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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Ernoult-Jottral, (Sébastien) Edmond
Article mis en ligne le 25 janvier 2018
dernière modification le 18 janvier 2018

par Desmars, Bernard

Né le 15 septembre 1815 à Rouen (alors Seine-Inférieure, aujourd’hui Seine-Maritime), décédé le 23 janvier 1879 à Rouen. Banquier. Membre de l’École sociétaire des années 1840 aux années 1870. Soutien de la Maison rurale d’expérimentation sociétaire de Ry.

Fils de Guillaume Sébastien Ernoult, banquier, et de Désirée Marie Jottral, Edmond Ernoult-Jottral est lui-même banquier à Rouen. Il se marie en 1842 avec Catherine Sophie Hain, dont les parents travaillent dans le commerce du textile. Son épouse décède en 1860. Le couple a une fille ; Lucie, qui épouse en 1868 Louis Le Poittevin, artiste peintre, cousin et ami de Guy de Maupassant. Ernoult-Jottral est membre résident de la Société libre d’émulation du commerce et de l’industrie de la Seine-Inférieure [1]. Il fait partie de la commission provisoire chargée de préparer l’organisation du cercle rouennais de la Ligue de l’enseignement à partir de 1866 [2]. Il est aussi vice-consul du Mecklembourg à Rouen à la fin des années 1850 et dans les années 1860 [3].

Disciple de Fourier

Dès les années 1840, il est membre de l’École sociétaire. Victor Hennequin, quand il passe à Rouen, en octobre 1846, le rencontre ainsi que deux autres disciples de Fourier. « Tous sont remplis de bonne volonté et se réunissent fréquemment » [4]. En 1861, Ernoult-Jottral correspond avec Just Muiron qui s’efforce alors de réorganiser le mouvement fouriériste [5]. On le retrouve aussi en 1864 et en 1866 dans les colonnes du Déiste rationnel et de La Renaissance, deux journaux publiés par l’ancien fouriériste Riche-Gardon, qui, en l’absence d’organe phalanstérien à ce moment, accueillent des textes de disciples de Fourier. Il signe, en compagnie d’un autre fouriériste, Larmache, un appel « aux hommes qui pensent que la lumière est préférable à l’obscurité et les lois providentielles supérieures aux lois humaines », en vue de la création d’une « Société internationale de découverte des lois de l’ordre universel » ; cette association devrait, en tenant compte « des connaissances actuelles », parvenir à une « synthèse des lois divines » ou « lois providentielles » qui gouvernent l’univers, et donc « la terre et l’humanité » ; « science, harmonie, bonheur ne nous sont possibles » que si ces lois sont connues et observées. Aujourd’hui, « parce que les savants et les moralistes ont négligé l’étude de ces lois », et « malgré les merveilleux progrès de la science et de l’industrie, […] le monde s’est trouvé abandonné aux entraînements d’une domination impie et d’un égoïsme anti-social, source de satiété pour les uns et de misère pour les autres, ne pouvant conduire personne au bonheur ». Il s’agit enfin de « ramener les doctrines les plus diverses à l’unité, caractère essentiel de la vérité » [6]. L’on ne dispose pas d’informations sur l’écho qu’a rencontré cet appel.

Ernoult-Jottral est mentionné parmi les participants au banquet fouriériste organisé à Paris le 7 avril 1869 ; il prononce un toast en faveur de l’unité du mouvement phalanstérien autour de la réalisation d’un essai sociétaire, dont il est un ardent partisan [7] ; il est encore présent le 7 avril 1873 [8]. Il est abonné au Bulletin du mouvement social et prend à sa charge les exemplaires envoyés à certains de ses amis, dont il espère qu’ils s’abonneront [9].

Vers 1875, il entre en contact avec Victor Considerant afin de reprendre la publication des manuscrits de Fourier, interrompue en 1859 en raison de la répression exercée par le régime impérial. Ce travail serait financé grâce au legs laissé par Florimond Boulanger ; cependant, l’entreprise n’aboutit pas [10].

Soutien de la Maison rurale de Ry

Partisan de l’essai sociétaire, Ernoult-Jottral fait partie des plus précoces et des « plus fervents coopérateurs » d’Adolphe Jouanne [11], qui, dans sa Maison rurale d’expérimentation sociétaire, à Ry (Seine-Inférieure, aujourd’hui Seine-Maritime), tente de mettre en œuvre les théories fouriéristes en matière éducative. Dès 1864, il apporte son soutien à cette entreprise et appelle ses condisciples à reprendre les plans élaborés dans les années 1830 et 1840 et conservés dans les archives de l’École : « les réunir, les étudier, les appliquer ne doit pas être impossible. Essayons-donc et commençons le plus vite et le plus sagement possible » [12].

Il incite ses condisciples à souscrire aux sociétés fondées par Jouanne pour édifier les bâtiments et assurer le fonctionnement de l’école [13] ; il propose en 1871 à Valère Faneau, puis en 1877 à Charles Limousin, Étienne Barat, Henri Couturier et Faustin Moigneu en 1877, de les accueillir à Rouen et de leur faire visiter la Maison rurale [14]. Il se charge de collecter les sommes envoyées pour cet établissement [15]. Après Jouanne, il est lui-même l’un des plus importants contributeurs financiers : il verse 1 600 francs en 1870, 1 000 francs en 1871, 1 500 francs en 1877 [16].

Cependant, son activité et celle de Jouanne se heurtent au scepticisme de nombreux disciples et à la défiance des autorités administratives de la Seine-Maritime. La Maison rurale est menacée de disparition, au moment du décès d’Ernoult-Jottral.