Bandeau
charlesfourier.fr
Slogan du site

Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Derriey, Louis Adolphe
Article mis en ligne le 26 février 2022
dernière modification le 27 février 2022

par Desmars, Bernard

Né à Dole (Jura) le 10 septembre 1803. Chirurgien aide-major, puis propriétaire, maire d’Archelange, président de la Société d’agriculture de Dole, élu député à l’Assemblée législative en 1849. Membre de l’Union harmonienne. Contribue à la création de L’Écho du Jura, d’orientation fouriériste.

Louis Adolphe Derriey est le fils d’un médecin exerçant à Dole [1]. Lui-même, dans les années 1820 est « chirurgien sous-aide major » ; en 1829, il est à l’hôpital militaire de Maubeuge [2]. L’année suivante, il participe à l’expédition d’Alger [3]. Il est chirurgien aide-major en garnison à Poitiers, lorsqu’il se marie en 1832 avec Anne Stéphanie Catineau, la fille d’un imprimeur-libraire décédé deux ans plus tôt, et la sœur du fouriériste Pierre-Henri Catineau, officier d’artillerie.

Vers le milieu des années 1830, il se met en disponibilité de l’armée [4]. Il s’installe à Archelange (Jura) avec son épouse, qui décède en septembre 1836. Il est reçu membre de la Société d’émulation du Jura. Sans doute exerce-t-il la médecine ; il se présente parfois comme « médecin agriculteur » [5] et il publie en 1838, sous le pseudonyme d’Ad. Faust, un travail sur le suicide [6]. Mais il semble se consacrer principalement à l’agriculture. Exploitant un domaine à Archelange, il participe à la fondation de la Société d’agriculture de Dole, dont il assure le secrétariat [7], puis la présidence pendant de nombreuses années ; il rédige de nombreux articles pour la revue de cette société. Il enseigne l’agriculture à l’école gratuite appliquée aux arts, métiers et beaux-arts de Dole à partir de 1842 [8] ; il fait un cours d’une heure chaque dimanche matin [9]. En 1848, il s’intéresse au projet de création d’une ferme-école dans le département du Jura, projet pour lequel il recherche un domaine qu’il propose au conseil général du Jura [10].

Il est élu au conseil municipal d’Archelange, puis nommé maire en 1839 [11]. La même année, plusieurs fouriéristes jurassiens créent L’Écho du Jura, un organe qui paraît « sous les auspices de nos frères et amis Reverchon, Derriey, Cretin, Javel, Godin et Gagneur », écrit la direction du Nouveau Monde, qui ajoute : « leur guide, c’est Fourier ; leur but c’est la fondation du phalanstère » [12]. La sensibilité nettement fouriériste des débuts s’estompe peu à peu au fil des années [13]. Derriey figure sur la liste des correspondants jurassiens de l’Union harmonienne dans l’Almanach social pour 1840, édité par le groupe fouriériste du Nouveau Monde.

En 1841, il se remarie, avec Charlotte Lucile Baulard de Feur, fille d’un ancien colonel de cavalerie et veuve de son frère Gustave Derriey, lui-même ancien officier de cavalerie. L’un de ses témoins est son condisciple Joseph Reverchon, également membre de l’Union harmonienne. Il cesse ses fonctions municipales fin 1843 [14].

Il est membre des Sociétés d’émulation du Jura et du Doubs, ainsi que de la loge doloise, le Val-d’Amour, dont il est vénérable à la fin de monarchie de Juillet. Dans plusieurs articles parus dans la Revue maçonnique de 1846 à 1848, il critique l’évolution récente de la franc-maçonnerie, dans laquelle « la forme [a] fini par l’emporter sur le fond […], les accessoires étant devenus l’objet principal », ceci amenant « cette opinion déplorable que la franc-maçonnerie [est] devenue une œuvre sans puissance et par conséquent inutile ». Aussi, souhaite-t-il une rénovation de la franc-maçonnerie [15].

Il est candidat lors des élections de l’assemblée constituante en avril 1848 ; mais il n’arrive qu’en 18e position avec moins de 12 000 voix, tandis que le huitième et dernier élu du département obtient plus de 30 000 voix [16].

En mai 1849, il est élu à l’Assemblée législative pour représenter le Jura. Il est qualifié de « médecin agriculteur » [17]. Le répertoire biographique publié peu après l’élection le présente ainsi :

Derriey, élu le cinquième par 45 463 voix. Propriétaire, président du comice agricole de Dole ; il s’est beaucoup occupé de politique depuis la révolution de Février ; il a puissamment contribué à la propagation des doctrines socialistes dans le Jura ; il appartient à l’école phalanstérienne [18].

Au lendemain du coup d’État du 2 décembre 1851, il signe le texte des représentants de la Montagne qui proclame la déchéance du président de la République Louis-Napoléon Bonaparte, accusé de haute trahison.

Sous le Second Empire, Derriey vit à Paris travaille pour une agence parisienne qui recrute des migrants pour la Californie et l’Australie [19]. En 1863, il est toujours domicilié dans la capitale, quand se marie l’une de ses belles-filles. On le perd ensuite de vue.