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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Gillet, Gabriel
Article mis en ligne le 7 juin 2018

par Desmars, Bernard

Né le 19 octobre 1859, à Marseille (Bouches-du-Rhône). Professeur de musique. Membre du groupe phalanstérien de Marseille vers 1880-1885, orateur lors des banquets fouriéristes marseillais.

Gabriel Gillet est le fils d’un instituteur, qui prend ensuite la direction d’une « institution préparatoire aux écoles spéciales du gouvernement » et qui est aussi président de la société spirite de Marseille » [1].

En janvier 1879, Jean-Baptiste Guizou, l’animateur du groupe phalanstérien marseillais, écrit au Centre parisien de l’École sociétaire ; il lui signale notamment qu’il a reçu

la visite de Mr Gillet jeune, homme de dix-neuf ans, possédant la connaissance de la théorie phalanstérienne et plein de zèle pour la préparer.

Après la lecture des deux articles des numéros [des] 1er et 15 janvier, notre condisciple n’a pas hésité à prendre un abonnement au Bulletin, pour les six premiers mois en 1879 pensant que l’école sociétaire aura, enfin, un organe qui contribuera à la diffusion de ses principes.

M. Gillet devant commander quelques livres à notre ami Mr Talon [gérant de la Librairie des sciences sociales] qui lui a déjà envoyé les Œuvres complètes de Ch. Fourier et le Fou du palais royal [de François Cantagrel, profitera de cette occasion pour vous faire parvenir le montant de l’abonnement [2].

G. Gillet s’abonne effectivement en février 1879 [3]. Il assiste au banquet organisé le 7 avril à Marseille pour l’anniversaire de la naissance de Fourier. D’après le compte rendu de la fête,

Un jeune homme de 19 ans, nouvellement initié à la doctrine, M. Gillet, exprime avec chaleur l’impression qu’ont produite en lui de si grandes et si consolantes vérités [4].

D’après la relation de ce banquet parue dans le Bulletin du mouvement social,

M. Gillet, […] a affirmé le vide de la politique qui, dans notre milieu subversif, a-t-il dit, porte aux luttes stériles les âmes les plus pacifiques et est un obstacle aux études sérieuses. Le jeune adepte a vivement insisté sur la propagation active du principe d’association [5].

En 1880, alors que la Librairie des sciences sociales est menacée de disparition, Achille Rebuffat, secrétaire du groupe phalanstérien de Marseille, envoie une liste de condisciples apportant leur soutien financier à l’établissement. Gillet en fait partie [6]. Deux ans plus tard, il envoie au Centre parisien le compte rendu du banquet marseillais organisé le dimanche 9 avril pour célébrer la naissance de Fourier [7]. Il demande, au nom de ses condisciples marseillais, des informations sur la manifestation organisée à Paris.

En 1885, il prononce un long discours lors du banquet du 7 avril. Il constate que l’École sociétaire, telle qu’elle a existé autrefois, et même telle qu’elle a été réorganisée au milieu des années 1860, n’existe plus.

Mais, un nouvel âge, une deuxième période a, depuis peu, commencée pour elle. Et déjà, elle s’apprête au combat ! […] Et vous, mes vieux copains, vous et moi qui nous trouvons cette fois de la fête, nous, les néophytes, les jeunes (les trop jeunes même, je le crains), nous qui allons combattre à côté des aînés, des chevronnés de la première École, à côté des aïeux, tâchons de tenir bon à la lutte morbleu ! et de les soutenir !

[…]

[Dans cette nouvelle phase de l’École sociétaire], son objet, autrefois principal, la sociologie phalanstérienne, est devenu aujourd’hui son objet spécial, son unique objet. […]

Passée au crible des nouvelles méthodes scientifiques, la sociologie phalanstérienne s’est débarrassée, déliée, de tout le fatras de conjectures et conceptions cosmogoniques, métapsychiques, providentielles, etc., qui, certes, étaient d’une portée mentale peu commune et géniale même, d’une très haute valeur idéologique, poétique, esthétique, mais qui, malheureusement, n’étaient rien moins que positives, rien moins que scientifiques, ce qui nuisait, ce qui devait forcément nuire aux données purement sociologiques, qui en étaient entremêlées, engluées, et qui, cependant, considérées en elles-mêmes, ne sauraient présenter un caractère plus orthodoxalement [sic] scientifique et positif [8].

En 1886, Gabriel Gillet est témoin lors du mariage qui unit sa sœur Adrienne et Jules Combet, président du groupe fouriériste lors du banquet de 1885. Il se présente alors comme artiste. La même année, il est « musicien », d’après le recensement. Il est ensuite professeur de musique et donne des « cours d’harmonie et d’instrumentation à domicile et par correspondance » ; il propose aussi des « orchestrations, transcriptions, corrections, analyses » [9] ; il enseigne le trombone au Conservatoire communal de musique et de déclamation de Marseille, dont il est l’administrateur pendant plusieurs années autour de 1900 [10]. Il reçoit les palmes académiques à cette même période [11].