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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Brullé, (Marie-) Alexandre
Article mis en ligne le 14 juin 2009
dernière modification le 22 novembre 2013

par Sosnowski, Jean-Claude

Né en 1814. Mort en 1891. Employé puis marchand et éditeur de musique, gérant du bureau d’abonnement à la Démocratie pacifique pour la rive droite de Paris du 27 juin 1847 à mai 1850. En mai 1851, membre suppléant du conseil de surveillance de la Société du 10 juin 1843. Directeur de l’usine Godin à Laeken-lez-Bruxelles.

Alexandre Brullé est un employé bien connu « du commerce de la musique » lorsqu’en 1841, il rachète pour 30 000 francs l’établissement Frère situé au 16 passage des Panoramas à Paris, dont le fonds musical est qualifié comme étant « le plus considérable et le mieux choisi » [1]. Cependant, l’acquisition est garantie par de strictes restrictions du vendeur, qui, conduisent Brullé à vendre, en septembre 1846, « 1892 planches et pierres lithographiques » dont il était propriétaire, à son imprimeur [2], afin sans doute d’honorer ses échéances.

Alexandre Brullé est depuis 1838, le beau-frère de l’éditeur de musique Jules François Colombier [3] qui a épousé sa soeur Honorine [4]. Il est donc le frère du fouriériste dijonnais Auguste Brullé. Il participe en 1851 à la fondation de la Société des Auteurs, Compositeurs, et Editeurs de musique (SACEM) dont il reste membre jusqu’en 1858. En 1846, il avait été reconnu victime de contrefaçon [5]. En 1853, il signe une réclamation des marchands et d’éditeurs de musique adressée à la commission du projet de loi sur la propriété littéraire [6]. Il exploite sa librairie jusqu’au 7 juillet 1854, date à laquelle, avec accord de Frère à qui il doit encore 20 000 francs, il la cède moyennant 25 000 francs.

Jusqu’en 1847, ses liens avec l’école sociétaire paraissent limités à sa relation professionnelle avec Allyre Bureau dont il édite plusieurs compositions musicales. Trois pages d’annonces publicitaires sont insérées dans les volumes de 1845 de La Phalange [7]. Cependant, le 27 juin 1847, sa librairie devient « bureau d’abonnement » à La Démocratie pacifique pour la rive droite de Paris, à la suite de son collègue libraire Ebrard. Brullé assure ce rôle au profit de la Librairie sociétaire jusqu’au mois de mai 1850. La suspension qui frappe pour un mois la Démocratie Pacifique en juin 1850 met apparemment fin à cette collaboration. Il est néanmoins probable qu’il est le Brullé qui devient membre supplémentaire du conseil de suivi de la Société de juin 1843 chargée de la gestion de La Démocratie pacifique, lors de l’assemblée générale du 25 mai 1851 [8]. En décembre 1848, sa librairie accueille également, mais provisoirement le bureau de la Revue de l’éducation nouvelle, journal des mères et des enfants, récemment fondée par Jules Delbruck [9].

A la fin de l’hiver 1851, des « brochures socialistes » sont saisies à Pont-d’Aisy dans le canton de Précy-sous-Thil, voisin de celui de Semur-en-Auxois (Côte-d’Or), chef-lieu d’où est originaire sa famille et où réside alors son père. Le Préfet de la Côte-d’Or réclame l’adresse à Paris, d’Armand Lévy [10], dont la sympathie pour les idées fouriéristes aurait été forgée durant son adolescence auprès de membres du groupe phalanstérien semurois, et qui est soupçonné de cet envoi dans l’arrondissement. Le sous-préfet jugeant « imprudent » d’interroger le père d’Armand Lévy, personnage « honorable » de Semur-en-Auxois, indique que « si la police parisienne ne connaît pas cette adresse, elle pourra, [pense-t-il], l’obtenir auprès des personnes ci-après désignées. 1°. Brullé, m[archan]d de musique, passage des Panoramas, près des Variétés. 2°. Dadoz, clerc d’avoué chez M. Durande, rue Favart. 3°. Bouillée, 1er clerc de ce même avoué » [11].

Alexandre Brullé disparaît du monde de la musique après 1858, ses biographes datant par erreur son décès aux environs de 1860. Un indice semble expliquer le silence des sources en France. En 1843, il avait épousé Adeline-Augustine Tardieu, fille du graveur géographe, Pierre-Antoine Tardieu (1784-1869) [12]. Emilie Dallet-Moret, indique qu’en 1856, sa soeur, Marie Moret, cousine et future épouse de Godin, est envoyée à Bruxelles pour parfaire son éducation ; « elle y trouva une protectrice dévouée dans Mme Brullé-Tardieu, personne aussi supérieure par le caractère que l’intelligence, et femme du directeur de la succursale que Godin possédait à Laeken-lez-Bruxelles » [13]. Brullé, directeur de l’usine de Laeken jusqu’en 1861, signe ses courriers commerciaux « Are Brullé ». En février 1865, il sollicite à nouveau Godin, mais sans résultat, pour un emploi de représentant de commerce.