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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Barberousse, Louise
Article mis en ligne le 6 avril 2023

par Desmars, Bernard

Née le 9 mars 1836 à Cosne-sur-Loire (Nièvre), décédée le 13 mars 1900 à Paris, 1er arrondissement (Seine). Institutrice à Cosne-sur-Loire, puis directrice d’une école privée et laïque de jeunes filles à Paris. Féministe et libre-penseuse. Abonnée au Bulletin du mouvement social, présente lors d’un banquet célébrant l’anniversaire de la naissance de Fourier.

Louise Barberousse est la fille d’un conducteur des ponts-et-chaussées du département de la Nièvre. Elle est institutrice à Cosne-sur-Loire [1]. En janvier 1879, elle s’abonne par l’entremise de François Estienne au Bulletin du mouvement social, un organe fouriériste qui cesse de paraître quelques mois plus tard [2].

Directrice d’école à Paris

Vers 1880, elle s’installe à Paris où elle tient une « école laïque libre de jeunes filles » [3], d’abord rue des Lions-Saint-Paul, puis rue Jean Lantier et enfin rue Boucher. Cette école reçoit une subvention du conseil municipal de Paris qui finance également des bourses pour des élèves. La formation est d’une part primaire – elle commence même dès l’école maternelle [4] – et professionnelle ; elle prépare notamment à l’entrée dans les Écoles normales d’institutrices [5]. Mais, d’autre part, « l’enseignement comprend les études complètes pour les examens, et même le latin et le grec en vue du baccalauréat ès lettres des jeunes filles » [6]. On y trouve donc à l’automne 1883 des cours intitulés, les uns « Hygiène et économie domestique. Tenue de la maison », et les autres « Rhétorique, éloquence et poésie » [7]. Un an plus tard, deux cours publics et gratuits sont dispensés, avec, pour le brevet supérieur « Pédagogie et étude des auteurs : Corneille et Polyeucte », le 13 novembre 1884, ou, « Pédagogie et étude des auteurs : Molière, Le Misanthrope », le 4 décembre suivant ; et, aux mêmes dates, pour les filles se préparant au baccalauréat, « Version latine et auteurs : Virgile, Bucoliques », puis « Version latine et auteurs grecs : Xénophon, La Cyropédie » [8]. L’établissement propose aussi une « préparation rapide des jeunes filles aux baccalauréats des lettres et des sciences » [9]. En 1890, un « cours annexe […] pour la préparation des enfants aux études des lycées » est ouvert ; il accueille « vingt élèves, petites filles et petits garçons de huit et neuf ans » ; il se déroule pendant une heure, trois fois par semaine, et peut recevoir « les parents ou les personnes que cet enseignement nouveau peut intéresser » [10]. Louise Barberousse est déléguée au Congrès international de l’enseignement primaire par l’Académie de Paris [11].

Elle accueille aussi dans les locaux de l’école son ami Jules Allix, qui entretient lui-même des relations avec le mouvement fouriériste. D’après les annonces qui paraissent dans la presse, il donne des cours de lecture gratuits [12] ou encore un « cours de lecture et d’écriture rapide pour les enfants » [13], et plus tard, en 1887, un « cours spécial de lecture et écriture rapides pour les jeunes enfants des deux sexes, à partir de cinq ans » [14].

Engagement féministe : pour le vote féminin

Allix accompagne aussi Louise Barberousse dans son combat féministe. Tous les deux participent aux activités du Cercle social des femmes, créé en 1881 ; la seconde préside cette organisation en 1884 [15]. Puis, à la fin de cette même année 1884, elle fonde avec son ami une Ligue de la protection des femmes, dont elle est aussi la présidente. Cette ligue réclame notamment « l’inscription des femmes sur les listes électorales » [16]. L’année 1885 est dominée, pour l’institutrice féministe, par la question du vot des femmes [17].

Louise Barberousse essaie d’abord de se faire enregistrer comme électrice dans le 1er arrondissement ; la commission municipale ayant refusé, elle dépose un recours chez le juge de paix ; lors de l’audience, un avocat et Jules Allix justifient sa demande, en soulignant qu’elle remplit les conditions de nationalité, d’âge et de résidence, seules exigées pour la capacité électorale, et en invoquant l’universalité du suffrage depuis 1848, les constitutions ne faisant pas de distinction entre les sexes. Ce recours ayant été rejeté, Louise Barberousse se pourvoit devant la cour de cassation qui valide la décision du juge de paix [18]. Cet « arrêt Dame Barberousse » fait jurisprudence [19].

