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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Mazure, Emmanuel
Article mis en ligne le 12 juillet 2020
dernière modification le 17 janvier 2023

par Sosnowski, Jean-Claude

Cultivateur. Membre de la colonie phalanstérienne du Sahy (São Francisco do Sul, Santa Catarina, Brésil).

Selon l’auteur de la lettre témoignage sur le phalanstère du Sahy dirigé par Benoît Mure, publiée en 1842 et intitulé Phalanstère du Brésil. Voyage dans l’Amérique méridionale [1], Mazure est

chef d’un groupe d’agriculture qui a défriché cinq ou six hectares [2]

à proximité de la rivière du petit Sahy sur lequel des travaux ont commencé pour élever une digue afin de rendre la rivière navigable.
Mazure s’illustre également par ses talents de chanteur rendant le travail attrayant. « Un joyeux chant arriva vers moi, et plus curieuse d’impressions morales, que de considérations industrielles, j’oubliai l’écluse et le barrage pour écouter la chanson imitée de Béranger […] dont les sentimens étaient si bien en harmonie avec les lieux, les habitans et le but qu’on y poursuit » :

Ô Béranger, dont l’accent prophétique
Nous annonça l’avenir tant de fois,
Et nous a dit la grande république
Faisant l’aumône au dernier de ses rois
Pardonne-moi, si ma muse plus sage
Rêvant aussi la chûte [sic] du passé
Du phalanstère en ses vers peint l’image
Faisant l’aumône (BIS) au vieux civilisé.

Par un beau jour de dix-huit cents [sic] soixante
Le phalanstère étalait au Sahy,
Des travailleurs la cohorte brillante
Et séduisant le regard ébahi.
Quand de vieillards une foule débile
Par la misère et le chagrin brisés
Vient à sa porte implorer un asyle [sic]
Et le pardon (BIS) pour les civilisés.

Au premier rang, d’une voix grave et fière
Parle d’abord un pauvre et vieux soldat,
Qui sans remords a dévasté la terre,
Et triomphé sans enrichir l’État.
Maudit le fer qui ravage et tue,
Quand de besoins l’homme est martyrisé,
Je viens, Fourier, embrasser ta statue,
Je ne veux plus (BIS) être civilisé.

Bientôt après désertant le prétoire
Qu’il remplissait de sa criarde voix,
L’air humble et doux, un homme en robe noire
Proclame enfin la plus sage des lois.
Ah ! de bonheur, quand tout homme s’enivre,
Je le comprends, l’accord en est aisé.
Oui, sans plaider l’humanité peut vivre
Faites l’aumône (BIS) au vieux civilisé.

Au procureur succède un moraliste,
Grand professeur, nommé par l’Institut,
Qui dix-huit ans, orateur et légiste,
Fut un grand homme et jamais ne se tut.
Quoi qu’un peu tard resté seul dans sa chaire
Notre recteur s’est enfin ravisé,
Je prêcherai, messieurs, le phalanstère,
Ayez pitié (BIS) d’un vieux civilisé.

Mais toi, pourquoi détournes-tu la face,
Toi qui prêchais, quoique tiède et sans foi
Approche aussi, va Fourier te fait grâce,
Et ses bienfaits s’étendent jusqu’à toi,
Sans ton secours et malgré toi peut-être,
Il voit son œuvre enfin réalisé,
Trois fois saint Pierre a renié son maître,
Reviens à nous (BIS) pauvre civilisé.

Organisons librement la série,
Je viens ici désormais sans détour,
Suivant les lois de la sainte harmonie
Être disciple et maître tour-à-tour,
Ouvrez-vous donc, portes du phalanstère ;
C’est Enfantin, dont l’orgueil est brisé,
C’est Enfantin qui vous fait la prière
De n’être pas (BIS) le seul civilisé.

Ah ! Venez tous, venez fils du vieux monde,
Venez à nous, nos bras vous sont ouverts,
Et de Fourier la doctrine féconde
Sans nul effort embrasse l’univers.
D’un pôle à l’autre, une même patrie
Remplir d’amours les cœurs électrisés,
Plus de discords [sic], le groupe et la série
Ont entraîné (BIS) tous les civilisés [3].


Mais l’enthousiasme ne perdure pas. Mazure quitte la colonie un an plus tard, en août 1843 à bord du Sahy. Il débarque à Rio de Janeiro le 16 août 1843 [4]. Il accompagne Benoît Mure, sa femme, une nièce et une femme de chambre.