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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

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DESMARS Bernard : "De l’harmonie universelle aux mouvements de paix : fouriérisme et pacifisme au XIXe siècle" (1999)

in Histoires d’Europe et d’Amérique ; le monde atlantique contemporain. Mélanges offerts à Yves-Henri Nouailhat, Ouest Editions, Presses académiques de l’Ouest, 1999

Article mis en ligne le décembre 1999
dernière modification le 3 avril 2007

par Dubos, Jean-Claude

Le premier mérite de l’article de Bernard Desmars est de prolonger son analyse jusqu’à la fin du XIXe siècle, alors que la plupart des commentateurs s’en tiennent généralement à la pensée de Fourier et à celle de Considerant. Si Fourier est partisan d’un gouvernement central du Globe, présenté soit comme un « congrès d’unité sphérique », soit comme un « Omniarque d’Unité sphérique ou empereur du Globe », sa conception de l’administration n’est guère explicite, si ses armées industrielles peuvent s’entendre, c’est à la rigueur comme une préfiguration de la coopération moderne. Plus modeste et plus réaliste, Considerant s’attache surtout à la « libre confédération de toutes les nationalités petites et grandes », tandis qu’une « diète démocratique européenne » arbitrera les rares différends internationaux. Des idées similaires sont développées par d’anciens fouriéristes : Constantin Pecqueur et Eugénie Niboyet (dont le beau-frère et collaborateur Jules Juif est cousin de Julie Vigoureux et de Considerant). Cependant l’École Sociétaire ne semble pas être directement intervenue dans les congrès de la Paix qui se tiennent au milieu du siècle (Londres 1843, Bruxelles 1848, Paris 1849).

Dans les années 1880, un certain nombre de Sociétés de la Paix sont créées par des fouriéristes : Le Groupe des Amis de la Paix du Puy-de-Dôme (Antoine Pardoux, 1884), la Société de la Paix du Familistère de Guise (Jean-Baptiste, Godin 1886), l’Association des Jeunes Amis de la Paix (Prudhommeaux, 1887) enfin la Société de la Paix perpétuelle par la justice internationale créée par Hippolyte Destrem en 1889.

La même année Hippolyte Destrem fonde un organe fouriériste : La Rénovation. Il milite aux côtés de Frédéric Passy et il est même jusqu’en 1892 vice-président de la Société française pour l’arbitrage entre les nations fondée par Passy. Une autre militante fouriériste Virginie Griess-Traut y siège au conseil d’administration. Mais après la mort de Destrem en 1894 son successeur à la tête de la Rénovation Alhaiza s’éloigne du pacifisme. Au moment de l’affaire Dreyfus, il adopte même des positions violemment anti-sémites, citant Drumont et Maurras. Certes il n’est pas suivi par l’ensemble des fouriéristes, notamment Marie-Louise Gagneur qui publie en 1899 Le désarmement et la question sociale et en 1901 Le droit au bonheur : Charles Fourier d’après Zola et Jaurès. Mais la plupart des fouriéristes, selon M. Desmars, préfèrent se consacrer aux projets associatifs et coopératifs. Une histoire encore largement mal connue et que, nous l’espérons, il écrira un jour...