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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Grimes, Adolphe (Joseph Barthélémy)
Article mis en ligne le 9 février 2015

par Desmars, Bernard

Né le 4 décembre 1806, à Montauban (Tarn-et-Garonne), décédé le 16 août 1873 à Toulouse (Haute-Garonne). Officier de l’artillerie. Membre du groupe fouriériste de Besançon. Abonné à La Science sociale. Actionnaire et administrateur de l’Union agricole d’Afrique.

Adolphe Grimes est le fils d’un pharmacien de Montauban. Il entre à l’École polytechnique en 1826, puis rejoint l’École d’application de l’artillerie à Metz en 1828. Lieutenant en 1830, sa carrière militaire le conduit ensuite dans différentes villes de France, notamment à Grenoble en 1837– il est alors promu capitaine – et à Besançon, où il fait partie du groupe fouriériste local. Victor Hennequin l’y rencontre en 1847 lors d’une tournée de conférences effectuée dans l’Est et le Sud de la France :

Gimm [sic] est plein de feu et d’esprit, rien de plus divertissant que de le faire jaser dans une société phalanstérienne, mais avec les civilisés, il est terrible et chiffonne brusquement tous leurs préjugés sans aucun égard, ne faisant pas grâce aux opinions religieuses et se plaisant à donner à toutes les vérités une allure paradoxale. Son bonheur est d’avoir raison en se donnant toutes les apparences d’avoir tort. Il nous expliquait dernièrement qu’il préfère de beaucoup le diable à Dieu. Il y a beaucoup d’appelés et peu d’élus, donc c’est en enfer qu’on trouvera la société la plus nombreuse ; les gens d’esprits sont rarement et difficilement bon catholiques, donc ils sont damnés, donc l’enfer a sur le paradis l’avantage de la qualité comme de la quantité, et il est assurément plus agréable d’être en enfer avec Ninon et Lais que dans le paradis avec Ste Philomène.

Supposez une dévote assistant à cette démonstration et vous aurez une idée de la vocation de notre ami Grimm pour la propagande [1].

Il participe aux banquets organisés à Besançon en 1846 et 1847 pour célébrer l’anniversaire de la naissance de Fourier. A chaque, fois, il prononce un bref discours. En 1847, il porte un toast

A la trinité cosmogonique ! A Dieu créateur et moteur éternel ! qui crée de toute éternité ! A Dieu, qui commande à ses créatures par l’attrait, qui se révèle par les affections et par la jouissance ! A Dieu, qui met la douleur et la répugnance en sentinelles pour faire détester la désobéissance à ses lois !

A la matière éternelle ! A cet élément tant calomnié de toute manifestation belle et charmante ! A la matière, qui donne à Raphaël les couleurs pour peindre ses suaves tableaux ; à Démosthène et à Mirabeau, la parole pour entraîner les peuples ; à l’architecte, les marbres et les métaux pour édifier les temples ; à Rossini, à Meyerbeer, les sons harmonieux pour nous ravir, pour nous communiquer les plus enivrantes émotions.

Au principe régulateur éternel ! auquel l’artiste et le savant, favoris de Dieu, empruntent toujours les lois du beau, en acceptant avec transport un tel servage ! au principe régulateur qui dirige sous les mains de Michel-Ange les proportions gigantesques de Saint-Pierre de Rome et les lignes de la coupole audacieuse que l’architecte sublime a suspendue dans les airs ! Au principe immuable qui règle dans les cieux l’ordonnance des planètes et le nombre de leurs satellites !