Elle essaie ensuite de susciter des candidatures féministes pour les élections législatives d’octobre 1885. Considérée elle-même comme une « révolutionnaire exaltée » [20], elle se tourne du côté des socialistes révolutionnaires. Début août 1885, elle préside une réunion publique de la Fédération républicaine socialiste, dont le but est de présenter des candidatures féminines aux élections législatives. Plusieurs noms sont immédiatement proposés, dont le sien [21]. Hubertine Auclert, pourtant favorable au vote et à l’éligibilité des femmes, envoie une lettre à la presse dans laquelle elle se désolidarise de l’initiative de Louise Barberousse ; elle lui reproche d’avoir lié la question des candidatures féminines au seul courant socialiste, alors que ce projet « pouvait rallier toutes les nuances du parti républicain » [22]. Finalement, la liste présentée par la Fédération républicaine socialiste comprend six femmes – dont, outre Louise Barberousse, Maria Deraismes et Léonie Rouzade – et trente-deux hommes dont Henri Rochefort (en tête), Jules Allix (en deuxième position), mais aussi Jules Guesde, Édouard Vaillant, Jean Allemane, Félix Pyat, etc. [23] Il est impossible de connaître le score des candidates, dont le nom a été rayé des listes et dont les voix n’ont pas été comptées [24].

Elle participe à une nouvelle tentative électorale quelques années plus tard. Elle fait partie des candidates choisies en décembre 1892 par la Ligue de l’affranchissement des femmes pour se présenter aux élections législatives et municipales de l’été 1893, liste conduite par Hubertine Auclert [25].

Organisations et propagande féministes

Après les élections, à l’automne 1885, Louise Barberousse et Jules Allix fondent une nouvelle organisation, la Fédération des femmes, qui est dotée d’un journal hebdomadaire également nommé La Fédération des femmes [26] ; Louise Barberousse se charge du feuilleton et du « premier-Paris » [27]. Cet organe disparaît après neuf numéros en janvier 1886. La Fédération des femmes organise le 15 avril 1886 une soirée avec à l’ordre du jour : « Conséquences de la crise actuelle pour la question du droit des femmes ; grève de Decazeville » ; y interviennent Louise Barberousse et Jules Allix ainsi qu’une certaine Mme de Somma [28] ; quinze jours plus tard, c’est la Ligue de la protection des femmes qui organise une discussion publique sur « la vérité et les erreurs du spiritisme », avec les mêmes orateurs [29]. Puis, c’est à nouveau la Fédération des femmes qui organise une réunion publique, où Louise Barberousse prononce une conférence sur « l’université des femmes » [30]. Ces deux « fédérations » semblent parfois se confondre [31], parfois exister distinctement [32].

Louise Barberousse fait partie de la Société pour l’amélioration du sort de la femme et la revendication de ses droits ; elle est membre de son conseil d’administration, et quand l’association décide « d’organiser des cours et conférences d’enseignement supérieur pour les femmes dans les différents arrondissements de Paris et de la banlieue », elle constitue une commission au sein de laquelle se retrouvent Louise Barberousse, Virginie Griess-Traut, Jules Allix et trois autres membres [33].

C’est dans le cadre de la même association, avec le concours de d’une loge maçonnique, que Louise Barberousse prononce une conférence sur « la femme asservie par les religions – libre par la science », l’après-midi du dimanche 21 août 1887 [34].

En 1890, elle siège au bureau de la Société pour l’amélioration du sort de la femme et la revendication de ses droits, où elle voisine avec Maria Deraismes, Virginie Griess-Traut, Anna Féresse-Deraismes et Jules Allix [35]. Elle y est encore en 1899, et y assure la fonction de secrétaire archiviste ; on trouve d’ailleurs dans ce bureau plusieurs autres fouriéristes ou sympathisants du mouvement sociétaire, comme Anna Féresse-Deraismes (présidente), Charles Beauquier (vice-président), Montaut (vice-président honoraire), Lina Lindsay (secrétaire des procès-verbaux), Jules Allix (secrétaire de l’administration), Olga Petti (trésorière) [36].

Libre pensée et franc-maçonnerie

Louise Barberousse, toujours secondée par Jules Allix, est également une militante du mouvement libre penseur. En septembre 1881, elle participe au congrès international de la libre pensée [37]. Lors de la campagne électorale de 1885, elle « attaque le confessionnal et les églises qui confisquent les femmes au détriment de la politique » [38]. Elle contribue à l’organisation du « Congrès universel des libres penseurs » qui se tient à Paris en septembre 1889 [39]. Puis, ce congrès ayant décidé la création d’une Fédération de la libre pensée, elle est désignée pour faire partie de la commission chargée d’élaborer les statuts de cette organisation [40].

Elle fait également partie de la loge mixte « le Droit humain » fondée par Maria Deraismes [41]. Lors de la cérémonie organisée en juin 1895 pour l’inauguration de la rue Maria Deraismes, elle prononce un discours au nom de cette loge [42] ; en octobre suivant, elle prend encore la parole pendant le banquet réuni à l’occasion de l’inauguration du buste de Maria Deraismes [43].

En 1899, elle préside la commission exécutive du congrès international des études psychiques [44].

Alors qu’après la fin de son abonnement au Bulletin du mouvement social, elle est restée éloignée de l’École sociétaire, elle assiste en avril 1896 au banquet célébrant l’anniversaire de la naissance de Fourier [45]. Il est possible que sa fréquentation de Virginie Griess-Traut, de Lina Lindsay et d’Olga Petti, qu’elle rencontre lors de réunions féministes et qui sont des habituées de ces fêtes, explique sa présence à cette manifestation.


Aphorisme du jour :
Les sectes suffisent à elles seules à guider la politique humaine dans le labyrinthe des passions
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