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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Trullard, Jacques
Article mis en ligne le 16 décembre 2012
dernière modification le 17 avril 2017

par Sosnowski, Jean-Claude

Né le 25 décembre 1815 et décédé le 15 avril 1887 à Dijon (Côte-d’Or). Professeur de Belles-lettres à Dijon.

Jacques Trullard est le fils d’un officier alors en retraite lors de la déclaration de sa naissance, Pierre Trullard, âgé de 37 ans, demeurant rue du Lycée à Dijon et de Suzanne Grangier, âgée de 19 ans. Professeur de lettres, en 1841, Jacques Trullard publie une traduction de La Religion dans les limites de la raison de Kant qu’il dédie à Tissot, son maître [voir cette notice] : « [...] cette philosophie doit, selon Trullard, nous ramener dans les voies sociales, religieuses et politiques que, trop faibles, nous avons abandonnées ». L’ouvrage est précédé d’une lettre d’Edgard Quinet adressée au traducteur qui montre que Quinet a incité Trullard à cet exercice. Jacques Trullard lui dédie sa traduction de l’Histoire de la philosophie chrétienne de Ritter publiée en 1843-1844. Il se marie tardivement à Caroline Pernet, le 7 septembre 1856, à Moutiers-Hautepierre (Doubs), d’après l’acte de naissance de leur fils Jean-Claude Théophile né à Dijon le 31 mai 1857 et de leur fille Marie Françoise Eugénie née à Dijon le 21 octobre 1858.

En 1839, Jean-Claude Oudot cite Jacques Trullard parmi la trentaine de Dijonnais qui « se disent hautement phalanstériens » [1]. C’est l’unique mention de son appartenance au groupe phalanstérien local. Néanmoins, le 22 octobre 1848 lors du banquet démocratique et social tenu à Dijon, il porte un toast à « la famille et à la propriété » [2]. Dans un long discours, anti-royaliste, il vante une conception particulière de la propriété à travers le talent :

Citoyens, savez-vous de quoi se compose la richesse d’une nation ? Elle se compose de la terre, des mines, des pêcheries, d’une part, et, de l’autre, de toutes les forces productives des travailleurs. Les uns ont en propriété le premier capital, la terre, les mines, les pêcheries, et les autres ont pour capital unique leurs forces industrielles, leur dextérité, leurs connaissances en agriculture, en bâtisse, enfin leur talent d’un genre ou d’un autre. Ce talent, citoyens, du moment qu’il peut être utile, n’est-il pas une propriété qui a coûté à acquérir, qui coûte à féconder, qui coûte à conserver souvent même plus que la terre ? [...] Eh bien ! Le royalisme frappe cette propriété, aussi sacrée, plus sacrée peut-être que toute autre, de stérilité, d’inutilité en grande partie. Il rend le travail insuffisant pour l’existence, surtout pour l’existence démocratique du travailleur ; et, bien plus, il le rend infiniment trop peu productif pour la nation. Il condamne ainsi à mort l’ouvrier, et arrête l’accroissement de la richesse de tous. Il faut donc rappeler le royalisme au respect de la propriété, car la force productive, je ne me lasserai pas de le répéter, est une propriété ; et s’il n’est pas permis de ravager les récoltes de la terre, il n’est pas permis davantage de réduire le travail à sa discrétion pour s’emparer de la plus forte partie, sinon de la totalité des produits de ses concitoyens. Je porte donc un toast au droit imprescriptible de toutes les propriétés !

Au cours de l’année, il écrit dans Le Citoyen, critique les doctrines économiques libérales, la théorie du salaire et la doctrine de Malthus. Selon Pierre Lévêque, il est l’auteur d’un article paru dans le numéro du 25 octobre 1848 présentant « Charles Marx [...], probablement l’intelligence la plus éminente [...] de l’Allemagne toute entière, depuis la mort du professeur Hegel » [3].

Au lendemain du coup d’État du 2 décembre, le commissaire central de police de Dijon le qualifie d’« auteur de brochures socialistes, homme spirituel, très intelligent et très dangereux » [4].