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Brioux (née Boisard), Rose Antoinette
Article mis en ligne le 26 juin 2022
dernière modification le 6 août 2023

par Bastit-Lesourd, Marie-Françoise, Sosnowski, Jean-Claude

Née à Paris le 8 septembre 1810. Décédée à Paris (15e arrondissement) le 31 mars 1881. Peintre de paysages.

Rose Antoinette Boisard est la fille d’Auguste Jean-Baptiste Boisard et de Marie Catherine Marguerie. Le 10 octobre 1826, elle épouse à Paris un architecte, Louis-Michel Brioux, né en 1801, demeurant 75 Rue Saint-André des Arts. Lors de son mariage, Rose alors âgée de 16 ans, domiciliée 14 rue du Regard est orpheline de mère [1]. Le couple se marie à l’église Saint-Sulpice [2]. Le mariage donne lieu à une association professionnelle entre Auguste Jean-Baptiste Boisard et son gendre Louis-Michel Brioux. « M. Boisard a associé M. Brioux à compter du jour de la célébration du mariage, qui devrait incessamment avoir lieu, entre M. Brioux et Mlle Boisard, fille de M. Boisard, ci-dessus nommé, à tous les travaux auxquels il serait appelé à se livrer, soit comme architecte, soit comme vérificateur, soit même comme entrepreneur de maçonnerie. Il a été dit que cette société serait en nom collectif ; que la raison et la signature sociales seraient : Boisard et Brioux ; que M. Boisard aurait seul la signature, dont il ne pourrait se servir que pour les affaires de la société. La durée de la société a été fixée à dix ans » [3]. Cependant, en 1833, Louis-Michel Brioux est notaire à Allones [4]. En janvier 1834, Rose Brioux donne naissance à une fille Emma Pauline qui décède le 4 août 1834 à La Fosse-de-Tigné (Maine-et-Loire). La déclaration est effectuée par Louis Soyer, chevalier de l’ordre de Saint-Louis, « oncle » de la défunte [5].
Rose Brioux donne naissance à une fille, Berthe, le 10 août 1842 à Saint-Rambert-en Bugey [6]. Elle est maintenant déclarée mariée [7] à un jeune peintre paysagiste (il a 22 ans ; elle a 41 ans), Clément-Théophile Blanchard [8] avec qui elle aura une autre fille le 18 juin 1845 [9]. Le couple réside 8 ter place Furstenberg à Paris (6e). Clément-Théophile Blanchard décède le 2 septembre 1849 [10].

Les liens de Rose Brioux avec l’École sociétaire sont brefs. C’est probablement elle (« Me Briout ») qui contribue à hauteur d’un franc lors de souscription pour la fondation du phalanstère d’enfants initiée au sein du groupe constitué autour du journal Le Nouveau Monde [11]. Qualifiée de peintre de paysages, domiciliée 68 rue de Grenelle Saint-Germain à Paris, elle est signalée parmi les principaux travailleurs et artistes appartenant à l’École sociétaire en 1841 [12]. Elle expose aux salons de 1840 à 1842, trois œuvres de paysage : Entrée de bois à Ecouen ; Vue prise à Bellevue ; Souvenir des bords de la Seine. Cette œuvre séduit la critique. « Rien n’est plus coquet et en même temps plus précieux de faire que le Souvenir des bords de la Seine […] ; les terrains sont d’une exécution charmante ; le ciel est bien modelé, les nuages fuient bien et se reflètent avec transparence dans le fleuve qui serpente » [13].
Elle exerce alors en 1842 au 18 rue de Chabrol à Paris. Hermance Lesguillon lui consacre un de ses poèmes dans son recueil dédié à la cause phalanstérienne, Le Midi de l’âme. Hermance Lesguillon s’adresse à son amie et « soeur » phalanstérienne. Elle fait alors référence à la lecture « d’un livre inexplicable, aux sublimes passages ! » dont elle dit « exprime[r] quelques pages » à travers son poème consacrée à la cause féminine :

A Madame Rose Brioux

La gloire, ce n’est pas ce vain bruit de la foule, / Fleuve qui se tarit aussitôt qu’il s’écoule : / Ce n’est pas ce renom que nous jette au hasard / Le monde, qui répond comme écho bavard ; / Ce n’est pas cet encens, vapeur vague qui fume, / Flambeau salarié que toute main allume ; / Ce n’est pas cette cloche ébranlée à tout vent, / Qui sonne plus au mal qu’au vrai talent levant. / Non, ce n’est rien d’impur, de léger, de frivole, / Ce n’est rien du parfum qui brûle et qui s’envole ; / La gloire, oh ! C’est bien plus ! C’est par d’autres échos / Qu’elle ne nous vient charmante au milieu de nos flots // Je le sens aujourd’hui par votre voix, madame, / [...] / La gloire ! C’est le coeur qui s’anime par nous ! / Dans votre émotion qui s’ouvre et s’abandonne, / Dans l’élan d’amitié qui s’appelle et se donne, / Je cueille un doux laurier dont je pare mon coeur : / Vous me rendez joyeuse en me nommant ma soeur ! / J’ai donc, pauvre poète, exprimé quelques pages, / D’un livre inexplicable, aux sublimes passages ! / J’ai donc, avec ma plume, ouvert quelques replis / De nos jours agités, par tant de pleurs remplis. // J’ai trouvé dans ma vie, où l’âme a tant de place, / Un miroir vrai, peut-être, où l’âme se retrace ; / J’ai, femme, ouvert ma vie où battent les douleurs, / Pour y peindre la femme en ses pures couleurs ; / [...] // Je veux apprendre à l’homme un peu de nos mystères ; / Leur raconter nos coeurs lorsqu’ils nous ont pour mères ! / Leur montrer, tout enfans, qu’allaités par nos pleurs, / Il ne faut pas qu’un jour ils s’en aillent moqueurs, / Riant de notre sort, qui seul nous fait esclaves, / En mettant dans nos flancs la douleur pour entraves. // Lorsque leurs pas suivant nos intimes détours, / Découvriront en nous tout ce qu’ils ont d’amours, / Lorsqu’ils auront pu lire en nos secrètes larmes, / Que jeune fille et mère ils sauront nos alarmes, / Ils deviendront meilleurs, et pour nous alléger, / Faisant la vie égale, ils voudront partager / Le fardeau des douleurs, source vive et profonde, / Que seule ici la femme en sa faiblesse sonde ! / Alors ils aimeront, non d’un banal amour, / [...] / Mais en dieu, mais en père, en souverain du monde, / En protecteur divin à largesse féconde, / Qui relève le faible avec force et bonté, / Et laisse l’autre sexe honneur, blancheur, fierté ! / [...] / Quand deux sexes amis, [...]/n’iront plus divisés, l’esprit armé d’orgueil,/ le monde entier sortira de son mortel linceuil [sic] [14].

Lors de son décès en 1881, son neveu Paul Boisard architecte, et Auguste Blanchard, son beau-frère signent l’acte d’état civil [15]. Elle réside alors 32 avenue de Maine à Paris et est rentière. Elle est inhumée au cimetière d’Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne) [16].