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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Hering, Edouard
Article mis en ligne le 4 octobre 2013
dernière modification le 22 avril 2021

par Desmars, Bernard

Né le 9 janvier 1814 à Barr (Bas-Rhin), décédé le 18 octobre 1893 à Barr (alors en Basse-Alsace, dans l’Empire allemand). Pharmacien. Un des fondateurs du Club vosgien.

Edouard Hering est le fils de Jean-Daniel Hering, pharmacien, et Julienne Carnari (probablement de la famille d’Henri Guillaume Carnari, également né à Barr, et animateur du groupe fouriériste de Strasbourg, dans les années 1830). Il est aussi le frère aîné de Théophile Hering, aussi disciple de Fourier. Il fait son apprentissage de pharmacien à

Portrait d’Edouard Hering, sur la stèle placée sur la commune de Barr (Bas-Rhin)

Strasbourg, puis travaille dans plusieurs villes allemandes (Mayence, Salzgitter), fréquente l’université de Giessen (notamment les cours du chimiste Liebig). En 1840, il succède à son père à la pharmacie de Barr. Il se marie l’année suivante avec Emma Steiner (1816-1887), à Winterthur (Suisse).

Ardent républicain, il est emprisonné quelques semaines aux lendemains du 2 décembre 1851 [1]. Après la parution de Au Texas, il déclare qu’il « adhère de grand cœur à la nouvelle idée de notre ami Considerant de transplanter la réalisation du travail sériaire au-delà de l’Atlantique et de fonder le premier Phalanstère au Texas » ; toutefois, il lui « est pour le moment impossible de [s’]associer déjà de [sa] personne à la nouvelle entreprise, des engagements antérieurs [le] retenant encore dans [son] séjour actuel » ; mais il promet « de faire gagner du terrain » au projet « auprès des personnes de [sa] connaissance » [2].

Edouard Hering soutient financièrement la Maison rurale de Ry ; à la fin de l’année 1871, il envoie 20 francs à son fondateur Adolphe Jouanne ; dans sa lettre, il exprime ses sentiments après l’annexion de l’Alsace à l’Empire allemand :

Nous subissons, comme tous les Alsaciens, les suites de cette guerre si malheureuse et si désastreuse pour la France. Nous sommes condamnés à vivre en membres détachés de la patrie et à nous façonner à d’autres conditions, selon le bon plaisir du Prussien vainqueur. […] Nous autres, Alsaciens, nous regrettons […] du fond de nos cœurs patriotes, la France qui a initié nos pères aux notions de droit moderne, et proclamé, la première, les principes de la grande Révolution. Nous préférerions mille fois l’aider, cette noble et généreuse France, de tous les moyens à notre disposition, à réparer ses malheurs et se relever de ses défaites, que de nous voir condamnés à vivre séparés d’elle et être traités en pays conquis.

Cependant, il reconnaît en même temps que les nouvelles autorités ont apporté à l’Alsace l’instruction obligatoire, que la France ne possède pas encore et, pense-t-il, n’est sans doute pas près d’obtenir, avec à l’assemblée élue en 1871 « cette majorité si fortement entachée d’esprit routinier et si hostile aux principes novateurs » :

Mais à côté de cette question capitale de l’instruction, se place aussi cette autre question, tout aussi urgente, de la fusion des classes, afin de faire cesser cet antagonisme si révoltant et si antichrétien, entre les prolétaires et les propriétaires, entre le capital et le travail : antagonisme qui tend, de plus en plus, à briser tous les liens entre les diverses classes de la société, saper les bases sur lesquelles celle-ci est assise, et qui, si l’on ne trouve pas moyen d’aviser à temps et concilier ces intérêts si divergents et actuellement si hostiles, finira par provoquer un cataclysme qui engloutira la société toute entière. Le moyen sûr et infaillible de voir converger les intérêts si opposés et d’unir toutes ces forces qui aujourd’hui se combattent, pour les diriger vers un but commun, le moyen, le grand moyen, c’est le travail attrayant, le procédé sériaire, c’est en un mot, l’association telle que la conçoit l’Ecole sociétaire.

Enfin, Edouard Hering conclut sa lettre à Jouanne en exprimant son admiration pour Fourier et sa volonté de continuer à soutenir l’œuvre de Ry :

Ne veuillez donc pas croire que, par suite de notre séparation de la France, je sois devenu indifférent à votre entreprise et que je ne prendrai plus intérêt à la prospérité de la Maison rurale. Non ! non ; mon cœur restera toujours attaché à la France, à cette France qui, malgré tant de folies et tant d’extravagances, a su néanmoins faire tant de si belles et tant de si grandes choses ; à cette France, enfin, qui a donné le jour à l’inventeur de l’association intégrale, la plus importante, comme la plus bienfaisante de toutes les découvertes, de toutes les sciences, devrais-je dire [3].

Il est membre du Conseil d’arrondissement de 1876 à 1879, puis du Conseil général de 1879 à 1886. Il est par ailleurs le fondateur à Barr de la section locale du Club vosgien, section, qui, sous sa direction, connaît

Stèle érigée en hommage à l’un des fondateurs du Club vosgien (Barr, Bas-Rhin)

un essor rapide jusqu’au milieu des années 1880. Dans le cadre de cette association, il participe à de nombreux aménagements (sentiers, plantations), prononce des conférences sur l’histoire de Barr et de sa région et publie quelques textes sur les Vosges et leurs monuments. En témoignage de reconnaissance, le Club vosgien en fait son président d’honneur. Après sa mort, une stèle de granit, avec son portrait en médaillon, est placée sur le bord d’un sentier aménagé par le Club vosgien près de Barr.