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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Dulary, Paul (Michel)
Article mis en ligne le 4 décembre 2018

par Desmars, Bernard

Né le 21 mars 1835 à Condé-sur-Vesgre (alors en Seine-et-Oise ; aujourd’hui dans les Yvelines), décédé le 28 juillet 1891 à Samoreau (Seine-et-Marne). Propriétaire, agriculteur. Conseiller municipal de Samoreau. Membre de la société immobiiière de Condé-sur-Vesgre dans les années 1860 ; actionnaire de la société exploitant la Librairie des sciences sociales ; membre de la Ligue du progrès social.

Paul Dulary est le fils du médecin et député Alexandre Baudet-Dulary, qui met dans les années 1830 une partie de sa fortune au service de la cause sociétaire en fondant la colonie de Condé-sur-Vesgre [1]. Cet essai phalanstérien est un échec. Mais une partie du domaine reste entre des mains fouriéristes. En 1860, plusieurs phalanstériens, dont Joseph Pouliquen et Jean Foucault, y fondent un « Ménage sociétaire » ; Paul Dulary fait partie de l’association et exerce des responsabilités au sein du syndicat de la société civile immobilière de la colonie sociétaire [2]. Cependant, d’après les recensements, il demeure au domicile familial de la Chesnaie, et non à la colonie sociétaire.

Vers le milieu des années 1860, plusieurs fouriéristes dont François Barrier et Jean-Baptiste Noirot s’efforcent de réorganiser l’École sociétaire autour de la Librairie des sciences sociales. Une société en commandite est constituée en 1866. Paul Dulary entre dans le capital en 1869 ; il prend deux actions pour un montant total de 100 francs. Quand la société en commandite est transformée en société anonyme, dans l’hiver 1869-1870, il garde ses deux actions de 50 francs chacune [3].

Un nouveau périodique fouriériste, La Science sociale, est lancé en 1867 ; Paul Dulary s’y abonne [4]. En avril 1868, à l’occasion d’un banquet organisé à la colonie sociétaire, il lit une poésie du fouriériste Jean Journet [5]. Le 7 avril 1870, lors de la manifestation organisée à Paris par l’École sociétaire pour l’anniversaire de la naissance de Fourier, il prononce le toast suivant :

Nous sommes réunis par l’attrait d’une croyance, d’une aspiration commune, et aussi pour rendre hommage à Fourier, à qui nous devons de connaître la destinée de l’homme sur cette terre. […]

Nous qui croyons posséder cette vérité capable de transformer tant de misère en abondance et d’apporter à l’humanité le bonheur si ardemment souhaité, quel devoir plus sacré que de répandre notre conviction, de travailler à sa réalisation ? Nous ne possédons pas, il est vrai, de puissants moyens matériels […]

Songeons à un essai sociétaire, préparons-nous au dévouement dans le but de sa réussite ; voilà le plus bel hommage que nous puissions rendre à Fourier [6].

En 1872, il verse 50 francs pour la publication des États-Unis d’Europe, l’organe de la Ligue de la paix et de la liberté [7]. Il est encore recensé la même année à Condé-sur-Vesgre, où il vit avec sa mère et ses trois sœurs à la Chesnaie. Lors du recensement suivant, en 1876, il réside à Samoreau (Seine-et-Marne) ; il est alors marié avec Louise Moreau, originaire de Cherbourg. Il est généralement présenté dans les recensements en tant que propriétaire. Il entre bientôt au conseil municipal de Samoreau. Il y siège encore en 1891.

Il reste en relation avec l’École sociétaire. Dans les années 1870, il participe – ou se fait représenter par son père – à plusieurs assemblées générales de la société anonyme qui possède la Librairie des sciences sociales. Quand l’existence de cette société est menacée de liquidation, il verse une subvention afin de prolonger son existence [8]. Il s’abonne au Bulletin du mouvement social qui paraît à partir de 1872 [9]. Après la mort de son père en 1878, il hérite à la fois de ses dix actions dans la librairie et de ses parts dans l’Union agricole d’Afrique, une société fondée en 1845-1846 pour exploiter un domaine agricole selon des principes sociétaires en Algérie, mais en très mauvaise situation financière vers 1880 [10].

Vers 1885-1886, alors que la Librairie des sciences sociales a disparu et que le mouvement fouriériste semble voué à une rapide disparition, un nouveau groupe phalanstérien se constitue, sous la direction d’Étienne Barat, d’Hippolyte Destrem et de Jenny Fumet. Il lance un appel aux disciples de Fourier et prend le nom de Ligue du progrès social. Paul Dulary adhère à cette association [11], puis s’abonne à La Rénovation qui en est l’organe à partir de 1888 [12].

Son décès et ses obsèques sont signalés par le Bulletin mensuel de correspondance des groupes et adhérents fédérés publié par la Fédération française de la libre pensée [13].