Né le 14 avril 1822 à Besançon (Doubs). Fabricant en horlogerie, conseiller municipal de Besançon. Membre du groupe phalanstérien de Besançon, abonné aux périodiques fouriéristes.
Le père de Jules Bichet est un marchand, titulaire de deux brevets d’invention délivrés en 1845 et 1849, pour un « système de charrue », puis d’un troisième brevet pour « une machine à presser le foin et la paille » accordé en 1859 [1]. Jules est déjà membre de l’École sociétaire sous la Deuxième République ; il figure sur une liste du groupe phalanstérien de Besançon établie par Just Muiron en 1850 [2].
Lors du recensement de 1856, Jules Bichet vit chez ses parents ; son père est alors rentier, tandis que ses deux frères sont comme lui « horlogers ». Il se marie en 1858 avec Louise Gondelfinger, de Seloncourt, près de Montbéliard. Son épouse est la fille de Georges Gondelfinger, qui dirige une entreprise de 40 ouvriers fabriquant des « ébauches et pignons de montres » [3]. Jules Bichet s’associe avec son beau-père pour créer une société horlogère qui a son siège à Besançon, mais dont une unité de production se situe à Seloncourt. Les deux hommes obtiennent deux brevets, en 1862 pour un « système de fabrication des ébauches et mouvements de montres » ; en 1865 pour « un mécanisme de remontoir ou pendant applicable à toute montre à ancre ou à cylindres » [4].
La maison Bichet et Gondelfinger expose des « spécimens de pignons et de roues » à l’Exposition universelle de Londres en 1862 [5]. À cette occasion, le quotidien La Presse souligne l’utilisation de machines dans les ateliers des deux associés, ce qui permet d’abaisser les coûts des montres et de rendre celles-ci accessibles à un plus grand nombre :
Les produits qui en résultent prennent le nom d’horlogerie populaire et se vendent, dit-on, à des prix fabuleusement bas, ce qui n’empêche pas la maison de les garantir.Comment ce double avantage est-il acquis au public ? L’application des outils-machines à la fabrication de l’ébauche et aux diverses parties du travail de la montre permet à MM. Gondelfinger et Bichet de faire marcher une montre une heure après l’extraction des pièces de la matière brute. L’uniformité de ces pièces, si nombreuses et si variées d’ailleurs, est telle que, sans ajustage préalable on finit une montre subitement [6].
En 1867, Bichet s’abonne à La Science sociale, le nouveau périodique fouriériste [7]. Dans les années 1870, Ledoux, le correspondant bisontin de l’École sociétaire, le mentionne régulièrement parmi les membres du groupe phalanstérien de Besançon qui s’abonnent par son intermédiaire au Bulletin du mouvement social [8].
L’entreprise Goldfinger et Bichet participe aussi à l’Exposition universelle de Paris en 1878, où elle reçoit une médaille d’argent [9]. Elle dépose encore une demande de brevet en février 1882 [10]. Elle est dissoute peu après : en 1884, une publicité signale l’entreprise de J.-L. Bichet, « ancienne maison Gondelfinger et Bichet » [11].
Jules Bichet est l’un des fondateurs au printemps 1877 de la chambre syndicale des fabricants d’horlogerie à Besançon, dont il est vice-président avant d’en démissionner en 1879 [12]. Il fait partie de la commission administrative de l’École municipale d’horlogerie de Besançon [13]. Par ailleurs, il est membre de la Société libre d’émulation du Doubs [14]. Dans les années 1870, il siège au conseil municipal de Besançon. Il est encore présent sur les listes électorales de Besançon en 1895 [15] ; il est alors rentier et demeure 7, rue de la Mouillère.
[1] Institut National de la Propriété Industrielle, 1 BB 313, « système de charrue », brevet du 31 janvier 1845 ; 1 BB 8 356, « charrue dite Bichet, à double et simple versoir », brevet du 27 juillet 1849 ; 1 BB 4164, « machine à presser le foin et la paille, à double effet, portative et horizontale », demande déposée le 14 juin 1859.
[2] Archives nationales, fonds Fourier et Considerant, 10 AS 40 (681 Mi 70, vue 230), lettre de Just Muiron, 3 mars 1850.
[3] Annuaire général du commerce, de l’industrie, de la magistrature et de l’administration, 1854, p. 1539, et 1856, p. 1540.
[4] Institut National de la Propriété Industrielle, 1 BB 53 685, « système et fabrication des ébauches et mouvements de montres », demande déposée le 19 avril 1862 ; 1 BB 62 262, « mécanisme de remontoir au pendant applicable à toute montre à ancre ou à cylindre », demande déposée le 18 mars 1864 ; Bulletin des lois de l’Empire français, 1er semestre 1866, décret impérial du 24 mai 1865, p. 224.
