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PROUDHON Pierre-Joseph : Ecrits linguistiques et philologiques (1999)

Textes manuscrits inédits, édités et commentés par Jacques Bourquin, Besançon, Presses universitaires franc-comtoises, 1999, 234 p.

Article mis en ligne le décembre 1999
dernière modification le 3 avril 2007

par Ucciani, Louis

« On n’est pas philosophe si l’on n’est pas grammairien consommé, car c’est identique », cette proposition de Proudhon que l’on pourrait attribuer à Wittgenstein, éclaire sous un jour assez méconnu l’ensemble de sa philosophie. C’est un grand mérite que d’avoir édité ces textes de linguistique. Ils montrent comment, pour Proudhon, le mot et le concept qui en dérive, sont inscrits dans une logique qui fait référence. Et ce sont des exercices de logique linguistique qui alors se présentent comme de petits aphorismes de sens qui recentrent l’acte de pensée. Ceci par exemple sous le titre catégories : « l’idée de temps vient lentement, par celle de succession, et de nombre. Tant que l’homme ne sait pas compter, il n’a pas l’idée du temps. Or, la connaissance du nombre, l’art des nombres, ne s’acquiert pas d’un jour ; et l’on voit manifestement que l’on y est allé pas à pas... Or, on pense avant de savoir compter » (p. 207).

Dans sa présentation Jean Bourquin rappelle que « le premier ouvrage imprimé de Proudhon est un Essai de grammaire générale publié anonymement en 1837 ». Sa pensée est alors toute tournée vers la question de l’origine du langage (« est-il issu d’une révélation divine, comme l’a soutenu Bonald, ou est-il une lente et progressive construction humaine ? ») et sa préoccupation est « de mettre en lumière le processus général selon lequel le langage s’est développé et diversifié dans les structures des différentes langues ». L’intérêt porté par Proudhon pour la linguistique perdurera jusqu’à ses ouvrages politiques comme La Philosophie du progrès (1853) ou De la Justice (1858). Ce qui permet d’envisager des pistes de recherche où seraient traquées dans ces notes disparates les prémisses de sa philosophie à venir.