Bandeau
charlesfourier.fr
Slogan du site

Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Dumortier, (Jean-Baptiste) Eugène
Article mis en ligne le 8 juin 2014
dernière modification le 17 avril 2017

par Sosnowski, Jean-Claude

Né le 3 décembre 1802 [1] et décédé le 12 août 1876 à Lyon (Rhône). Négociant, fabricant de dorures à Lyon, puis rentier. Souscripteur au crédit de dix mille francs pour la fondation d’un phalanstère d’enfants. L’un des fondateurs et l’un des actionnaires de l’Union agricole du Sig (Algérie). Président de la Société d’agriculture, d’histoire naturelle et des arts utiles de Lyon. Vice-président de la Société géologique de France.

Eugène Dumortier naît dans une « ancienne et respectable famille » [2] de Lyon. Il est le quatrième enfant d’un fabricant de dorure, Jean-Baptiste Dumortier, homme « d’une instruction supérieure à celle de la plupart des hommes de son temps » [3]. Après des études au Collège de Lyon où il excelle, Eugène Dumortier est attiré par des études de médecine mais il doit, avec ses deux frères Félix et Alphonse, reprendre le commerce familial. Il réside à Lyon, 2 place de la Miséricorde, puis 13 rue des Augustins. En 1831, il se charge de sa mère devenue veuve. Celle-ci meurt en 1846. Son décès est suivi très rapidement par ceux de Félix, Alphonse et de leur sœur. Eugène Dumortier liquide son affaire et se consacre totalement à la géologie et à la paléontologie, passions de jeunesse. Cinquantenaire, il devient l’élève de Jean-Baptiste Fournet.

Il est abonné au Phalanstère pour l’année 1833 [4]. En 1837, il est de ceux « qui ont droit aux gravures de Chartres » [5] pour s’être abonnés à La Phalange. Il semble néanmoins se désabonner. L’année suivante, il souscrit pour cinquante francs au projet de constitution d’un « crédit de dix mille francs » demandé pour les Études d’un phalanstère d’enfants. Il est de ceux que Cantagrel consulte à Lyon en novembre 1844 et de ceux qui « sont unanimes pour le maintien du journal » La Démocratie pacifique [6] qui connaît alors des difficultés financières. En 1845, il participe au comité d’organisation, puis au premier conseil d’administration de l’Union agricole d’Afrique, constitué le 31 décembre 1845 et présidé par Imbert, société qui propose un nouveau système de colonisation de l’Algérie, d’inspiration fouriériste [7]. Il est un des actionnaires principaux de l’Union Agricole d’Afrique ; il est actionnaire de catégorie 1 (colonisateur) [8]. Il perd la fonction d’administrateur en août 1847, le conseil d’administration lyonnais est remplacé par un nouveau conseil, situé à Besançon. Au milieu des années 1850, quand l’Union agricole connaît de grosses difficultés financières, il fait partie des 45 actionnaires qui prêtent de l’argent à la Société ; il prête 500 francs [9].

En septembre 1848, il est l’un des candidats du Comité électoral républicains démocrates du Rhône pour les élections à la Chambre de commerce. Auguste Morlon est vice-président de ce comité. Parmi ces candidats, on trouve également François Coignet. Ni lui, ni Coignet ne sont élus.

Lors de son décès, Dumortier est célibataire et rentier. Il lègue sa collection géologique et paléontologique au Muséum de Lyon. Parmi ses fonctions et titres, il est président la Société d’agriculture, histoire naturelle et arts utiles de Lyon, ancien vice-président de la Société géologique de France, membre de l’Académie de Lyon et officier d’Académie. Aucun éloge ou discours n’est prononcé lors de ses obsèques ; « on aurait dit que les goûts modestes de ce véritable savant jetaient encore un reflet de simplicité sur l’heure suprême des derniers adieux » [10] écrit son biographe à la Société d’agriculture, histoire naturelle et arts utiles de Lyon. Aucune mention n’est faite de son engagement phalanstérien : sa « vie […] fut toute entière une vie de labeur et de dévouement. Il en fit deux parts ; il réserva l’une à ses parents et au commerce, il consacra l’autre à la science » [11].