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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Reynard, Joachim-Mathieu
Article mis en ligne le 27 septembre 2019

par Desmars, Bernard

Né le 20 mars 1842 à Ambert (Puy-de-Dôme), décédé le 5 avril 1934 à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). Garde forestier, puis conservateur des Eaux et Forêts. Abonné à La Rénovation et auteur d’articles sur Fourier et le fouriérisme.

Fils d’un garde général des forêts, Joachim Mathieu Reynard est admis en 1862 à l’École forestière de Nancy, dont il suit les cours pendant deux ans ; en 1864, il entre dans l’administration des Eaux et Forêts.

Garde forestier en métropole et en Algérie

Il occupe divers postes en métropole (Poligny dans le Jura ; Saint-Julien, en Haute-Savoie ; Chambéry, en Savoie ; Gannat dans l’Allier), avant d’être affecté en 1870 à Médéa (Algérie), comme garde général ; il est promu sous-inspecteur en 1874 ; en 1882, il est nommé inspecteur à Sétif avant de retourner, avec le même grade, à Médéa. Il fonde en 1882, avec le docteur Trolard, la Ligue du reboisement de l’Algérie ; cette association publie un Bulletin pour lequel il rédige de nombreux articles. Dans l’un d’eux, il examine les causes de la sécheresse dans une partie de l’Algérie, liée en partie au déboisement.

En dehors de cette cause importante, viennent s’ajouter les grandes causes générales, météorologiques ou peut-être même astronomiques. Pour les examiner, pour en tenir un compte exact, il faut attendre que l’homme ait pris possession complète du globe. Alors se posera pour l’humanité la question de ce qu’un grand génie, méconnu jadis, mais que l’avenir réhabilitera, Fourier, avait désigné sous le nom de culture intégrale et harmonique du globe. Il est incontestable, il est même incontesté, que chaque région réagit sur le monde entier. La science peut même affirmer aujourd’hui que l’homme considéré dans son ensemble pourrait presque modifier les différents climats [1].

Il dirige le Bulletin du comice agricole de Médéa, organisme dont il est le vice-président [2]. Il publie plusieurs ouvrages sur la situation forestière en Algérie.

Après un bref séjour à Bonneville (Haute-Savoie), il est nommé à Tlemcen (1887), puis à Bastia (1897). Ces activités lui valent d’être fait officier d’académie en 1883 ainsi que chevalier du mérite agricole (1888). En 1902, il est promu conservateur et admis à faire valoir ses droits à la retraite.

Reboisement et fouriérisme

Installé à Clermont-Ferrand, il continue à s’intéresser aux questions forestières. Il milite pour le reboisement du Massif central. Il tient de 1903 à 1933 dans Le Moniteur du Puy-de-Dôme une « causerie hebdomadaire » consacrée aux arbres et à la sylviculture ; il fonde en 1904 la Société des Amis des Arbres d’Auvergne et du Plateau central dont il est le secrétaire général jusqu’à sa mort. Dans ses conférences, dans ses interventions lors de congrès ou dans ses publications, il milite pour un meilleur entretien des forêts. Il stimule la formation de pépinières et de sociétés scolaires forestières. Il continue à s’intéresser à la situation des forêts en l’Algérie et collabore aux Nouvelles d’Alger.

Alors qu’il n’apparaît pas avant 1900 dans les archives sociétaires, il entretient vers 1902-1903 des relations avec le groupe fouriériste dirigé par Adolphe Alhaiza ; il s’abonne à La Rénovation qui reproduit des extraits de ses lettres. Dans l’une d’elles, envoyée à propos d’un débat sur « la nationalisation du sol » qui se déroule dans les colonnes du périodique fouriériste, il écrit :

vous ne serez pas étonné que, comme forestier et comme phalanstérien, je suis un ardent partisan de la nationalisation du sol de toutes les forêts d’intérêt public. Et, par nationalisation, j’entends la possession par un propriétaire perpétuel tel que l’État, la Commune ou toute association à durée illimitée.

Cette nationalisation doit assurer une meilleure conservation du patrimoine forestier. Mais ajoute-t-il, il faut envisager le problème de façon plus large,

tel que le Maître l’avait posé à chaque page de son œuvre géniale : c’est la restauration de climats qu’il faut rechercher et non simplement celle des terrains de montagne : il faut refaire les saisons qui ne sont plus que des caricatures, selon l’énergique expression de Fourier [3].

