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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

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FAIRCHILD Sharon L. : « Fourierism’s Feminist Defender and Colonial Pioneer ; Clarisse Vigoureux »
Romance Quarterly, 50, été 2003, pp. 186-194
Article mis en ligne le décembre 2005
dernière modification le 7 mai 2007

par Dubos, Jean-Claude

Il s’agit ici de la communication faite par Sharon Fairchild au colloque tenu à Austin en 2000 « The French in Texas », mais elle ne figure pas dans le volume publié sous la direction de François Lagarde et dont nous rendons compte par ailleurs. Sharon Fairchild résume fidèlement l’existence de Clarisse Vigoureux telle que nous avons pu l’établir dans notre préface à Parole de Providence (Champ Vallon, 1993) et, comme tous les historiens dont nous-même, elle affirme que Fourier habita chez Clarisse Vigoureux en 1828 pendant qu’il surveillait à Besançon l’impression du Nouveau monde industriel et sociétaire. Dans sa biographie de Fourier publiée en 1838, Pellarin écrit en effet : « Mme Clarisse Vigoureux lui fit accepter un appartement chez elle. Comme son séjour s’y prolongeait, il voulut plusieurs fois aller loger en garni craignant d’être importun. A force d’insistance, Mme Vigoureux parvint à vaincre ses scrupules. Les nombreuses lettres envoyées alors par Considerant à Clarisse Vigoureux portent toutes comme adresse « rue du collège ». Seul, l’acte de décès de sa fille Claire, le 15 janvier 1827, précise qu’elle résidait au numéro 14. Mais nous avons reçu des descendants de Désiré-Adrien Gréa, ami de Fourier, la photocopie d’une lettre de Fourier du 3 octobre 1828, où il regrette de ne pouvoir venir lui rendre visite à Rotalier où il avait séjourné en 1825. Elle porte comme adresse de façon indubitable « rue du collège n° 3 ». La seule réponse satisfaisante à cette énigme, c’est qu’entre temps Clarisse Vigoureux aurait déménagé dans la même rue... Naturellement, Sharon Fairchild s’attarde longuement sur Parole de Providence et l’analyse qu’elle en fait met en exergue le féminisme de Clarisse Vigoureux qui s’en prend avec ironie à Lamennais : « Merci, croyant pour cette moitié du genre humain à qui vous octroyez le bonheur au Ciel après une vie de résignation sur la terre ». Quelques années plus tard, une autre bisontine, Jenny d’Héricourt, s’en prendra à son tour à Proudhon qu’elle accuse - à juste titre ? - d’avoir une conception musulmane de la femme. Sharon Fairchild partage l’opinion largement répandue selon laquelle Clarisse Vigoureux est la responsable de la « purification morale » du fouriérisme et du maintien sous le boisseau du Nouveau monde amoureux. En fait tous les fouriéristes et sans doute Fourier lui-même devaient penser que la publication de ce brûlot amènerait sur l’Ecole sociétaire les foudres judiciaires les plus dommageables. Nous avons d’ailleurs rappelé en 1990 dans le numéro 1 des Cahiers Charles Fourier qu’en 1858 le dernier numéro de la publication des manuscrits de Fourier, assurée par la librairie sociétaire, avait été saisi pour attaque à la morale publique. L’article se termine par des citations de Kalikst Wolski, un Polonais qui fut un des colons de Réunion et qui s’étend longuement sur l’activité d’animatrice de Julie Vigoureux au sein de la colonie Probablement amoureux de son modèle, Wolski est l’inventeur de la légende selon laquelle Considerant aurait englouti à Réunion la fortune de sa femme, fortune disparue en fait lors de la faillite du maître de forges Joseph Gauthier, frère de Clarisse Vigoureux en 1841. L’intention de Sharon Fairchild est de poursuivre ses recherches sur les Françaises ayant voyagé ou vécu aux Etats-Unis au XIXe siècle. Si vous avez des documents ou des références sur ce sujet, envoyez les aux Cahiers qui transmettront.