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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Brucker, Raymond (Brucker, Philippe, Auguste, Raymond), dit Raymond, Marcel
Article mis en ligne le 8 février 2008
dernière modification le 12 novembre 2015

par Cordillot, Michel, Dubos, Jean-Claude, Sosnowski, Jean-Claude

Né le 5 mai 1800 à Paris (Seine) ou à Compiègne (Oise), mort le 28 février 1875 à Paris (Seine). Ouvrier éventailliste, puis publiciste et littérateur.

D’abord ouvrier éventailliste, Raymond Brucker publie en 1829 avec Michel Masson, sous le pseudonyme de Marcel Raymond, un roman en 4 volumes intitulé Le Maçon de Notre-Dame. Il combat, semble-t-il, lors de la révolution de Juillet 1830. Figure très secondaire de la bohème romantique, profondément antireligieux, il écrit par la suite d’autres romans. Il opère également un rapprochement avec l’Ecole sociétaire : le 12 octobre 1835, Victor Considerant écrit à Clarisse Vigoureux : « Je puis vous citer entre autres conversions récentes et saillantes Brucker, connu dans la littérature, sous le nom de Michel [?] Raymond. Il va faire des romans phalanstériens. » En réalité, Brucker collabore avec Considerant et avec Francis Wey à la réédition d’une brochure, publiée anonymement en mars 1836, Publication complète des nouvelles découvertes de sir John Herschel dans le ciel austral et dans la lune, version fouriériste d’un canular imaginé en août et septembre 1835 par l’Américain Richard Adam Locke, selon lequel le célèbre astronome Herschel, parti en mission en Afrique du Sud, avait découvert dans la Lune des habitants appelés poétiquement les Vespertillos. Même si ce canular est dénoncé à l’Académie des sciences le 2 novembre 1835 par François Arago, il a un énorme succès : Considerant et ses deux complices en profitent pour écrire une « violente satire de la religion accusée de favoriser l’exploitation des faibles » (Michel Nathan), dans la lignée du discours prononcé en 1835 à l’Hôtel de Ville par Considerant. Brucker se montre également favorable à la réalisation d’un phalanstère d’essai. Il fréquente les banquets phalanstériens - et en particulier les « banquets ouvriers » ou « banquets populaires » de l’Ecole sociétaire à Paris, de 1836 à 1840 ; il y déclame des vers et y chante des chansons. Le 15 mai 1836 lors d’un de ces banquets, auquel participe Fourier, il puise « le sujet de la chanson tant approuvée par Fourier ; faisons le phalanstère à dix sous » [1] dans la proposition d’une souscription populaire proposée par André :

C’est une honte, mes enfans,
A tous, tant que nous sommes,
D’attendre depuis si longtems
Des trésors et des hommes !
Entre ouvriers cotisons-nous !
Fesons le Phalanstère à dix sous,
Fesons le Phalanstère (Air de la Boulangère)
[...] [2]

Le journal fouriériste dissident Le Nouveau Monde du 1er février 1840 rapporte qu’il a écrit un « Epître à Raspail ». Toujours d’après Le Nouveau Monde (11 février 1840), il a publié dans La Phalange sous le pseudonyme de M. Gourdon un « Epître aux partisans de l’égalité ». Le 21 février 1840, enfin, Le Nouveau Monde publie une « Marseillaise pacifique » signée de lui. Converti au catholicisme en 1839, devenu l’un des animateurs de la Société Saint-François-Xavier, il est contraint de la quitter sous la pression de légitimistes offusqués par ses discours. Pendant sept ans, dans la dernière partie de la monarchie de Juillet, il dispense des cours de philosophie et de religion à l’Athénée.
Brucker se rapproche de Blanqui en 1848. Il figure alors sur la liste des membres de la Société républicaine centrale, et il signe comme membre du bureau l’adresse au Gouvernement provisoire rédigée par Blanqui, après les événements sanglants de Rouen en avril 1848. Il publie en 2e partie d’année le « testament » d’Alibaud (il en est le dépositaire depuis 1836) : dans son introduction, il invoque Dieu et se définit comme un républicain « décoiffé de son bonnet rouge », comme un socialiste « retourné ». Il est en septembre 1848 l’un des rédacteurs du Canon d’alarme, un journal légitimiste et réactionnaire qui ne publie qu’un seul numéro : là, il s’en prend au phalanstérien Jean Journet. Pourvu d’une sinécure sous le Second Empire, mais révoqué sous la Troisième République, il meurt dans la misère.