Né à Paris (Seine) avant le 6 janvier 1807. Décédé à Rio de Janeiro (Brésil) le 18 octobre 1863. Ouvrier menuisier. Responsable de la conservation des forêts du prince de Joinville à Santa Catarina (Brésil). Membre de la colonie du Palmital (Brésil).
Raymond Nénévé est le fils de Joseph Nénévé et de Louise Elisabeth Debillat. Le 5 janvier 1831, alors qu’il souhaite se marier, il réclame un certificat de non naturalisation pour lui et son père né en « Grèce-Moldave » [1]. Il donne alors pour adresse le 9 rue de la Ferronnerie à Paris. Il épouse Marie Anne Victoire Vechy, ouvrière en corsets le 15 janvier 1831. Il est dit menuisier résidant 9 Charnier des Innocents [2]. Raymond Nénévé se remarie avec Mathilde Félicité Zani. Une fille Hélène Louise naît de cette union le 28 octobre 1836, à Paris (6e arrondissement) [3].
Toujours menuisier au 44 rue Saint-Denis à Paris, âgé de 30 ans, il appartient au groupe d’individus arrêtés suite à l’attentat perpétré par l’ouvrier sellier Pierre-François Meunier le 27 décembre 1836 contre le roi Louis-Philippe et ses deux fils aînés [4]. Le chef d’inculpation concerne la participation à un banquet politique tenu le 11 décembre 1836 [5]. Il est condamné à six jours de détention dans le cadre de cette affaire concernant la Société des Saisons, société révolutionnaire, républicaine et démocratique, de tendances socialistes dirigée par Auguste Blanqui. Mais faute d’avoir réglé les frais d’amende et de procès, en juillet 1837, comme les autres prévenus, il est condamné à dix-huit mois de prison [6].
Raymond Névéné est un des colons de la colonie phalanstérienne du Palmital dirigée par Michel Derrion [7]. Après s’être retrouvés le 10 octobre 1843, lors d’un banquet de célébration de l’anniversaire de la mort de Charles Fourier, les colons du Palmital et du Sahy se réunissent sous la houlette de Michel Derrion à la suite d’un accord passé avec Benoît Mure en mars 1844 (la colonie du Sahy ne compte alors plus que quatre colons). Le 15 août 1844 est créée la « Société industrielle du Sahy » composée de vingt-quatre colons dont onze hommes parmi lesquels Raymond Névéné, son épouse et deux enfants, un fils de trois ans, une fille de deux ans [8]. Les colons réunis s’installent alors sur un terrain, « les Lymbes » acheté à son arrivée par Benoît Mure au bord de la baie à proximité de la maison Picot, baptisée ainsi en l’honneur du directeur du Jornal do commercio (Rio de Janeiro) soutien du projet de colonisation. Névéné et sa famille y vivent en communauté avec celles de Michel Derrion et de Charles Leclerc ainsi qu’avec quatre autres colons. À proximité de cette maison commune rudimentaire couverte de paille, est installée une scierie mécanique.
Raymond Nénévé fait le voyage pour Rio de Janeiro où il arrive à bord du Nova Telles le 7 septembre 1846 [9]. Cependant, il retourne à São Francisco do Sahy. Il y est nommé responsable de la conservation des forêts que le prince de Joinville possède dans la province de Santa Catarina [10]. La famille s’est agrandie ; deux autres garçons sont nés selon un rapport d’août 1847 [11]. Raymond Nénévé est devenu agriculteur. En 1848, il héberge la fille de la concubine de Benoît Mure. Ce dernier est accusé de manière fallacieuse par un médecin allopathe, Ludgero da Rocha Ferreira Lapa d’avoir occasionné la mort violente de la fille de sa compagne [12]. La famille Nénévé est proche d’une autre famille de colons, les Ledoux qui se sont opposés à Benoît Mure et se sont installés à la Vila da Glória, dans la péninsule du Sahy. Joséphine Nénévé [13] est marraine de Jorge Ledoux [14], fils de Léon Ledoux et Rose Guézard arrivés à Rio de Janeiro le 18 avril 1842 à bord de La Neustrie avec un autre groupe de phalanstériens [15].
Raymond Nénévé revient à Rio de Janeiro le 8 août 1861 à bord du paquebot à vapeur Cardoso en provenance de la province de Santa Catarina [16]. Il déclare posséder des terres dans la province de Santa Catarina à Sahy et souhaite obtenir les titres de propriété du bien qu’il a valorisé depuis vingt ans [17].