A l’unitéisme ! enfin. A ce sentiment synthétique de la religiosité la plus haute, qui veut l’union de l’homme avec tous ses frères de la famille humaine, avec l’univers extérieur manifestant Dieu, avec Dieu son pivot et son centre émanateur ! [2]

En 1845, quelques fouriéristes lyonnais conduits par Aimée Beuque et François Barrier projettent la formation d’une entreprise agricole d’inspiration phalanstérienne en Algérie. Quelques Bisontins, dont Grimes font partie des trente-deux fondateurs de la société l’Union agricole dont l’acte est signé le 31 décembre 1845. Grimes s’y fait représenter par Félix Beuque. Il entre en août 1847 au conseil d’administration de l’Union, alors déplacé de Lyon à Besançon. Mais il y siège peu de temps car il est affecté dans une nouvelle garnison [3].

En 1850, il est muté à Tlemcen, en Algérie. L’année suivante, il retrouve une place au conseil d’administration de l’Union agricole d’Afrique, dont le siège vient d’être transféré à Saint-Denis-du-Sig [4]. En 1852, il a déjà investi 1 000 francs dans le capital de la société [5]. Celle-ci connaissant de graves difficultés financières qui la mènent au bord de la liquidation, il fait partie des quelques actionnaires qui lui prêtent de l’argent, ce qui permet de la sauver [6].

En 1853, il est muté à Constantine ; il reçoit la Légion d’honneur l’année suivante. En 1859, il participe à la guerre d’Italie, à l’issue de laquelle il devient officier de la Légion d’honneur. Il reste ensuite en métropole, successivement à Belfort, Toul et Cherbourg. Il prend sa retraite en 1863. Il s’installe à Toulouse avec son épouse Philippe Gormond, originaire d’Ornans (Doubs) ; elle décède en avril 1864 ; il se remarie l’année suivante avec la fille d’un tisserand, âgée de 30 ans, avec qui il a eu un fils, né en août 1864 et alors déclaré « de père et de mère inconnus », mais reconnu et légitimé lors du mariage.

Dès la parution de La Science sociale, au printemps 1867, il s’abonne au nouveau périodique fouriériste. L’année suivante, il écrit à la rédaction :

Je lis avec le plus vif intérêt la revue que vous dirigez. Les signataires des travaux sont pour le plus grand nombre des vieux et intimes amis avec lesquels je suis en pensée très activement. Les devises de la réforme sociale sont les miennes depuis les années de ma jeunesse, et n’ont pas cessé d’être plus vivantes que jamais au milieu du chaos verbeux et amphigourique dans lequel nous pataugeons

La grande distance qui est entre nous, et la médiocrité pécuniaire d’un officier en retraite me privent de l’intime jouissance de vous serrer cordialement la main physique, mais le cœur et la pensée n’ayant pas de tarif pour voyager me donnent la faculté de vous dire avec la même énergie que si j’étais présent : courages et vives sympathies. [7]

En 1869, il publie un article dans La Science sociale « sur l’emploi combiné de l’armée pour le temps de guerre et pour le temps de paix » : si l’armée doit être utilisées à des tâches militaires (« défense du territoire contre toute attaque ; appui donné aux voisins faibles, pour le soutien de la justice et pour l’honneur de la France ; campagnes éventuelles »), elle doit aussi l’être à des activités civiles et utiles à la collectivité : travaux d’irrigation, de drainage, de reboisement, construction de canaux, etc [8]. Grimes retrouve ici le thème des « armées industrielles », thème déjà traité par Fourier et développé par Jean-Baptiste Krantz. La suite annoncée à la fin de l’article n’est pas parue dans La Science sociale.

La guerre de 1870-1871 interrompt momentanément l’activité de l’École sociétaire et donc les relations entre le Centre parisien les disciples de province. Mais quand les activités fouriéristes sont réorganisées en 1872 autour de la Librairie des sciences sociales et du Bulletin du mouvement social, Grimes semble rester à l’écart de ce mouvement. Son décès n’est pas mentionné dans le nouveau périodique fouriériste, ni dans le compte rendu du banquet du 7 avril 1874, lors duquel Pellarin recense les phalanstériens décédés depuis le 7 avril 1873 [9].


Aphorisme du jour :
Les sectes suffisent à elles seules à guider la politique humaine dans le labyrinthe des passions
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