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ROUVILLOIS Frédéric : L’Utopie (2000)

Choix de textes, introduction, commentaire, vade mecum et bibliographie, Paris, Garnier-Flammarion, 2000, 255 p.

Article mis en ligne le décembre 2000
dernière modification le 3 avril 2007

par Ucciani, Louis

Dans une introduction claire et précise l’auteur présente les axes d’approche de l’utopie. Il rappelle la difficile définition, l’éclatement de sens qui la caractérise et le détournement polémique qui aboutit, par exemple en philosophie, à la définir comme un « idéal politique ou social séduisant, mais irréalisable, dans lequel on ne tient pas compte des faits réels », selon la notice du Vocabulaire de la philosophie de Lalande. Il retrace les démêlés avec le marxisme, il rappelle comment Marx et Engels dénoncent le socialisme utopique « incapable de percevoir le caractère essentiel de la lutte des classes et des conditions matérielles de l’émancipation prolétarienne » [12]. Dans le même temps ce socialisme utopique serait à considérer voie de l’erreur et de la méconnaissance : « Fourier, Owen, Cabet, ignorant le matérialisme historique, continuent à rêver la réalisation expérimentale de leurs utopies sociales », allant même jusqu’à solliciter les appuis de la bourgeoisie [12]. Cependant au-delà de cette péjoration de l’utopie subsiste la reconnaissance du lien : « Du fait de l’ambiguïté plus qu’à demi avouée du marxisme à l’égard de l’utopie, dont il se présente comme l’antithèse, mais aussi comme le successeur, reposant, suivant le mot d’Engels, « sur les épaules de Saint-Simon, de Fourier et d’Owen » (préface 1870 à La Guerre des paysans... » [13]. C’est avec Karl Mannheim (Idéologie et utopie - 1929) que l’on entendra le sens de l’utopie comme ce qui pense son décalage avec la réalité et non comme ce qui le subit : « Karl Mannheim va qualifier d’utopie tout état d’esprit en opposition avec « l’ordre social réellement existant et pratiqué ». En même temps c’est la reconnaissance de sa dimension subversive qui se précise (« Ainsi, contrairement à l’idéologie, acceptation conservatrice des valeurs dominantes, l’utopie serait-elle l’un des moteurs du mouvement historique, le matériel explosif... ») [ibid.].

Après avoir retracé un historique de l’utopie et en avoir tenté une typologie, l’auteur nous propose un choix de textes regroupés autour de quatre axes, 1) De l’espace clos à l’univers [More, Cloots, Hugo], 2) L’utopie comme système de règles [Guevara, Campanella, Cabet, Saint-Just...], 3) L’utopie figure de la perfection [Fourier, Bacon, Engels, Saint-Simon...] et, 4) Le paradis reconstruit [Abbé de Saint-Pierre et Zola].