Né le 18 mars 1827 à Port-Louis (Ile Maurice), décédé le 2 novembre 1857 à Savanne (île Maurice). Médecin. Auteurs de poèmes d’inspiration fouriériste. Participant aux banquets phalanstériens de 1848, 1849 et 1850 à Port-Louis.
Henri Lolliot est le fils d’un marchand tailleur. Il fait ses études au collège de Port-Louis. Alors qu’il a une vingtaine d’années, il rejoint le groupe fouriériste mené par Evenor Dupont et par Eugène Leclézio. Lors du banquet du 7 avril 1848, il prononce un discours dans lequel il appelle la jeunesse mauricienne à rallier les idées socialistes « pour le bonheur de son pays » [1].
Peu après, il publie dans Le Mauricien, l’organe dirigé par Leclézio, un long poème intitulé Stances à Fourier :
Vois-tu, Fourier, ton astre au plus haut point dans les cieux,
Étoile de bonheur, nous verser sa lumière ?
Principe fécondant, son orbe glorieux
Pénètre, anime et meut l’esprit et la matière.
[…]
Enfin, la voici donc, cette ère de bonheur
Où l’homme dans chaque homme a reconnu son frère :
Où toute main qu’on presse a fait frémir un cœur,
Où le triste orphelin a retrouvé son père ! [2]
En novembre 1848, les colonnes du Mauricien accueillent une nouvelle œuvre de Lolliot, Le Chant des travailleurs :
Nous cependant, chaque homme est notre frère !
Plus de frontière ! Amour illimité !
Et fils de Dieu, nous posons une pierre
Du temple de l’humanité !
[…]
Ah ! lève-toi soleil du prolétaire !
Et d’un rayon auréole son front ;
Car désormais sur cette noble terre
Tout travailleur a place au panthéon !
A l’œuvre, amis, sans plus tarder à l’œuvre !
Gagnons des droits à l’immortalité
Et plaçons tous devant chaque chef d’œuvre :
Amour ! Travail ! Humanité ! [3]
Henri Lolliot participe au banquet phalanstérien d’avril 1849 ; il y déclame le Réveil de la Terre, dont l’une des strophes témoigne des espérances mises en Fourier :
Qu’il aille avec l’Attrait et la Loi Sériaire
Ériger aux humains une heureuse cité.
D’elle-même on verra tomber toute frontière
Et les peuples s’unir au cri : Fraternité !
De sa main bâtissant cette œuvre colossale
L’Amour y groupera le monde tout entier,
Et, te régénérant toi terre, sa vassale,
Son dernier, son seul legs sera son nom : « Fourier ! » [4]
Lors du banquet de 1850, la dernière manifestation fouriériste connue sur le sol mauricien, il prononce le dernier discours dans lequel il rend hommage à Evenor Dupont, le principal animateur du groupe fouriériste de Port-Louis [5].
Lolliot part pour la France, où il effectue ensuite des études de médecine. Il revient à l’île Maurice en 1854 ; il se marie l’année suivante avec une jeune fille de Port-Louis avec laquelle il a un enfant. Il s’établit à Savanne où il décède à l’âge de 30 ans.
[1] Raymond d’Unienville, Tentative socialiste à l’île Maurice, 1846-1851, Curepipe (île Maurice), Société de l’histoire de l’île Maurice, 2009, p. 34.
[2] Ibid., p.70.
[3] Ibid., p. 75-76.
[4] Ibid., p. 78.
[5] Ibid., p. 103.
Sources :
La Démocratie pacifique, 30 août 1848 (compte rendu du banquet du 7 avril 1848 à Port-Louis).
Bibliographie :
Dictionnaire de biographie mauricienne – Dictionary of Mauritian Biography, n°54, octobre 2000.
Raymond d’Unienville, Tentative socialiste à l’île Maurice, 1846-1851, Curepipe (île Maurice), Société de l’histoire de l’île Maurice, 2009, X-178 p.
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