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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Thérault, (Ambroise Julien) Auguste
Article mis en ligne le 12 mai 2015
dernière modification le 18 octobre 2015

par Desmars, Bernard

Né le 9 janvier 1797 à Montsûrs (Mayenne), décédé le 5 février 1864 à Château-Chinon (Nièvre). Professeur d’humanités et de rhétorique dans le secondaire, à Mayenne (Mayenne), Saumur (Maine-et-Loire) et Libourne (Gironde).

Fils d’un tisserand, Auguste Thérault fait des études secondaires et obtient le baccalauréat littéraire en 1819. Il commence aussitôt à enseigner dans les classes élémentaires du collège de Château-du-Loir (Sarthe), avant de rejoindre le collège d’Ernée (Mayenne) ; il est ensuite maître d’études au collège de Baugé (Maine-et-Loire), puis dans une pension de La Flèche. Il est nommé en 1823 au collège royal militaire de La Flèche (le Prytanée). Il en démissionne en 1831 pour retrouve une place dans l’enseignement civil. Il est successivement nommé régent de la classe de troisième dans les collèges de Château-Gontier (Mayenne, 1832) puis de Mayenne (1833). Dans ce dernier établissement, il devient régent de seconde, puis de la classe de rhétorique.

Il est muté en 1834 au collège de Saumur, où il remplit les fonctions de régent de troisième. Il se marie l’année suivante avec Anne Eulalie Gicqueau qui, fille d’un chirurgien-dentiste, tient un commerce de librairie à Saumur. Un garçon naît en 1836. Auguste Thérault devient régent de seconde en 1838.

Thérault fait partie du petit groupe de phalanstériens de Saumur. Au collège, il a pour collègues Gustave Considerant, professeur de mathématiques et frère de Victor, et Chouteau, professeur de philosophie et sympathisant des idées fouriéristes. Sous son influence, deux de ses élèves au moins, Pierre Cailhabet et Ernest Bardou rejoignent le mouvement sociétaire qu’ils vont durablement soutenir. En 1898, l’auteur de la nécrologie de Pierre Cailhabet rappelle les conditions de son adhésion aux idées de Fourier et le rôle de son professeur de seconde :

Il y avait en ce temps-là, au collège, un professeur de seconde qui, au lieu de l’initier aux beautés des Lettres grecques et romaines, lui parla, ainsi qu’aux autres élèves, de la Doctrine de Charles Fourier (Nous regrettons de ne pas connaître le nom de ce zélé condisciple) Gustave Considerant […] ne cessait de renchérir sur ce que leur disait le professeur de seconde. C’est ainsi que nos condisciples Pierre Cailhabet et Ernest Bardou, son intime ami, devinrent Phalanstériens [1].

Le couple Thérault-Gicqueau est actionnaire de la Société du 10 juin 1840 pour la propagation et pour la réalisation de la théorie de Fourier, l’action étant souscrite au nom d’Anne Eulalie Gicqueau.

Les convictions phalanstériennes de Thérault ne sont pas mentionnées par le principal de son collège et par l’inspecteur académique qui, s’ils reconnaissent son zèle, jugent ses capacités limitées. A un moment où le poste de rhétorique est vacant au collège de Saumur, le recteur hésite à le lui confier :

L’opinion, que je dirais publique, regarde M. Thérault comme n’ayant pas toutes les qualités nécessaires pour professer la rhétorique avec succès […] D’un autre côté, M. Thérault, qui a de la modestie et qui se connaît, ne demande pas la rhétorique [2].

L’année suivante, le jugement reste aussi sévère sur les qualités intellectuelles de Thérault, dont les qualités humaines sont toujours appréciées :

Si son enseignement n’a pas été brillant, il a été solide et consciencieux. Il s’est montré constamment animé du meilleur esprit surtout à une époque où des divisions fâcheuses existaient entre ses collègues [3].

Mais en 1844, écrit le recteur :

Ce fonctionnaire vient d’être cruellement frappé dans ses plus chères affections. Sa femme a abandonné le domicile conjugal après l’avoir en partie dépouillé. M. Thérault, resté avec un fils unique âgé de sept ans, a été forcé de vendre une partie de son avoir pour s’éloigner d’un pays où il ne retrouverait plus que les plus pénibles souvenirs [4].

Thérault souhaite alors être affecté dans une autre académie, de Paris, d’Orléans, d’Amiens ou de Caen. Il est nommé régent de seconde au collège de Libourne, en Gironde. Il y enseigne jusqu’en 1848 ; il demande alors un congé, mais il est mis à la retraite ; il proteste contre cette mesure, la durée de son activité ne lui permettant pas de percevoir une pension suffisante. Cette mesure est rapportée en 1849 et il est nommé à La Réole (Gironde) pour occuper à la fois la chaire de seconde et celle de rhétorique ; mais il refuse de prendre ces fonctions, considérant qu’elles représentent une charge de travail trop lourde pour son âge et ses forces, et qu’elles sont de surcroît moins bien rémunérées que le poste occupé à Libourne [5]. Il est donc maintenu en disponibilité, puis, en décembre 1851, il est placé « en traitement de réforme », avec un revenu décroissant au fil des années (300 francs par an en 1857). Il vit alors à Laval (Mayenne). Il demande en 1857, soit un poste d’enseignant, soit sa mise à la retraite, qu’il obtient en 1858.

Il meurt à Château-Chinon (Nièvre), chez son fils, contrôleur des contributions directes. Quelques mois plus tard, sa veuve se remarie à Saumur avec son ancien élève Pierre Cailhabet.