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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Napias, Louis-Marie (ou Napias jeune)
Article mis en ligne le 29 septembre 2016
dernière modification le 30 septembre 2016

par Chérouvrier, Daniel, Desmars, Bernard

Né à Romilly-sur-Seine (Aube) le 15 mars 1815. Décédé le 12 décembre 1866 à Paris (Seine), 20e arrondissement. Commerçant et fabricant de bonneterie, puis négociant. Fondateur en 1850, avec son frère Claude-Dominique Napias, de la colonie socialiste de Saint-Just (Marne). Propagandiste socialiste. Condamné à l’expulsion après le 2 décembre 1851, puis gracié en 1852.

Louis-Marie Napias est le fils de Jean-Dominique Napias, marchand à Romilly-sur-Seine. Très tôt orphelin de père (1816), puis de mère (1817), il a pour tuteur Louis-Joseph Bouillerot, curé de Romilly-sur-Seine, prêtre assermenté sous la Révolution et admirateur de Voltaire, parent des Napias [1] ; il est élevé à Saint-Just, chez ses grands-parents maternels. En 1836, il est « négociant » (lors du recensement) ou « marchand de bonneterie » lors de son mariage avec Rosalie Coudrot, la fille d’un propriétaire de l’Yonne. En 1843, il entre au conseil municipal de Saint-Just qu’il quitte en 1848 [2]. En 1845, il dépose une demande de brevet, avec un serrurier-mécanicien de Troyes, pour l’invention d’un nouveau poinçon mécanique utilisé dans la bonneterie et dans la ganterie [3] ; les deux hommes fondent une société, dont le siège est situé à Saint-Just, pour exploiter leur invention [4].

Parfois seul, parfois avec son frère aîné Claude-Dominique (dit aussi Napias-Piquet ou Napias aîné), et au prix d’un endettement élevé, il fait de nombreuses acquisitions immobilières dans les années 1840, dont le château de Saint-Just, centre de la « colonie agricole et industrielle » fondée en avril 1850. L’association comprend principalement des habitants domiciliés à Saint-Just et dans les communes voisines, ainsi que quelques membres venus de Troyes, Lille et Paris ; y participent l’officier fouriériste Hippolyte Madaule et le publiciste Auguste Guyard. L’activité de la société, dont Louis-Marie est l’un des deux directeurs, ne dure que quelques mois. En 1851, Louis-Marie Napias et sa famille – il a alors trois enfants – sont recensés à Saint-Just ; mais peu après, ils s’installent à Paris, ainsi que Claude-Dominique et les siens. Une partie de leurs biens de Saint-Just et des environs sont vendus ou saisis par décision judiciaire. Quand ils reviennent dans la Marne et dans l’Aube, les deux frères sont activement surveillés par la police, qui les soupçonne de prosélytisme socialiste.

A Paris, Louis-Marie tient un magasin de literie. Au lendemain du 2 décembre 1851, il est arrêté, ainsi que son frère, avec lequel il est parfois confondu dans les pièces d’instruction ; il est considéré par la commission militaire de Paris comme un « agitateur fort dangereux », « aux opinions démagogiques très exaltées » ; il serait « affilié aux sociétés secrètes » ; on aurait « saisi à son domicile deux fusils de chasse, des balles, des cartouches et des capsules » [5]. Il est condamné à quitter le territoire français. Il séjourne en Angleterre d’où il envoie des demandes de grâce ; il s’efforce de dissocier son cas de celui de son frère, aussi condamné à l’exil, et souligne que la commission mixte de la Marne ne lui a infligé aucune peine. Une décision du prince-président, datée du 15 août 1852, lui permet de rentrer en France, tout en étant assigné à résidence à Foix (Ariège), puis, après un nouveau recours, au Havre. Finalement, il obtient une grâce impériale le 18 décembre 1852 qui lui permet de se réinstaller à Paris.

Ses voyages dans la Marne et dans l’Aube, ainsi que ceux de son frère, continuent à faire l’objet de la surveillance de la police. En juin 1853, le préfet de l’Aube alerte le ministère de la Police générale, car le « nommé Napias (jeune), condamné politique amnistié demeurant à Sauvage près Saint-Just (Marne) » lui est signalé « comme faisant de fréquentes apparitions à Romilly-sur-Seine dans le but de seconder les mauvaises tendances de quelques hommes de cette localité notoirement connue comme hostile au gouvernement » [6]. Annonce-t-il son intention de faire des portraits au daguerréotype dans les villages voisins de Saint-Just ou lors d’un prochain voyage dans le Midi ? Le préfet suggère de « le faire surveiller pendant cette tournée probablement plus politique qu’industrielle ». Selon ce même fonctionnaire, « ses biens sont expropriés et il est sans ressources » [7]. En 1855, il est encore poursuivi par un créancier devant le tribunal de commerce de Troyes pour un emprunt contracté en 1850 et non remboursé [8].

A partir du milieu des années 1850, Louis-Marie Napias, qui réside à Paris, ne semble plus avoir d’activité politique et les autorités ne signalent plus sa présence – ou ne s’en inquiètent plus – dans l’Aube et dans la Marne, cela jusqu’à son décès en 1866.