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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Bonamy, Auguste (Joachim Théodore)
Article mis en ligne le 19 septembre 2013
dernière modification le 20 novembre 2013

par Desmars, Bernard

Né le 28 avril 1806, à Nantes (Loire-Atlantique), décédé le 29 août 1862 (à Nantes). Ingénieur des ponts-et-chaussées. D’abord saint-simonien, puis fouriériste.

Auguste Bonamy appartient à une importante famille nantaise. Son grand-père, François, docteur en médecine et botaniste, a été recteur de l’université de Nantes au XVIIIe siècle, membre d’académies et de sociétés savantes et auteur de nombreuses publications. Son frère aîné, Adolphe-Henri est négociant, président du tribunal de commerce et conseiller municipal ; son cadet, Eugène, médecin, est l’auteur avec Ange Guépin de Nantes au XIXe siècle et de nombreux travaux scientifiques, les uns concernant la science médicale, les autres les problèmes sociaux , il fait également partie de plusieurs sociétés savantes [1].

Auguste n’a que deux ans quand son père, Pierre Bonamy, capitaine au long cours, décède. Bénéficiant d’une demi-bourse provenant du ministère de la Marine, il entre en 1825 à l’École polytechnique. Quand il en sort, c’est pour rejoindre l’École des ponts et chaussées. Pendant ce séjour parisien, il adhère au saint-simonisme et y amène bientôt son frère Eugène, venu faire ses études de médecine à Paris.

Alors qu’il est ingénieur à Bressuire, il participe à une réunion saint-simonienne organisée à Nantes par Ange Guépin en avril 1833 [2].

Pourtant, à cette époque, il a déjà rejoint le mouvement fouriériste, à la suite de plusieurs anciens saint-simoniens. Les critiques de Jules Lechevalier à l’encontre d’Enfantin et de l’Eglise saint-simonienne et ses « propres réflexions [l’]ont conduit à un état de doute bien pénible, dans lequel [il] végète [pendant] plusieurs mois » ; il se procure les leçons de Lechevalier sur « le système de Fourier » ; « vos leçons m’ont vivement intéressé. Je n’ai pas tout bien compris sans doute, je ne sens point encore l’unité du système, les détails de la machine me semblent ingénieux et beaux, mais je ne vois point la liaison qui existe entre les rouages, je ne sais point le moteur qui imprime le mouvement au système. Et pourtant, j’ai grand besoin de me rattacher, d’avoir confiance à quelque chose » ; « indiquez-moi, je vous prie, les moyens d’entrer plus à fond dans le système auquel vous venez de vous vouer, les ouvrages qui m’éclaireront le mieux ». Il prend un abonnement au Phalanstère dès les premiers numéros et fait envoyer le périodique à son frère Eugène, médecin à Nantes, et à un ami qui travaille à la préfecture de La Rochelle. Il est alors ingénieur à Bressuire, « sous-préfecture des Deux-Sèvres, pays de chouans s’il en est. Tout cela ne cadre guère avec mes idées et mes goûts » [3]. En mai 1833, il obtient une mutation dans le Maine-et-Loire, à Cholet, puis à Angers. En septembre 1833, il se réabonne au Phalanstère, et demande alors à Transon des nouvelles de Fourier, de Considerant, de Lechevalier ainsi que des informations sur « vos actes d’aujourd’hui, vos espérances et vos projets d’avenir » [4].

Ensuite, Bonamy s’éloigne probablement de l’Ecole sociétaire ; il n’apparaît plus dans la correspondance fouriériste. Il est nommé dans le service des ponts et chaussées en 1834 à Nantes et s’occupe de l’entretien des routes ; il épouse en 1839 Amélie Virginie Bourcard, la fille d’un négociant nantais. Il est promu ingénieur de première classe en 1843 et obtient la Légion d’honneur en 1847. Il publie la même année dans les Annales des ponts et chaussées un article sur une technique d’empierrement qu’il a lui-même utilisée. Il souhaite alors obtenir un poste lui permettant de faire « des expériences sur une plus grande échelle » et souhaite « un service spécial d’expériences sur l’entretien de routes en empierrement, traversant plusieurs départements consécutifs convenablement choisis » [5].

Sous le Second Empire, il est considéré par ses supérieurs comme un soutien du pouvoir (« Bonamy, par sa vie privée et par ses sentiments politiques, offre les plus grandes garanties […] Il est profondément dévoué à la cause gouvernementale » [6]), revenu à la foi catholique dont il s’était éloigné.

Souffrant de problèmes de santé depuis de nombreuses années, il est mis en disponibilité en 1855 sans avoir obtenu sa promotion, réclamée depuis près d’une dizaine d’années, au grade d’ingénieur en chef. « Jeté dans une mélancolie profonde après la mort de ses enfants, puis « atteint […] d’un véritable dérangement des facultés mentales » en ses dernières années, il se suicide en 1862 [7].