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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Allard, Emile
Article mis en ligne le 16 mars 2014
dernière modification le 25 janvier 2018

par Desmars, Bernard

Né le 24 août 1818 à Parthenay (Deux-Sèvres), décédé le 26 janvier 1892 à Paris (Ve arrondissement). Ingénieur, puis inspecteur des ponts et chaussées. Membre du groupe fouriériste nantais à la fin de la monarchie de Juillet.

Fils d’un magistrat (substitut du procureur du roi en 1818) devenu avocat à Poitiers (Vienne) sous la monarchie de Juillet, Emile Allard entre en 1835 à l’Ecole polytechnique (que fréquentent ensuite son frère Saint Ange, son fils Léon et son neveu Henri Gaston Saint-Ange) ; son classement de sortie de cet établissement, en 1837, lui permet d’être admis à l’Ecole des ponts et chaussées. Elève-ingénieur dans le Vaucluse, puis en Dordogne, il est nommé aspirant en 1840 ; il est ensuite affecté à Poitiers où en novembre 1842, il devient ingénieur des ponts et chaussées de seconde classe. Sa carrière professionnelle l’emmène en 1846 en Loire-Inférieure (aujourd’hui Loire-Atlantique) ; la même année, il se marie avec Adélaïde Antoinette Benoit, fille d’un industriel et négociant de sel, et sœur de Jules et d’Édouard Benoît, tous les deux disciples de Fourier.

Il est lui-même fouriériste et participe en avril 1847 à l’organisation du banquet célébrant l’anniversaire de la naissance de Fourier [1]. Tout comme son oncle Isidore Allard et son collègue nantais Médéric Lechalas, il devient l’un des actionnaires de l’Union agricole d’Afrique, qui installe en 1846-1847 une ferme à Saint-Denis-du-Sig, près d’Oran [2]. Il souscrit pour 200 francs [3]. Quelques années plus tard, quand l’entreprise est confrontée à de graves difficultés financières qui mettent en péril son existence, il fait partie de la cinquantaine d’actionnaires qui acceptent d’effectuer un prêt à la société (200 francs pour sa part) [4].

Promu ingénieur de première classe en 1851, il est ensuite nommé dans le Morbihan (il n’y passe que quelques mois en 1853), puis en Seine-et-Marne (de 1853 à 1856). En poste à Melun, il continue à s’intéresser aux affaires de ses amis nantais ; il s’occupe notamment de la comptabilité de la boulangerie sociétaire [5]. Sa correspondance témoigne aussi de l’intérêt qu’il porte en 1854 au projet d’installation au Texas. « L’affaire a pris des proportions inespérées. Quoi qu’elle n’ait encore été communiquée qu’aux amis, on a réuni plus de six cent mille francs de souscription ; mais ce qu’il y a de plus remarquable, c’est le nombre considérable de personnes plus ou moins aisées qui se sont décidées à partir en emportant leur fortune. C’est un mouvement très curieux à observer et qu’il faut attribuer au dégoût que cause généralement l’état des affaires en Europe » [6] ; il indique avoir déjà souscrit plusieurs actions et engage ses amis à l’imiter. Muté à Paris en 1856, il passe ingénieur en chef (seconde classe en 1862, première classe en 1869). On le retrouve sous le Second Empire sur un répertoire d’adresses de l’École sociétaire, sans que l’on puisse cependant observer chez lui des manifestations concrètes d’un engagement au service de l’Ecole sociétaire [7].

Pendant la Commune de Paris, il est fait prisonnier par les insurgés ; grâce à l’intervention de Victor Considerant, qui effectue une démarche auprès de Raoul Rigault, procureur de la Commune, il est libéré. Sans cela, il « eût probablement péri », selon Jean-Paul Milliet qui rapporte l’événement [8].

En 1878, il devient inspecteur général des ponts et chaussées. Il est alors un spécialiste des phares et des balises, sur lesquels il publie plusieurs études. Il entre au Conseil général des ponts et chaussées en 1883. Chevalier de la Légion d’honneur depuis 1859, il est promu officier du même ordre en 1880, la décoration lui étant alors remise par Maîtrot de Varennes, inspecteur général des ponts et chaussées et aussi ancien disciple de Fourier. Le nom d’Émile Allard est à cette époque plusieurs fois cité dans la correspondance fouriériste, ce qui suggère qu’il a gardé quelques liens avec l’Ecole sociétaire [9].

Son nom a été donné à un bateau, un baliseur du Service des phares et balises construit et lancé au Havre en 1933, mis en service en 1934 à Dunkerque et coulé en 1943 par l’aviation anglaise au large de Brest. Un autre bateau portant le nom d’Emile Allard a été lancé après la Seconde Guerre mondiale [10].