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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Cuzent, René-Henry
Article mis en ligne le 19 mars 2011
dernière modification le 27 décembre 2013

par Guengant, Jean-Yves

Né à Lambézellec (Finistère) le 20 juillet 1794, mort à Brest (Finistère) le 11 juin 1875. Marchand tapissier. Avec sa femme et son fils, il illustre l’engagement d’une famille fouriériste au cours du XIXe siècle, du combat pour la création d’associations mutualistes jusqu’à la construction de la république à partir de 1870.

Il naît à Lambézellec, ville de l’agglomération brestoise, le 2 Thermidor de l’an II de la République (20 juillet 1794). Son père, Jean-Baptiste est sous-commis de la marine. René-Henry fait une formation de tapissier. En 1820, il épouse Marie-Jeanne Lorlat, dont il a un fils le 13 décembre 1820, Gilbert-Henri. En 1824, il s’affilie à la loge brestoise des Élus de Sully, où il a une activité constante (il aurait été initié en 1816, à Nantes). En 1838, il participe à une commission chargée d’examiner la doctrine phalanstérienne ou science sociale de Fourier [1] et mise en place au sein de l’atelier, afin d’étudier et d’exposer la doctrine de Fourier :

La commission chargée d’examiner les ouvrages de l’École sociétaire fait son rapport et porte à 43 F 50 le prix des ouvrages qu’elle signale comme utile pour se livrer à l’étude de la théorie de Fourier. L’atelier ne se trouvant pas suffisamment éclairé sur les développements donnés à chacun de ces ouvrages, renvoie le travail à la commission avec invitation à s’étendre davantage sur l’utilité de chacun d’eux. (Tenue du 2e jour du 3e mois 1838 - 2 mai 1838).


Dans un second temps sont initiés Jean-René Allanic, professeur de philosophie, (3 octobre 1838), puis Edouard de Pompéry, proposé à l’admission le 21 août 1839 ; « les témoignages les plus flatteurs sont accordés à ce profane [2] ». Plusieurs membres de l’atelier, dont Prosper Levot [3] (1801-1878), bibliothécaire de la marine, et René-Henry, poussent la loge à recevoir Pompéry « pour faire partager à tous la foi dont il est pénétré pour les belles destinées de l’homme, foi résultante des études approfondies de la science sociale de Fourier à laquelle il a voué son talent et sa vie. » Le 23 octobre, il est reçu apprenti. René-Henry Cuzent participe à l’organisation des conférences, puis à la diffusion des idées fouriéristes à Brest, par l’intermédiaire de la librairie de son épouse. En 1844, il devient membre de la Société d’émulation de Brest, au moment où les membres de la loge des Élus de Sully entrent en force dans l’association.
René-Henry, qui tient un magasin de marchand-tapissier et de meubles en centre-ville, fonde en avril 1845, avec l’aide de deux collègues tapissiers, Joseph-Louis Guézénec et Hippolyte Tousseux [4], l’Association de bienfaisance mutuelle [5], dont il devient le président. Première association mutualiste brestoise, elle regroupe 360 membres en 1848, « ouvriers civils », à qui elle alloue une indemnité journalière de 0,75 f par jour en cas de maladie, contre une cotisation mensuelle d’un franc. L’association regroupe des membres issus de l’artisanat : elle refuse l’adhésion de manœuvres du bâtiment ou de manutentionnaires, les risques à assurer étant trop élevés pour les caisses de la société de secours. L’association participe à une grande manifestation fraternelle de soutien à la nouvelle république, le 2 avril 1848, à laquelle plus de 7000 personnes prirent part. Toutes les associations mutuelles et les clubs y étaient représentés.
Après les événements de juin 1848, la répression du mouvement social amène à Brest, près de deux mille insurgés parisiens, qui sont emprisonnés sur des pontons ou au bagne. Les rares démocrates-socialistes et fouriéristes brestois sont alors réduits au silence. La loge des Élus de Sully évite de peu l’interdiction. Elle est suspendue quelques mois.
Membre influent des Élus de Sully, René-Henry participe sous l’Empire, à la rupture entre la loge (1855, les Amis de Sully) et le Grand Orient de France alors sous le contrôle du prince Murat. Il dirige la commission administrative, chargée de mener à bien la construction du nouveau temple maçonnique brestois en 1868.
René-Henry décède le 11 juin 1875, à son domicile brestois.