouriériste. Il en avertit Abel Transon et Jules Lechevalier, aussi venus du saint-simonisme et qu’il connaît déjà ; ses démarches étant vaines, il contacte Nicolas Lemoyne, ingénieur des ponts-et-chaussées affecté au port de Rochefort, qui a aussi fréquenté le mouvement saint-simonien. Grâce à ces interventions, il reçoit quelques numéros qu’il dépose « dans l’intérêt de la propagation à Saintes et autres lieux pour l’intelligence de riches propriétaires » [10].

Par l’intermédiaire de Lemoyne, il recommande à la direction du Phalanstère « d’adresser le journal à Mr Dounous [d’Ounous d’Andurand], ex-député de l’Ariège et agronome distingué » [11]. En mai 1833, Rigaud écrit à la direction du Phalanstère [12] ; outre de nouvelles récriminations concernant les numéros du Phalanstère qu’il n’a pas reçus et dont il demande l’envoi, il envisage de « prendre pour [son] compte et celui de quelques amis » des actions de la société de Condé-sur-Vesgre. Il commande divers ouvrages : Les Dangers de la situation actuelle de la France, de Maurize ; la Théorie sociétaire de Charles Fourier, d’Abel Transon ; Les nouvelles transactions sociales, religieuses et scientifiques de Virtomnius, de Just Muiron. Et

si le Traité sociétaire par Victor Considerant] [le premier tome de Destinée sociale] est publié, vous le joindrez aussi à l’envoi. J’espère recevoir aussi les divers tableaux synoptiques, annonces, devis, dessins, modèles publiés au sujet du phalanstère, ainsi que ceux à paraître.

À l’automne 1833 ou au début de l’hiver, Rigaud se plaint encore auprès de Lemoyne de « n’avoir pas reçu le journal depuis quatre mois » et donc de ne pas disposer d’informations sur ce qui se passe à Condé-sur-Vesgre, et en particulier sur l’assemblée générale des actionnaires qui s’y est tenue le 22 septembre. Lemoyne ajoute :

Mr Rigault [sic] m’a d’ailleurs répété qu’il était disposé à s’abonner à toutes les publications phalanstériennes ; pour moi, je crois que vous ne devez pas désespérer de l’avoir même pour actionnaire. – Mais si vous ne donnez pas connaissance de la situation de notre société, il n’y a pas de zèle qui puisse y tenir [13].

Le Phalanstère cesse de paraître en février 1834. On ignore si Rigaud reste en relation avec Lemoyne et l’École sociétaire. Son fils, qui quitte ses compagnons saint-simoniens en Egypte et revient en France en 1834 s’installe auprès de ses parents et exerce la médecine à Pons, dont il devient maire en 1840.


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