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TOUCAS-TRUYEN Patricia : Les coopérateurs. Deux siècles de pratiques coopératives (2005)
Paris, éditions de l’Atelier, coll. Jean Maîtron, 2005, 430 p.
Article mis en ligne le décembre 2005
dernière modification le 7 mai 2007

par Desmars, Bernard

Depuis environ deux décennies, plusieurs travaux ont renouvelé la connaissance que l’on peut avoir de l’économie sociale, ou ont en tout cas apporté de nouvelles lumières sur un secteur qui a été longtemps minoré, à la fois par l’histoire économique et l’histoire sociale. Après L’Invention de l’économie sociale d’André Gueslin (paru pour la première fois en 1987, réédité en 1998), après des colloques et de nombreuses publications sur le mouvement mutualiste, voici donc un livre sur le phénomène coopératif et ses acteurs aux XIXe et au XXe siècles, réalisé pour l’essentiel par une historienne qui a d’ailleurs travaillé il y a quelques années sur les mutuelles.

L’ouvrage comprend trois grandes parties : tout d’abord une « histoire de la coopération » du début du XIXe siècle jusqu’au début du XXIe siècle (p. 21-106) ; puis « les familles de la coopération » (p. 107-188), avec une présentation en 39 notices des courants (écoles de Nîmes et de Saint-Claude), des institutions et fédérations coopératives (Alliance coopérative internationale, Conseil supérieur de la coopération...), des catégories et des domaines (banques populaires, coopération d’habitation, coopération scolaire...), de quelques textes fondamentaux (le Manifeste coopératif de 1921 par exemple), de quelques cas, modèles ou références (les Equitables pionniers de Rochdale, la Verrerie ouvrière d’Albi, la Camif...) ; enfin, la troisième partie propose 235 biographies de coopérateurs (p.189-420). La première partie est due à la seule Patricia Toucas, qui a réalisé l’essentiel des deux parties suivantes, auxquelles ont collaboré plusieurs autres auteurs, dont, surtout, Michel Dreyfus. Un cahier iconographique (p. 197-208), avec principalement des photographies de magasins coopératifs et des portraits des coopérateurs, et une bibliographie (p. 421-430), indiquant aussi quelques bibliothèques, centres d’archives et de documentation dans lesquels se trouvent des fonds importants concernant la coopération, complètent l’ouvrage. Celui-là commence donc par une synthèse de l’histoire du mouvement coopératif. Sur la période précédant 1914, l’on disposait déjà de l’ouvrage d’André Gueslin mentionné plus haut et des travaux de Jean Gaumont (en particulier l’Histoire générale de la coopération, 1924) ; c’est donc surtout sur le XXe siècle que Patricia Toucas apporte un regard neuf, en abordant à la fois le cadre juridique, les aspects idéologiques, les questions techniques... L’ensemble permet de saisir facilement les principaux enjeux et les évolutions les plus importantes du mouvement coopératif, divisé entre ses trois formes principales (production, consommation, crédit) et entre plusieurs orientations et courants idéologiques.

Les deuxième et troisième parties comprennent plusieurs notices qui peuvent retenir l’attention de ceux qui s’intéressent au fouriérisme : d’une part, boulangeries sociétaires, phalanstère, familistère de Guise ; d’autre part, Arthur de Bonnard, Henry Buisson, Victor Considerant, Michel Derrion, Auguste Fabre, Charles Fourier, Zoé Gatti de Gamond, Jean-Baptiste Godin, Charles Limousin, Faustin Moigneu, mais aussi Charles Gide, Ernest Poisson, Jules Prudhommeaux, Jean Gaumont et Henri Desroche pour l’intérêt qu’ils ont porté à Fourier, à la doctrine et aux expériences sociétaires. Pour les biographies, les notices sont organisées sur le modèle du « Maîtron » dont provient d’ailleurs une grande partie de l’information. On peut cependant regretter dans les « sources » quelques oublis manifestes : pour Fourier, le travail de Jonathan Beecher n’est pas mentionné ; de même, pour Victor Considerant, dont il est dit qu’il a adhéré au saint-simonisme en 1831 (!), c’est la biographie publiée en 1929 par Maurice Dommanget qui est mentionnée tandis que les livres de Michel Vernus et de Jonathan Beecher ne sont pas signalés.

Malgré ces quelques lacunes, cet ouvrage peut rendre d’excellents services, par la vision d’ensemble qu’il offre du mouvement coopératif, par les éclaircissements qu’il fournit sur certaines de ses notions et de ses catégories, et enfin par l’information apportée sur des coopérateurs, et en particulier sur ceux de la seconde moitié XXe siècle, moins connus que ceux des périodes antérieures, car moins présents dans les dictionnaires et ouvrages déjà parus.


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Les sectes suffisent à elles seules à guider la politique humaine dans le labyrinthe des passions
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