Après son décès, la famille continue d’entretenir des liens avec la France. Hélène Nenevé embarque à Bordeaux pour Rio de Janeiro le 25 janvier 1869 [18] mais revient en France ; le 13 mai 1869, elle est parmi les passagers embarqués pour le Havre [19]. Elle est commerçante demeurant 27 rue de la Villette à Paris. Le 2 décembre 1869, elle épouse à Paris, Cyrille Ernest Bienfait, artiste dramatique. Sa mère Mathilde Félicité Zani, lingère, assiste au mariage. Le 27 novembre 1869, c’est Alexandre Nénevé et « un frère » qui arrivent à Rio de Janeiro à bord du Subtil [20]. La famille s’est donc agrandie. (Luiz) Alexandre Neneve embarque avec ce frère sur le brick, Norma, le 3 septembre 1870 en partance pour Rio da Prata par Rio de São Francisco [21]. Enfin, en septembre 1871, la famille Nénévé contribue pour un montant de mille réaux [22] à une souscription en faveur de Pie IX dont les États ont été annexés par le Royaume d’Italie.
[1] Archives nationales, BB/11/314/A, Dossiers de demandes : naturalisations, …, dossier n°6413 B7, Nénévé Joseph et Nénévé Raymond, 7 janvier 1831.
[2] Archives municipales de Paris, état civil reconstitué, actes de l’état civil reconstitué (naissances et mariages) 5Mi1 2062 acte de mariage du 15 janvier 1831, vue 46/51.
[3] Archives municipales de Paris, V4E 2356 , registre des mariages du 19e arrondissement, acte de mariage n° 899 entre Cyrille Ernest Bienfait et Hélène Louise Nénévé du 2 décembre 1869.
[4] Le Figaro, 6 janvier 1837, p. 19.
[5] Le Courrier français, 10 juin 1837, p. 4.
[6] « Nénève » Le Maitron, Dictionnaire biographique, mouvement ouvrier, mouvement social (en ligne sur le Maitron).
[7] Son nom n’est pas cité parmi les 16 colons composant la colonie du Sahy dirigée par Charles Leclerc au départ de Benoît Mure. Laurent Vidal, Ils ont rêvé d’un autre monde, Paris, Flammarion, 2014, p. 254.
[8] Laurent Vidal, op. cit., p. 263 d’après la « Lettre de Derrion au président de la Province de Santa Catarina », 30 décembre 1844 (Archives historiques de Joinville – Coleçáo Carlos Ficker). Hélène Louise Nénévé ne résiderait donc pas avec ses parents.
[9] « Movimento do porto », Gazeta Official do Imperio do Brazil, 9 septembre 1846, p. 4.
[10] Jornal do Commercio (RJ), 13 octobre 1848, p. 2, « O Archivo medico brazileiro »
[11] Laurent Vidal, opus cité, Paris, Flammarion, 2014, p. 324, d’après « Lettre de la chambre municipale de Sáo Francisco do Sul au président de la province de Santa Catarina », 29 août 1847 (Archives historiques de Joinville – Coleçáo Carlos Ficker).
[12] João Vicente Martins, « O Archivo medico brazileiro », Jornal do Commercio (RJ), 13 octobre 1848, p. 2.
[13] Nous ne connaissons pas le lien familial qu’elle peut avoir avec Raymond Nénévé.
[14] Laurent Vidal, opus cité, note 3, p. 374-375, d’après « Baptême de Jorge Ledoux », Archives du Centre diocésain pastoral (Joinville), Registro de Baptismo, Livro X, 7 avril 1849.
[15] Laurent Vidal, opus cité, p. 226, d’après « Rôle d’équipage de la Neustrie » (Archives départementales de Seine-Maritime, 6P6/109/266).
[16] Jornal do Commercio (RJ), 9 août 1861, p. 3.
[17] Boletim do Expediente do Governo : Ministerio do Imperio, octobre 1861, Rio de Janeiro, Typographia Imperial e Constitucional de J. Villeneuve, 1861, p. 68. O Correio Official da Santa Catharina, 10 octobre 1861, p. 1
[18] Selon le dépouillement effectué sur le site Les visas en Bordelais. L’émigration au départ de Bordeaux au cours du 19e siècle d’après le « Registre des sorties des navires du port de Bordeaux », Archives départementales de la Gironde, cote 8M267 (1866-1870).
