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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Dauvin, Élisabeth Eulalie, parfois prénommée Élisa
Article mis en ligne le 28 juillet 2017
dernière modification le 26 juin 2022

par Desmars, Bernard

Née le 16 juillet 1811 à Poitiers (Vienne). Décédée le 18 avril 1869, à Paris, 17e arrondissement (Seine). Libraire à Nantes de la fin des années 1830 au début des années 1860. Vend des ouvrages fouriéristes.

Élisabeth Eulalie Dauvin est la fille de libraires de Poitiers [1]. Son père décède en 1828. Sa mère continue son activité, puis laisse le commerce à son fils Louis Jérôme Michel Édouard Dauvin. Élisabeth Dauvin a une sœur, Marie Élisabeth Alphonsine, qui, en 1835, épouse Stanislas Bratkowski, un réfugié polonais. Le couple Bratkowski s’installe en 1836 à Nantes [2] ; Élisabeth Dauvin et sa mère les accompagnent ou les rejoignent peu après ; en 1838, elles demeurent à Nantes, quai Turenne. Élisabeth achète une librairie, détenue par un certain Bonvoust, qui vend aussi de la papeterie et des fournitures de bureau [3]. Dans les années suivantes, elle vit avec sa mère dans le logement attenant à la librairie, 22 rue Crébillon ; certains recensements signalent la présence à la même adresse de Stanislas Bratkowski et de son épouse [4].

Dans les années 1840, c’est principalement chez elle que l’on trouve les ouvrages fouriéristes. Dans ses Rêveries de Charles Fourier, le Nantais Isidore Masseron expose brièvement la théorie sociétaire ; il invite ses lecteurs à approfondir leurs connaissances :

Destinée sociale, par Considerant, et Solidarité, par Hippolyte Renaud, sont les deux ouvrages que nous recommandons particulièrement aux lecteurs. Tous les ouvrages de l’école sociétaire se trouvent chez Mlle Dauvin, rue Crébillon, 22 [5].

En octobre 1846, les fouriéristes nantais préparent la venue de Victor Hennequin qui fait un « cours de science sociale » dans une salle de l’hôtel de ville. L’entrée se fait sur présentation d’un carton, qui doit être retiré à la librairie Dauvin [6].

Et quand le journal Le Breton mentionne l’ouvrage d’Alphonse Toussenel, Les Juifs rois de l’époque, il précise que l’ouvrage est en vente « chez Mlle Dauvin, rue Crébillon » [7].

Quand elle s’est installée à Nantes, Élisabeth Dauvin n’a pas pris de brevet, alors qu’il s’agit pourtant d’un document imposé par la législation pour tenir une librairie. Après le coup d’État du 2 décembre 1851, l’administration préfectorale et la police se montrant plus rigoureuses dans l’application de la loi, Élisabeth demande que lui soit transféré le brevet détenu par Bonvoust. La préfecture émet d’abord un avis favorable et le ministère de l’Intérieur envoie le document sollicité. Mais le nouveau préfet retient le brevet ; confondant les deux sœurs, il pense qu’Élisabeth est l’épouse de Bratkowski ; or, celle-ci a perdu la nationalité française par son mariage et elle « ne présente aucune des garanties que l’on est en droit d’exiger » ; de surcroît, « le magasin de la libraire que cette dame tient à Nantes paraît être un entrepôt de productions socialistes » [8].

Élisabeth Dauvin continue cependant son commerce ; elle renouvelle ses démarches en 1860 ; la préfecture reconnaît l’erreur de 1852 et donne un avis favorable. Le brevet est expédié à Nantes ; mais il n’est finalement pas remis à sa bénéficiaire, dont la faillite vient d’être déclarée [9]. Elle quitte Nantes et s’installe avec sa sœur et son beau-frère Stanislas Bratkowski dans le quartier des Batignolles à Paris, où elle décède.