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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Morel, Jean-Jacques
Article mis en ligne le 30 décembre 2013
dernière modification le 1er décembre 2014

par Sosnowski, Jean-Claude

Né le 19 floréal an VI (8 mai 1798) à Annonay (Ardèche). Chef d’atelier fabricant d’étoffes de soie. Membre du Groupe phalanstérien des travailleurs de Lyon (Rhône).

Jean-Jacques Morel est le fils non reconnu de Jean Morel et de Marguerite Petit décédée lorsque le 4 février 1823, à Lyon, il épouse Marie Bouvard, fille de Jean Bouvard, marchand tripier et de Louise Nicolas. Jean-Jacques Morel réside alors rue Confort. De cette union naissent au moins quatre enfants (Laurent né vers 1825, Marie vers 1824, Félix vers 1828 et Guy-Jean le 18 mars 1831). Jean-Jacques Morel s’installe au 25 côte des Carmélites et il est spécialisé dans la fabrique de cravates et gilets en soie. En 1847, il réside au 19 rue Tholozan avec deux de ses enfants et trois ouvriers.

Il est l’un des dirigeants du Groupe phalanstérien des travailleurs de Lyon et l’un de ceux qui, au moins depuis 1843, interviennent régulièrement lors des banquets célébrant les anniversaires de la naissance ou du décès de Fourier. Selon L’Écho de l’industrie, Morel porte un toast « plein d’une religieuse conviction [...] à la mémoire de Fourier » [1] lors de celui qui se tient le 11 ou 16 octobre 1846 et qui est annoncé, fallacieusement selon La Tribune lyonnaise, comme celui du Groupe phalanstérien des travailleurs de Lyon. La Tribune lyonnaise note également que lors du banquet du 18 octobre organisé cette fois officiellement par le Groupe phalanstérien des travailleurs de Lyon, il s’adresse « à M. Barrier, l’ardent propagateur de la science sociale » [2] qui dirige le groupe lyonnais proche du centre parisien de l’École sociétaire. En avril 1847, il est l’un des organisateurs du banquet anniversaire de la naissance de Fourier qu’organise le Groupe phalanstérien des travailleurs de Lyon. Lors du banquet d’octobre 1847, il prononce « une vigoureuse apostrophe aux hommes qui veulent rester dans l’ornière de la civilisation actuelle » [3] :

Civilisés, que vous êtes aveugles ! L’histoire du passé et les maux présents que vous souffrez vous crient que vous faites fausse route, et vous ne comprenez pas. Vous si fiers de votre société, et qui vous flattez d’être en voie de progrès ; allons donc !... Vous êtes comme les sourds et les aveugles de Judée ! leurs oreilles se fermaient aux cris de la douleur ; leurs yeux aux rayons de la lumière, et ils auraient péri si Dieu n’eût fait naître parmi eux un fou ! oui un fou ! car c’était le nom que les Hébreux donnèrent au Christ, lorsqu’il leur apporta le dogme de la fraternité. Hélas ! depuis l’ère du Christ, ce dogme est resté lettre morte. Que de combats a suscité le génie du mal contre le génie du bien ! Après la chute des Césars du grand empire romain, vinrent les Césars de la féodalité tout bardés de fer ! mais les uns et les autres ont été pulvérisés à l’aide du verbe sacré : fraternité ! Pauvre civilisation ! pauvre humanité ! l’exemple du passé ne peut-il donc, te suffire ? les faits présents, les tourments inouïs chez la presque totalité prouvent le contraire. D’autres Césars se sont reproduit avec des sentiments plus infimes : ce sont aujourd’hui des Césars bardés d’or et d’argent. Espèrent-ils un meilleur sort que leurs devanciers ? Travailleurs ! si vous n’êtes point les esclaves de la matière, du courage !... Dieu est avec vous, et comme aux travailleurs de la Judée, il a fait naître aussi un fou parmi vous, et ce fou, c’est Charles Fourier ! Charles Fourier qui nous a révélé la loi de la série et l’organisation du travail. A Charles Fourier !

En mars 1848, il est membre du Comité d’organisation du travail à Lyon [4], commission établie par Emmanuel Arago « chargée de régler les différends entre patrons et ouvriers et de rechercher la meilleure organisation sociale » [5]. Cette commission, présidée par Morellet], « était l’œuvre des phalanstériens » [6]. Il est l’auteur d’un dessin allégorique de la France « Abondance France Progrès » [7], lithographié par Burgelin, allégorie reproduite ultérieurement dans le volume IX de l’Histoire socialiste dirigée par Jean Jaurès [8].