Il revient sur le même thème dans un article plus développé publié dans La Rénovation en octobre 1902 ; il souligne l’ampleur de la pensée de Fourier ; « on peut dire que depuis près d’un siècle, toutes les nouvelles pensées sociales sont imprégnées de l’idée fouriériste ». Il cite également des passages de la Théorie des quatre mouvements et d’un article paru dans Le Phalanstère concernant les effets du déboisement sur les climats ; favorable à la « nationalisation des forêts » par l’État, il envisage aussi qu’elles soient confiées à des associations afin d’assurer leur conservation.

Et puissions-nous contribuer ainsi à ouvrir la voie qui conduira l’humanité au garantisme et à l’harmonie de Fourier [4].

En 1903, dans un autre article consacré à la nationalisation des forêts et à ses dimensions juridiques et fiscales, il précise :

J’entends la possession du sol des forêts d’utilité publique par un propriétaire perpétuel : l’État, la commune ou toute association à durée illimitée, dont chaque membre conserve sa liberté d’homme et de citoyen » [5].

Son adhésion au fouriérisme se manifeste également dans Les Nouvelles d’Alger. Il y publie en 1903 un article intitulé « Les amis des arbres et Fourier », qui commence ainsi :

Fourier écrivait, au commencement du siècle dernier :

« Chaque génération verra un mieux très sensible dans ses climatures, grâce à la propriété qu’a l’association de reboiser les montagnes, distribuer judicieusement les eaux et forêts, les étangs d’irrigation et toutes les lumières de culture ».

En France, on a méconnu longtemps cette parole prophétique qui devançait les découvertes des savants, des forestiers et des économistes.

Reynard relève ensuite que, ni « l’initiative isolée de l’individu », ni l’État n’ont réalisé le reboisement.

Quant au climat, on peut le considérer d’un mot emprunté aussi à Fourier : les saisons ne sont plus que des caricatures ! […] [6].

« Cependant l’idée de Fourier courait le monde », ajoute Reynard, ce qui, à le lire, se serait traduit par l’institution en avril 1872 du « jour de l’arbre » (Arbor Day) à Omaha (Nebraska) afin de stimuler la reconstitution des forêts. Le reste de l’article est consacré à la diffusion de cette journée aux États-Unis, puis au Canada, et bientôt en Europe avec la création de la Société des amis des arbres et la célébration de la « fête des arbres » [7]. L’essentiel de l’article encourage ses lecteurs à rejoindre ce mouvement :

Ils trouvaient dans cette noble tâche la satisfaction de cet amour de l’humanité qui guide tout cœur élevé, et que, dans sa merveilleuse synthèse de l’Univers, Fourier appelait la passion de l’Unitéisme [8].

Reynard réunit en 1904 certains de ses articles parus dans Les Nouvelles d’Alger et La Rénovation ainsi que le texte d’une conférence prononcée sous les auspices de la Ligue du reboisement en Algérie dans un recueil intitulé L’Arbre. Dans l’introduction rédigée à l’occasion de cette édition, il relie la protection des arbres et le solidarisme :

La conservation des bois et forêts, qui assurent l’équilibre climatérique du milieu social, est une application primordiale du principe de la dette sociale, si bien défini juridiquement par M. Léon Bourgeois dans son beau livre de Solidarité. Lorsque nos ancêtres nous lèguent un climat parfait, notre premier devoir est de le transmettre sans altération à nos descendants. Mais s’il a été détérioré par des déboisements exagérés, nous ne sommes pas libérés de la dette sociale avant de l’avoir rétabli par une reforestation appropriée. Chacun de nous doit à la société la réparation de nos propres fautes ou de celles de nos pères, de même que nos enfants en restent responsables, d’après la loi de solidarité qui lie toutes les générations humaines [9].

Officier du mérite agricole en 1908, il est décoré de la Légion d’honneur en 1921 ; il est aussi secrétaire-administrateur de la Société d’horticulture et de viticulture du Puy-de-Dôme.

Le député du Puy-de-Dôme Eugène Roy, le rédacteur en chef du Moniteur du Puy-de-Dôme et un inspecteur forestier lui rendent hommage lors de ses obsèques [10].


Aphorisme du jour :
Les sectes suffisent à elles seules à guider la politique humaine dans le labyrinthe des passions
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