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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Echernier (ou Échernier), Casimir (-Jules Charles)
Article mis en ligne le 25 juillet 2011
dernière modification le 6 août 2011

par Desmars, Bernard

Né le 16 février 1818, décédé le 25 juillet 1895, à Lyon (Rhône). Architecte. Membre du groupe fouriériste lyonnais. Actionnaire de plusieurs entreprises fouriéristes.

Casimir Echernier est le fils de Jean-Baptiste Dominique, commis dans l’administration de l’enregistrement et des domaines du département du Tarn, et de Marie-Paule Fontaine. Il fait des études secondaires au collège de Cahors, puis à celui de Carcassonne.

Un architecte très actif

Malgré un goût pour l’art et l’architecture affirmé dès l’enfance, il est envoyé par ses parents à Lyon pour y apprendre le commerce, chez un parent négociant en draps. Mais très vite, il décide d’abandonner le commerce pour des activités artistiques ; sa famille lui coupe les vivres, et il doit, pour subsister, travailler pour un théâtre de marionnettes, où il est chargé de nettoyer les décors et les toiles. Puis, en 1842, il entre chez Savette, peintre décorateur des théâtres de Lyon, chez lequel il reste jusqu’en 1849.

Parallèlement à ces activités, il commence en 1839 à suivre les cours de l’École des beaux-arts de Lyon. Il est alors remarqué par un architecte lyonnais, Exbrayat, qui l’emploie à partir de 1849 et dont il devient un collaborateur très actif. Quelques années après, il se met à son compte vers 1850 [1]. Il bénéficie du développement de la construction sous le Second Empire, notamment dans le cadre de l’expansion urbaine et de la rénovation des centres-villes ; il construit de nombreux édifices, publics et surtout privés (maisons, hôtels particuliers), à Lyon et dans ses environs, à Saint-Etienne, à Saint-Chamond, en Isère, en Saône-et-Loire, dans le Jura, en Ardèche et dans le Gard. Il intervient aussi pour la construction ou la restauration de châteaux en Isère et dans l’Ain ; il construit également à Wiesbaden et Eltville (duché de Nassau). Il est l’auteur de plusieurs projets urbains pour Lyon, Marseille (la rue Impériale) et Nice (hôtels du quai Saint-Jean-Baptiste) [2].

Echernier contribue à l’organisation de la profession d’architecte ; il est membre de la Société centrale des architectes français, et de la Caisse de défense mutuelle des architectes, de la Société académique d’architecture de Lyon et de l‘Union architecturale de Lyon (il est le président d’honneur de ces deux dernières associations, à la fin de sa vie).

Il reçoit en 1886 la médaille d’honneur pour les constructions privées de la Société centrale des architectes.

Membre du groupe fouriériste lyonnais

A partir des années 1850, on voit Casimir Echernier participer aux activités des fouriéristes lyonnais ; il est l’un des actionnaires (et membre du conseil de surveillance) de la Société lyonnaise de capitalisation, fondée en 1856 par François Barrier, afin de rassembler des capitaux pour fonder ultérieurement une entreprise phalanstérienne, et, en attendant, contribuer au financement d’essais sociétaires en cours. Le montant de ses propres souscriptions s’élève à 125 francs en 1859, ce qui fait de lui, à ce moment là, le second souscripteur, loin derrière Barrier cependant (1 000 fr) [3]. Il est le président de la Société en 1887, au moment où elle vote sa dissolution [4].

Comme d’autres fouriéristes lyonnais, Echernier est également actionnaire de la société de Beauregard, fondée à Vienne par Henri Couturier. Il acquiert en 1854 des parts de cette société qui juxtapose des activités industrielles, artisanales et éducatives, et dont l’horizon est la commune sociétaire [5].

En 1866, lors de la constitution de la société en commandite fondée par Noirot et Barrier pour exploiter la Librairie des sciences sociales, il prend deux actions (100 francs en tout) qu’il conserve lors de la transformation en société anonyme, en 1869-1870 [6]. Il soutient également le projet de publication d’un organe fouriériste [7].

En 1883, il fait partie des membres fondateurs des Orphelinats agricoles du Sig, l’association fondée par Couturier qui reprend pendant quelques années le domaine de l’Union agricole d’Afrique, à Saint-Denis-du-Sig (Algérie) [8].

Un homme de sociétés savantes

Dans les années 1880-1890, Casimir Echernier est un notable lyonnais, très présent dans les institutions éducatives, culturelles et philanthropiques de la ville, décoré des palmes académiques en 1884 et chevalier de la légion d’honneur en 1889. En plus de ses activités et de ses responsabilités dans le monde de l’architecture, il préside pendant plusieurs années la commission administrative de l’École des beaux arts, ainsi que le conseil d’administration de l’École de la Martinière ; il est membre du Conseil des bâtiments civils du département du Rhône, de la commission des musées de Lyon (il en est le vice-président, à la fin des années 1880) et de la Société des amis des arts [9] ; il siège également dans les commissions administratives des écoles municipales de dessin de Lyon et de la Société d’enseignement professionnel. En 1893, peu avant son décès, il est admis à l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon.

S’intéressant activement au patrimoine architectural lyonnais - il défend les vieux quartiers de la ville et regrette certaines destructions, en particulier aux abords de la Saône [10] - il est l’un des fondateurs de la Société de topographie historique de Lyon en 1872. Il s’insurge également en 1895 contre des travaux réalisés dans le chœur de la cathédrale de sa ville natale, Albi [11].

A sa mort, il lègue une partie de ses nombreux et précieux ouvrages à la bibliothèque de l’Ecole des beaux-arts de Lyon. Les nécrologies qui paraissent dans les publications de différentes sociétés savantes soulignent son érudition, son talent de dessinateur et d’architecte, ainsi que ses préoccupations philanthropiques et éducatives, mais omettent son engagement fouriériste ; sans doute ce dernier a-t-il été discret, ou est-il oublié en 1895. Sur sa tombe, un orateur se souvient « d’un artiste éminent et d’un homme de bien », faisant preuve d’une « charité [...] inépuisable », ayant, à l’approche de la mort, demandé à « recevoir les secours de la religion et remplir tous les devoirs qu’elle impose » [12].