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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

174-175
VERLET Bruno : Des pionniers au Texas : 1850-1880 (2012)
Paris, Vendémiaire, 2012, 185 p., préface de Michel Cordillot
Article mis en ligne le 20 décembre 2012
dernière modification le 8 octobre 2016

par Brémand, Nathalie

Qu’est-ce qui fait une immigration réussie ? Bruno Verlet tente de répondre à cette question à travers l’exemple du Texas, état esclavagiste rattaché aux Etats-Unis en 1845 et dont les dirigeants encouragèrent l’immigration en offrant de vastes terres à défricher et à peupler. L’originalité de l’ouvrage est de mettre en parallèle quatre expériences menées par des groupes d’individus aux origines et aux motivations très différentes mais qui virent tous dans ce pays une terre promise pour repartir à zéro. L’auteur analyse, à l’aide d’une documentation remarquable, la création de Castroville peuplée d’Alsaciens, d’Allemands et de Suisses, l’implantation de paysans polonais de Silésie en particulier à Panna Maria, l’essai de colonisation communiste d’Etienne Cabet et enfin l’immigration allemande avec ses latin farmers. On regrettera sans doute que la démarche « utopique » soit représentée par la communauté icarienne de Cabet ou plus exactement par son épisode texan particulièrement désastreux de 1848. Les cabétistes ont donné à voir leur tentative de colonisation communiste non pas au Texas mais, comme le dit lui-même Bruno Verlet, dans l’Illinois à Nauvoo puis dans d’autres Etats (Missouri, Iowa, Californie). Le choix de la communauté fouriériste de Réunion – évoquée cependant dans l’ouvrage – aurait été plus fructueux. Les fouriéristes dans cette partie du Texas furent plus nombreux, leur présence bien plus durable que celle des communistes, et l’analyse de cet essai offre davantage d’enseignements autour de la problématique de l’immigration texane. L’étude des « débuts contrariés » de la colonie icarienne n’en reste pas moins particulièrement intéressante car l’auteur y apporte des éléments peu connus sur cet épisode, et parce qu’il pointe dans son analyse l’importance extrême du rôle des avant-gardes dans les expériences colonisatrices. La connaissance insuffisante (et souvent fantasmée) du pays d’accueil, la précipitation des départs, le manque de préparation des hommes, l’inadaptation des professions aux besoins sur le terrain, sont autant d’explications à l’échec prématuré ou à la réussite éphémère de nombreuses entreprises de colonisation, que celles-ci soient menées en vue de la création d’un nouveau système social ou pas.