Bandeau
charlesfourier.fr
Slogan du site

Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Boureulle (ou Peureux-de Boureulle), Paul (-Charles)
Article mis en ligne le 8 février 2008
dernière modification le 21 novembre 2013

par Desmars, Bernard

Né le 29 avril 1813 à Saint-Dié (Vosges), mort le 1er mars 1902 à Docelles (Vosges). Officier d’artillerie.

Né d’un père contrôleur des contributions directes, Paul de Boureulle entre en 1832 à l’Ecole polytechnique, puis à l’Ecole d’artillerie à Metz en 1834. Commence alors une carrière militaire, qui lui fait passer plusieurs années en Algérie (de 1839 à 1842, puis de 1860 à 1866) et séjourner dans plusieurs villes françaises (en particulier Besançon, Metz, Paris et Brest). Quand il prend sa retraite en 1873, il est colonel. Ses supérieurs louent « cet officier distingué de physique et de manières. Il est intelligent, instruit, exact et consciencieux » et s’« il n’est pas exempt d’idées chimériques », « il a toujours très bien servi » [1]. Il est successivement chevalier (en 1845) et officier (1865) de la Légion d’honneur.
D’abord saint-simonien (cf. le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier), il rejoint ensuite le mouvement fouriériste. En 1844, à Besançon, il se marie avec Marie-Alexis-Valérie Jouffroy ; l’un des témoins du mariage est Hippolyte Renaud, l’auteur de Solidarité. Après la révolution de février 1848 - il est alors capitaine, en garnison à Metz - il est un moment proposé comme candidat aux élections des représentants de la Moselle pour l’assemblée constituante et est présenté dans la presse messine comme un partisan « des réformes sociales » ; il expose ses idées dans une brochure et dans la presse républicaine messine, où il se déclare « phalanstérien », et il fait une conférence à l’hôtel de ville sur « l’organisation du travail ». Finalement, le comité électoral chargé d’établir la liste des candidats républicains mosellans élimine son nom [2]. L’année suivante, alors qu’il est en garnison à Paris, il se présente dans le département des Vosges pour les élections législatives de mai 1849, sans succès. Il publie en 1850 un ouvrage, Francœur et Giroflet, qui, à travers un dialogue entre un socialiste (Francœur) et un conservateur (Giroflet), constitue une présentation des thèses socialistes et principalement fouriéristes (sur l’association du capital, travail et talent, le phalanstère, le travail attrayant, les réformes commerciales), Francœur se référant assez souvent à des articles de La Démocratie pacifique.
Son activité propagandiste semble s’être ensuite ralentie ou faite plus discrète, les conditions politiques étant devenues, à la fin de la Seconde République ou sous l’Empire, beaucoup moins favorables à l’expression des thèses socialistes, en particulier de la part des militaires. Il adhère cependant à la Société lyonnaise de capitalisation, fondée en 1856 par Barrier, afin d’accumuler des fonds qui permettraient le financement d’un établissement phalanstérien [3]. En 1866, il prend des actions dans la société en commandite, qui devient société anonyme en 1870, propriétaire de la Librairie des sciences sociales et éditrice de La Science sociale. Il continue dans les années suivantes à soutenir financièrement la librairie, jusqu’à sa disparition, dans la première moitié des années 1880. En 1874, il propose au Bulletin du mouvement social, l’organe de l’Ecole sociétaire, « un exposé succinct des vérités [...] incontestables » de la théorie sociétaire (1er février et 1er avril 1874)
Boureulle s’intéresse aux différentes expériences inspirées par le fouriérisme ; il visite en 1872 le Familistère de Guise. Il possède quelques parts de la Société de Beauregard qui, à Vienne (Isère), réunit sous le Second Empire et au début de la IIIe République des commerces, une industrie textile, un établissement sanitaire, un restaurant sociétaire, des activités récréatives..., esquisse d’une future Association intégrale, selon son fondateur
Henri Couturier avec lequel il correspond [4]. Il soutient la Maison rurale de Ry, l’établissement d’éducation fondée par Adolphe Jouanne au cours des années 1860. Enfin, actionnaire des premiers temps de l’Union agricole du Sig (il figure sur la première liste des souscripteurs, en 1847), il fait partie de son conseil d’administration en 1864 et 1865, puis y est à nouveau élu en 1874. Il présente l’Union dans le Bulletin du mouvement social (1er et 15 novembre 1874) et encourage ses lecteurs à lui apporter leur aide à cette entreprise, qui tente alors de renouer avec son inspiration phalanstérienne, mais éprouve d’importantes difficultés financières. Mais, ne pouvant plus assister aux réunions du conseil en raison de son départ de Paris, il démissionne en 1876. L’année suivante, dans une lettre à Couturier, dont la société de Beauregard connaît également des difficultés économiques, il déclare redouter « une déception de plus, s’ajoutant à tant d’autres, aux jours de ma vieillesse » [5].
En effet, il s’est installé l’année précédente dans les Vosges, demeurant selon les moments à Epinal ou à Docelles, même s’il assiste parfois - très irrégulièrement - aux assemblées générales de l’Union du Sig ou de la Librairie des sciences sociales à Paris. Il se consacre à des travaux littéraires et historiques - des textes sur l’histoire de la Lorraine et de l’Alsace au Moyen Age et sous l’Ancien Régime, des récits de voyages en Algérie, des descriptions de la Corse, de la Bretagne... - qu’il publie dans les bulletins des sociétés savantes vosgienne dont il est membre (Société philomatique vosgienne et Société d’émulation des Vosges) ainsi que dans les Mémoires de la société d’agriculture, commerce et arts de la Marne. Il conserve cependant ses convictions phalanstériennes ; son dernier article publié, qui présente les « écoles à tricoter » fondées en Alsace à la fin du XVIIIe siècle par le pasteur Oberlin, rappelle « le système d’éducation attrayante de Fourier », dont cependant l’application ne « sera possible que dans la commune sociétaire dont cet homme de génie a merveilleusement conçu les bases, mais qui malheureusement, n’a pas encore pu sortir du domaine des théories » [6]. En 1901, quelques mois avant sa mort, il fait circuler au sein de la Société philomatique une brochure sur le Familistère de Guise. [7]