[19] Jornal do Commercio (RJ), 14 mai 1869, p. 3.
[20] Diário do Rio de Janeiro, 28 novembre 1869, p. 3.
[21] « Movimento do porto », Jornal do Commercio (RJ), 4 novembre 1870, p. 3.
[22] « Donativos para o Santo Padre », O Apostolo, Periodico consagrado aos interesses da religião e da sociedade (RJ), 17 septembre 1871, p. 7.
Sources
Archives nationales, BB/11/314/A, Dossiers de demandes : naturalisations, admissions à domicile, réintégrations dans la qualité de français, autorisations de servir ou de se faire naturaliser à l’étranger, changements de nom, dispenses pour mariage, majorats, dotations, armoiries : Dossier n°6413 B7, Nénévé Joseph et Nénévé Raymond, 7 janvier 1831.
Archives municipales de Paris, état civil reconstitué, V3E/M 757 fichier des mariages Nelis (1811) Nenot (1845) (en ligne sur le site des Archives de Paris, vues 41/50).
Archives municipales de Paris, état civil reconstitué, actes de l’état civil reconstitué (naissances et mariages) 5Mi1 2062 acte de mariage du 15 janvier 1831, (en ligne sur le site des Archives de Paris, vue 46/51).
Archives municipales de Paris, V4E 2356 , registre des mariages du 19e arrondissement, acte de mariage n° 899 entre Cyrille Ernest Bienfait et Hélène Louise Nénévé du 2 décembre 1869 (en ligne sur le site des Archives de Paris, vue 8/31).
Le Figaro, 6 janvier 1837, p. 19 (en ligne sur Gallica).
Le Courrier français, 22 janvier 1837, p. (en ligne sur Gallica) ; 10 juin 1837, p. 4 (en ligne sur Gallica).
Journal des débats politiques et littéraires, 10 juin 1837, p. 2 (en ligne sur Gallica).
La Presse, 11 juin 1837, p. 3 (en ligne sur Gallica).
La Gazette des tribunaux, 10 juin 1837 (en ligne sur le site de l’ENAP).
« Movimento do porto », Gazeta Official do Imperio do Brazil, 9 septembre 1846, p. 4 (en ligne sur Biblioteca Nacional Digital Brasil).
Jornal do Commercio (RJ), 13 octobre 1848, p. 2, « O Archivo medico brazileiro » (en ligne sur Biblioteca Nacional Digital Brasil) ; « Movimento do porto », 9 août 1861, p. 3 (en ligne sur Biblioteca Nacional Digital Brasil) ; « Movimento do porto », 14 mai 1869, p. 3 (en ligne sur Biblioteca Nacional Digital Brasil) ; « Movimento do porto », 4 novembre 1870, p. 3 (en ligne sur Biblioteca Nacional Digital Brasil).
Boletim do Expediente do Governo : Ministerio do Imperio, octobre 1861, Rio de Janeiro, Typographia Imperial e Constitucional de J. Villeneuve, 1861 (en ligne sur Biblioteca Nacional Digital Brasil, vue 68).
O Correio Official da Santa Catharina, 10 octobre 1861, p. 1 (en ligne sur Biblioteca Nacional Digital Brasil).
« Movimento do porto », Diário do Rio de Janeiro, 28 novembre 1869, p. 3 (en ligne sur Biblioteca Nacional Digital Brasil).
« Donativos para o Santo Padre », O Apostolo, Periodico consagrado aos interesses da religião e da sociedade (RJ), 17 septembre 1871, p. 7 (en ligne sur Biblioteca Nacional Digital Brasil).
Bibliographie
« Nénève » Le Maitron, Dictionnaire biographique, mouvement ouvrier, mouvement social (en ligne sur le Maitron).
Laurent Vidal, Ils ont rêvé d’un autre monde, Paris, Flammarion, 2014, p. 226, p. 263, pp. 324-326, note 3, p. 374-375.
Sitographie
Les visas en Bordelais. L’émigration au départ de Bordeaux au cours du 19e siècle, base passagers (Recherche NENEVE), en ligne : https://www.visasenbordelais.fr/passagers.php).
.
.
.