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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Mangin, Amédée (Paul Théodore)
Article mis en ligne le 19 mars 2020

par Desmars, Bernard

Né à Paris (Seine) le 25 octobre 1818, décédé le 10 juillet 1879 à Vittel (Vosges). Élève de l’École polytechnique, puis de l’École du génie maritime. Sous-ingénieur, puis ingénieur du génie maritime à Indret (Loire-Inférieure, aujourd’hui Loire-Atlantique), à Cherbourg (Manche), à Brest (Finistère), puis à Paris (Seine) ; directeur des constructions navales. Abonné à La Démocratie pacifique, actionnaire de l’Union agricole d’Afrique.

Amédée Mangin est le fils d’un officier d’infanterie en retraite, chevalier de la Légion d’honneur. Il entre à l’École polytechnique en 1837 ; deux ans plus tard, il est élève du génie maritime. En 1841, il est nommé sous-ingénieur de la Marine à Indret, près de Nantes ; en 1844, il rejoint Cherbourg. Comme d’autres fouriéristes, il s’intéresse au magnétisme ; il assiste en 1846, avec de nombreux témoins dont son frère Arthur, étudiant en chimie et futur collaborateur de Ledru-Rollin au ministère de l’Intérieur en 1848, à une opération chirurgicale réalisée sur une patiente endormie par un magnétiseur [1]. Il est encore présent l’année suivante lors de trois opérations également faites sur des patients placés dans un état d’« insensibilité absolue […] au moyen du sommeil magnétique » [2].

Fouriériste à Cherbourg

Il se marie en 1847 avec Ernestine Boucher de Morlaincourt, la fille d’un colonel, commandant de la place de Cherbourg.

Au moment de la révolution de février 1848, il est déjà fouriériste. Il fait partie d’un petit groupe phalanstérien qui se réunit à Cherbourg, au nom duquel il écrit début mars à la rédaction de La Démocratie pacifique. Les signataires, six « phalanstériens sincères et dévoués » attendent de profonds changements, car

la révolution de février 1848 n’est pas une révolution de surface comme celle de 1830 ; c’est une révolution profonde, radicale ; la tâche est immense ; elle a énormément à modifier, presque tout à organiser.

Mais il faut montrer de la patience, car

un ordre nouveau ne se constitue pas en trois jours, si trois jours suffisent pour renverser un ordre établi.

Or, selon les phalanstériens cherbourgeois,

le journal La Démocratie pacifique s’est sensiblement transformé dans son esprit. Il était pacifique, il est devenu violent ; il prêchait une doctrine de paix et d’amour, il souffle la discorde et la guerre ; il démontrait que le travail doit être productif et attrayant, il demande aujourd’hui un travail improductif et dangereux. […]

Pourquoi […] ce journal dirige-t-il contre le gouvernement provisoire des attaques dont le résultat est de semer la défiance autour de lui ? […] Cette conduite nous apparaît dangereuse et injuste.

Les signataires critiquent en particulier un article paru dans La Démocratie pacifique et appelant « à raser les bastilles » autour de Paris, ce qui serait un « beau et grand travail républicain à donner immédiatement au peuple de Paris » [3]. Selon eux,

Du travail pour le Peuple, il n’en manque pas en France et du plus productif qu’un travail de destruction. Les chemins de fer sont à construire, bien des canaux à creuser, bien des terres incultes à défricher.

Ils souhaitent que le quotidien fouriériste

développe dans ses colonnes cette organisation basée sur les principes de l’association agricole et industrielle [4].

L’hélice Mangin

Alfred Ledieu, Guide du capitaine et du mécanicien de la marine à vapeur du commerce, Paris, Dunod, 1880 (2e éd.), p. 174.

Son engagement fouriériste vaut à Mangin la suspicion des autorités civiles et militaires de Cherbourg. En 1850, le préfet maritime de Cherbourg, tout en louant les qualités de cet « ingénieur très instruit, très capable », signale que « depuis la révolution de Février, il [lui] a été plusieurs fois signalé par l’autorité civile comme se plaçant ici à la tête d’idées et de doctrines dangereuses pour notre organisation sociale » [5]. Sans doute Mangin modère-t-il ensuite ses activités politiques : les rapports suivants soulignent surtout ses qualités professionnelles et notamment ses compétences techniques. Il est l’inventeur d’un nouveau modèle d’hélice – désormais appelée « hélice Mangin » – qui améliore la propulsion des bateaux et lui vaut une médaille de bronze lors de l’Exposition universelle de 1855 [6]. Cette hélice connaît un grand succès ; le ministère de la Guerre prescrit en 1854 d’en généraliser l’usage sur les bâtiments de guerre. Elle est aussi adoptée par plusieurs flottes, dont, avec quelques adaptations, les marines anglaise et néerlandaise [7].

