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Compléments à l’article « L’utopie théosophique »
Article mis en ligne le 26 mars 2012
dernière modification le 13 octobre 2016

par Andro, Denis

Dans son opuscule d’hommage publié en 1888 à Guise A la mémoire de Louis Dramard,né à Paris le 2 décembre 1848, mort à Alger St Eugène le 15 mars 1888, Malon écrit de Louis Dramard qu ’il fut « l’un des principaux fondateurs de la Revue socialiste » (p.3). Malon indique par ailleurs que Dramard avait écrit dans Le Prolétaire, Le Citoyen de Paris, L’Intransigeant, La Justice, La France, Le Voltaire, L’Echo de Paris (p.4). Dramard commence semble-t-il en fait sa propagande théosophique dès l’été 1884, dans La Revue du mouvement social néo-fouriériste, avec l’aval de son directeur Charles Limousin : « L’occultisme contemporain », juillet 1884, et « Reproches injustes », octobre 1884. Suite à des critiques de Victor Meunier suscitées par la publication de l’article de Dramard, Limousin défend ce dernier en première page : « Un cas d’académisme » (octobre). Dramard avait adhéré à la Société Théosophique le 5 avril 1884, durant le séjour d’Helena Blavatsky à Paris. Source : Charles Blech : Contribution à l’histoire de la Société Théosophique en France, Adyar, 1933, p. 8.

Camille Lemaître est, en 1890, la traductrice d’A.P. Sinnet : Le Bouddhisme ésotérique ou positivisme hindou, et d’Annie Besant : Pourquoi je devins théosophe, à la Librairie de l’art indépendant (avec la précision : « publications de la Société Théosophique Hermès « ) d’Edmond Bailly. Camille Lemaître est née le 25 mai 1845, et est décédée le 25 janvier 1892 ; son mari Julien, lui aussi théosophe, vétérinaire, est né le 20 janvier 1826 et est décédé le 10 mars 1898. Source : informations transmises à D. Andro par Me Sophie Lebouc, du groupe généalogiste de St Florentin (Yonne), ville où un petit groupe de libres penseurs dont ils font partie est séduit par la théosophie. Camille est incinérée à Paris, selon la pratique hindouiste ou bouddhiste reprise par les théosophes. Cf Julien Lemaître : « Camille Lemaître. Vie et mort d’une théosophe », Le Lotus bleu, avril 1894. Camille Lemaître a, enfin, été une correspondante semble-t-il appréciée d’H. Blavatsky, cf. les lettres de cette dernière], où il est aussi fait allusion à Dramard, Arnould et Malon.

Jean-Baptiste Godin a-t-il été membre de la Société Théosophique ? A sa mort, Le Lotus lui rend en tous cas hommage et le tient pour membre de la S.T. « si nous ne nous trompons pas » (Le Lotus, février 1888).

L’étonnant abbé Roca (1830-1893) avait dans sa bibliothèque conservée après sa mort La Revue socialiste (qui avait rendu compte de certains de ses livres). Cf Eugène Cortage : « Un prêtre hétérodoxe. L’abbé Roca 1830-1893) », Bulletin de la société agricole, scientifique et littéraire des Pyrénées Orientales.

L’anarchiste puis socialiste Augustin Hamon, dans L’Agonie d’une société (écrit avec Georges Bachot, Savine, 1889, livre du reste pollué par son antisémitisme), range le « regretté Dramard , socialiste bien connu pour ses études parues dans la revue de Malon » et les théosophes avec les socialistes : « (...) nous dirons qu’au point de vue sociologique, ils sont partisans de la solidarité et préconisent les principes du socialisme » (p.206-207). En revanche, en 1895, il rend compte avec perplexité dans La Société nouvelle de La Clef de la théosophie de Blavatsky publié en français avec une préface d’Arthur Arnould.

Croiser La Revue du mouvement social, La Revue socialiste, et Le Lotus puis Le Lotus bleu fait donc apparaître, à partir de 1884, un réseau assez dense d’intervenants socialisants pour certains de premier plan ouverts à la néo-théosophie de Blavatsky (Fauvety, Nus, Arnould, Dramard, Godin ?) ou acceptant un temps de diffuser ses idées dans des revues (Limousin, Malon), Dramard jouant ici un rôle-clef. Ce réseau semble se distendre avec les morts, outre de Dramard, d’Arnould, Malon, Camille Lemaîre dans la première moitié des années 1890.

Mais il faut encore ajouter que Dramard, Arnould et d’autres, feront alors également partie d’un autre groupe occultiste : l’anglo-saxone Fraternité Hermétique de Louxor (dite H. B. of L.) , qui recourt à des méthodes magiques (miroirs magiques) et à une sorte de magie sexuelle qui a failli emporter la raison d’Arnould hanté par sa femme récemment décédée. cf Christian Chanel, Devenay John P., Godwin Joscelyn : La Fraternité hermétique de Louxor (H.B. Of L.). Rituels et instructions d’occultisme pratique, Dervy, 2000 (p.78, 86, 186, 376 notamment). Dramard lui-même traduit des rituels de la H. B. of L. avec l’occultiste Charles Barlet (Albert Faucheux 1838-1909), future connaissance de René Guénon.