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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Boiteux, (Claude) Charles
Article mis en ligne le 5 décembre 2010
dernière modification le 12 juillet 2021

par Sosnowski, Jean-Claude

Né le 14 avril 1812 à Chalon-sur-Saône (Saône-et-loire) et décédé à Paris le 3 juillet 1841. Négociant puis étudiant en médecine à Paris. Républicain.

Fils d’Antoine Boiteux, négociant à Chalon-sur-Saône et de Philiberte Olivier, il décède suite à une infection généralisée contractée lors de la dissection d’un cadavre sur lequel il s’entraînait. Charles Pellarin qui rédige la nécrologie de Charles Boiteux pour La Phalange profite de l’évènement pour préconiser l’embaumement selon le procédé de Gannal. Il décrit Charles Boiteux comme un « homme de coeur et d’intelligence [...] dévoué » à la cause sociétaire qui depuis 1837 s’est consacré à des études de médecine par « répugnance » pour la « profession commerciale ». Son père avait en effet accepté de céder son établissement après que son fils y ait exercé quelques temps.

Charles Pellarin, à l’occasion du discours qu’il prononce pour l’Ecole sociétaire lors de l’inhumation de Boiteux au cimetière Montparnasse, après des obsèques religieuses, déclare qu’« ainsi qu’il est arrivé à la plupart d’entre nous, disciples de Fourier, Boiteux avait passé par les opinions démocratiques ardentes avant d’arriver à la connaissance et de se rallier à la Science sociale [...], autre voie de progrès et d’affranchissement populaire que celle si souvent trompeuse des révolutions [...] ». Jusqu’au matin de son décès, Boiteux s’est montré favorable à une prompte réalisation sociétaire à laquelle, déclare Pellarin, l’âme de Boiteux ne restera pas « insensible, car [...], la foi phalanstérienne éclaire le lien qui unit [sa] destinée » à celles des vivants. Pellarin poursuit : « Vivants de la vie qui nous anime ou de celle que tu viens de commencer, nous sommes toujours, quoi que dans des conditions différentes, citoyens d’une même patrie qui est le monde, soldats de la même cause, ouvriers de la même oeuvre divine qui se poursuit de génération en génération ». Ces propos révèlent une connaissance intime de Charles Boiteux, confirmée par la correspondance entretenue avec Victor Considerant qui le présente à Jean-Claude Oudot, négociant fouriériste dijonnais, comme « un bon et estimable jeune homme » [1].

Les liens de Charles Boiteux se sont affirmés avec l’Ecole sociétaire durant l’été 1836, quelques mois semble-t-il, avant de commencer ses études de médecine. Il correspond en septembre avec Victor Considerant, depuis Bourgneuf (commune de Châne, Saône-et-Loire) et montre une avidité à la lecture tant des écrits de Considerant, Fourier et Clarisse Vigoureux qu’à celle de La Phalange.

« Jeune dans vos rangs » [2] écrit-il semble-t-il à Fourier, il entreprend de donner son sentiment à la lettre critique de Flora Tristan et au commentaire qui a suivi, parus dans La Phalange du 1er septembre. [3] Il balaye les critiques relatives aux théories d’analogie universelle et de cosmogonie qu’éclaireront des études nouvelles, pour affirmer la véracité de la théorie de l’association universelle établie sur les typologies de caractères des individus. Il établit un parallèle entre la médecine et la science sociale : « il faut s’attendre à plus d’un citoyen dire non seulement qu’il n’est pas malade mais nier même les maladies dont il est le plus infecté. [...] Hâtons-nous donc de prouver que la science sociale a des bases aussi certaines que la vraie médecine ».

Il s’évertue à faire découvrir la revue et les théories phalanstériennes au réseau républicain côte-d’orien au sein duquel il a conservé des contacts. Le 11 août 1836, il écrivait à Considerant : « [...] mes illusions républicaines m’ont jadis mis en contact et en sympathie avec les principaux [chefs] du parti et j’ai pensé qu’il ne serait pas inutile d’aller porter dans l’esprit des plus influents quelques idées et quelques doutes ». Il trouve chez l’ancien président du cercle républicain dijonnais une écoute, mais c’est celle d’un homme « juste-milieu de caractère et de tempérament » qui confond Saint-Simon et Fourier. Jean-Claude Oudot, chez qui il se rend également afin de l’entretenir d’une affaire transmise par Considerant n’exprime « pas de critique, mais de l’indifférence ». Néanmoins, Oudot fournit quelques adresses à Boiteux et s’engage à transmettre les prochains numéros de la Phalange aux républicains rencontrés. Boiteux se montre militant acharné de la cause se rendant jusqu’à la prison de Dijon pour tenter de convaincre un républicain de sa connaissance, incarcéré. Celui-ci rejette la lecture même de La Nécessité d’une débâcle politique de Considerant qu’Oudot lui avait déjà remis. Il considère l’ouvrage comme injurieux envers les républicains. Sur la route de Chalon-sur-Saône, Boiteux prend contact avec Kress à Nuits-Saint-Georges. Ses entretiens vains ne lui procurent que découragement. C’est d’ailleurs sur un ton particulièrement dépressif qu’il se confie à Victor Considerant dans une lettre du 23 août, dénonçant les manoeuvres de « la secte très catholique » qui tente de fonder une Association de Saint-Sauveur pour 600 orphelins des deux sexes, entreprise qui par l’appel lancé à une souscription rivalise de manière mesquine avec le projet sociétaire. D’après une liste de 1838 des souscripteurs au projet d’étude d’un phalanstère d’enfants, Charles Boiteux a versé cinquante francs. Il en appelle à la providence divine craignant « une tourmente générale en Espagne, une guerre européenne, une conquête de Tartares, un retour en Barbarie ». La lecture d’une presse qu’il qualifie de mensongère, les préjugés, haines et mesquineries du genre humain ne font qu’accentuer son caractère misanthrope. Néanmoins, sa compréhension de la théorie des passions, « amour de la justice et de la vérité » lui permet d’espérer une réalisation prochaine. Mais poursuit-il, « tout a-t-il bien été prévu par le génie révélateur [...] de l’harmonie humaine ? Je l’espère, cette espérance est si forte que c’est presque de la foi. Mais voulez-vous savoir mes plus grandes craintes ? C’est que l’épreuve ne puisse pas se faire ou qu’elle soit remise indéfiniment ainsi que l’application ».


Aphorisme du jour :
Les sectes suffisent à elles seules à guider la politique humaine dans le labyrinthe des passions
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