En 1853, il est promu ingénieur. Il est fait chevalier de la Légion d’honneur en 1854. L’année suivante, il est admis au sein de la Société académique de Cherbourg. Il quitte Cherbourg en 1856 et passe dans le secteur privé, en se mettant au service de la Compagnie générale transatlantique. Mais il retrouve rapidement l’administration de la Marine vers 1860 ; il est affecté au port de Brest avec des jugements toujours aussi favorables de ses supérieurs. Il devient officier de la Légion d’honneur en 1861. Il reste peu de temps dans le Finistère ; il est muté vers 1865 à Paris où il est attaché à l’Inspection générale du génie maritime ; il siège à la Commission permanente des machines et du grand outillage, ainsi qu’au Conseil des travaux de la Marine ; il est également chargé de la surveillance des « travaux confiés à l’industrie dans le département de la Seine ». Là encore, il est présenté comme un « sujet hors ligne, apte à remplir les positions les plus élevées dans le corps du génie maritime » [8]. En 1868, il est attaché à l’inspection générale du génie maritime. Il fait partie de plusieurs jurys de sélection et de récompenses lors de différentes Expositions universelles (Londres, 1862 ; Paris, 1867 ; Vienne, 1873). En 1871, il est promu directeur des constructions navales ; il est nommé directeur adjoint à l’Inspection général du génie maritime, en 1872 ou 1873 ; il est aussi membre de la commission des défenses sous-marines. En 1874, il devient commandeur de la Légion d’honneur.

L’Union agricole d’Afrique

Alors qu’il n’apparaît pas dans les manifestations fouriéristes sous le Second Empire – même si son nom figure sur un répertoire d’adresses de l’École sociétaire constitué dans les années 1850 et 1860 [9] –, il retrouve ses condisciples dans les années 1870 à différentes occasions. C’est sans doute lui qui est abonné au Bulletin du mouvement social, qui paraît de 1872 à 1880 [10].

Dans la première moitié des années 1870, il prend des actions de l’Union agricole d’Afrique ; cette société a été fondée vers 1845-1846 par des fouriéristes lyonnais pour exploiter des terres agricoles près d’Oran en appliquant quelques principes sociétaires ; mais depuis le début des années 1850, elle s’est largement éloignée de cet objectif, avant qu’à la fin des années 1860 et dans la première moitié des années 1870, ses nouveaux dirigeants tentent de revenir aux intentions initiales [11]. Absent de la liste des actionnaires publiée en 1869, Amédée Mangin entre dans le capital de la société dans les années suivantes. Il assiste à l’assemblée générale des actionnaires à partir de 1874 ; il est élu en 1875 au conseil d’’administration pour trois ans et réélu en 1878 ; il siège aux côtés de Victor Considerant, Edmond Gandil et Henry Gautier. Il entre donc dans l’actionnariat, puis dans l’administration de cette entreprise à un moment où ses dirigeants veulent lui redonner une orientation sociétaire [12]. Ce projet, qui demande des investissements, provoque d’importants déficits et suscite les contestations de certains actionnaires ; Jean et Virginie Griess-Traut, en particulier, critiquent l’action des administrateurs et demandent, lors de l’assemblée générale de mai 1879 qu’une commission soit chargée d’examiner la situation de l’Union. Mangin et Considerant s’opposent à la formation de cette commission qui serait « injurieuse » pour le conseil d’administration.

Parallèlement, il est membre de plusieurs associations : il fait partie du conseil de la Société protectrice des animaux ; il est reçu en 1872 au sein de la Société d’économie politique.

Mais dans la seconde moitié des années 1870, son état de santé se détériore. En 1876, « atteint d’une maladie des yeux qui nécessité du repos et des soins sérieux », il obtient un premier congé de trente jours en juin, puis un second de deux mois en août [13]. Puis, « éprouvant le besoin d’un repos prolongé », il obtient sa mise à la retraite [14]. Cependant, il préside encore l’un des jurys lors de l’Exposition qui a lieu à Paris en 1878 [15]. Mais en 1879, il effectue un séjour à Vittel au cours duquel il décède [16]. Dans L’Année scientifique et industrielle, on lit les mots suivants :

il avait des connaissances étendues, un esprit inventif et des aptitudes bien marquées pour l’administration [17].

Aphorisme du jour :
Les sectes suffisent à elles seules à guider la politique humaine dans le labyrinthe des passions
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