[5] Louis-André Borsendorff, La Loupe de l’horloger bon temps : almanach astronomique, historique, scientifique, comique, prophétique, critique, pratique et chantant, à l’usage des horlogers pour 1863, Paris, s.n., 1863, p. 136.
[6] La Presse, 9 août 1862.
[7] École normale supérieure, fonds Considerant, carton 13, dossier 1, lettre de Brun, 13 avril 1867.
[8] Archives nationales, 10 AS 39 (681 Mi 66, vue 189, 190, 197, 198-199, 201-202), lettres de Ledoux, 24 janvier 1877, 18 février 1878, 23 janvier [l’année n’est pas indiquée], 6 septembre 1872 ; 3 février 1873 ; École normale supérieure, fonds Considerant, carton 4, dossier 3, chemise 2, abonnements en mai 1877 et février 1878).
[9] Revue chronométrique. Organe des sociétés d’horlogerie et des chambres syndicales, octobre 1878, p. 149-150.
[10] Revue chronométrique. Organe des sociétés d’horlogerie et des chambres syndicales, mai 1883, p. 31.
[11] Dans Auguste Castan, Guide du touriste à Besançon et aux environs, Besançon, Impr. A. Valluet, 1884, p. 13.
[12] Revue chronométrique. Organe des sociétés d’horlogerie et des chambres syndicales, mai 1877, p. 267 ; mars 1879, p. 239, mars 1880, p. 42.
[13] Claude Briselance, Les Écoles d’horlogerie de Besançon, une contribution décisive au développement industriel local et régional (1793-1974), thèse de doctorat d’histoire, université de Lyon, sous la direction de Jean-Luc Mayaud, 2015, Annexes, p. 52.
[14] Mémoire et comptes rendus de la Société libre d’émulation du Doubs, 1879, p. 460, liste des membres résidents.
[15] Archives municipales de Besançon, 1 K56, liste des électeurs, 1895 (en ligne sur le site des Archives municipales de Besançon, vue 364/658).
Sources :
Archives nationales, fonds Fourier et Considerant, 10 AS 39 (681 Mi 66, vue 189, 190, 197, 198-199, 201-202), lettres de Ledoux, 24 janvier 1877, 18 février 1878, 23 janvier [l’année n’est pas indiquée], 6 septembre 1872 ; 3 février 1873.
Archives nationales, fonds Fourier et Considerant, 10 AS 40 (681 Mi 70, vue 230), lettre de Just Muiron, 3 mars 1850.
École normale supérieure, fonds Considerant, carton 13, dossier 1, lettre de Brun, 13 avril 1867.
Archives municipales de Besançon, 1 E 532, état civil de Besançon, acte de naissance, 14 avril 1822 (en ligne sur le site des Archives municipales de Besançon, vue 106/375).
Archives municipales de Besançon, 1 F 12, recensement de 1856, 1ère section (en ligne sur le site des Archives municipales de Besançon, vue 139/700).
Archives départementales du Doubs, état civil de Seloncourt, tables décennales 1853-1862 (en ligne sur le site des Archives départementales du Doubs, vue 11/22).
Archives municipales de Besançon, 1 K56, Liste électorales générales pour les années 1885-1895, liste de 1895 (en ligne sur le site des Archives municipales de Besançon, vue 210/658 364/658).
Auguste Castan, Guide du touriste à Besançon et aux environs, Besançon, Impr. A. Valluet, 1884 (2e édition), 124 p. (en ligne sur Gallica).
Louis-André Borsendorff, La Loupe de l’horloger bon temps : almanach astronomique, historique, scientifique, comique, prophétique, critique, pratique et chantant, à l’usage des horlogers pour 1863, Paris, s.n., 1863 (en ligne sur Gallica).
Annuaire général du commerce, de l’industrie, de la magistrature et de l’administration (en ligne sur Gallica).
Bulletin des lois de l’Empire français, 1er semestre 1866 (en ligne sur Gallica).
La Presse, 9 août 1862 (en ligne sur Gallica).
Revue chronométrique. Organe des sociétés d’horlogerie et des chambres syndicales (en ligne sur Gallica).
Mémoire et comptes rendus de la Société libre d’émulation du Doubs, 1879 (en ligne sur Gallica).
Bibliographie :
Claude Briselance, Les Écoles d’horlogerie de Besançon, une contribution décisive au développement industriel local et régional (1793-1974), thèse de doctorat d’histoire, université de Lyon, sous la direction de Jean-Luc Mayaud, 2015, 3 volumes (en ligne sur le site de l’université de Lyon II).
Sitographie :
Base de données des brevets français du 19e siècle (en ligne sur le site de l’Institut national de la propriété industrielle).
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