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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Simone Debout en juin 2005
Article mis en ligne le 2 décembre 2005
dernière modification le 19 février 2006

par Bouchet, Laurence

Lors d’un colloque sur les Epistémologies du genre organisé par le GDRE-MAGE (CNRS) et le CNAM les 23 et 24 juin 2005, Simone Debout a ouvert la réflexion par une belle intervention : « Charles Fourier : le sort des femmes et le devenir social. » S’adressant à un public qui n’était pas nécessairement au fait des idées fouriéristes, elle a retracé les principales idées de l’utopiste sur la question des femmes. Mais, chemin faisant, elle a dû aborder d’autres notions comme « l’écart absolu », les « passions » ou encore « la nature intentionnelle » tant il est vrai que ce thème de la femme étant central, c’est toute la pensée de Fourier qui se dévide à partir de lui. La philosophe a réuni des thématiques et des citations qui lui sont chères depuis longtemps. Mais la répétition ne conduit pas ici à l’enfermement dans un cercle ; la pensée de Simone Debout fonctionne plutôt comme une sorte de spirale. Redire, relire n’enferme pas. Au contraire, une certaine familiarité avec les concepts mis en place par Simone Debout procure à son lecteur la confiance de s’avancer plus loin et de faire avec elle un pas de côté pour expérimenter encore un peu plus une pensée en mouvement.

Le thème du mouvement, justement, nous a paru central dans cette intervention. Mouvement sans lequel il n’est pas de vitalité ni d’harmonie (il faut entendre également ici le sens musical) sociale. L’altérité principielle homme/femme rend possible le mouvement. Simone Debout rappelle que pour Fourier les changements sociaux sont liés au degré de liberté des femmes. Par-delà la pensée de Marx, Fourier lit le devenir historique des sociétés à partir non pas de la lutte des classes mais de l’« épopée de l’homme et de la femme ». Une société progresse lorsque l’échange primordial, le commerce humain, c’est-à-dire l’échange intersubjectif et partant celui des sexes, l’emporte sur celui des marchandises. Elle régresse quand ce dernier soumet à ses lois les rapports humains, comme cela se produit avec l’esclavage, la vente des femmes ou encore, de façon plus hypocrite, avec le mariage. Selon Fourier, les critiques formulées par philosophes et des révolutionnaires de 1789 n’ont pas été portées au bon endroit. Par « l’écart absolu » il propose d’aller encore plus loin et remettre en cause cette institution au profit du « ménage progressif ». Lorsque les femmes seront libérées et avec elles les hommes, de nouvelles possibilités, des idées neuves s’offriront comme l’avaient également pressenti Rimbaud ou Rilke. Les manies bizarres, répertoriées par Fourier, exaltent l’individualité sans pour autant l’enfermer sur elle-même. La singularité ne peut s’éveiller qu’au contact d’autres singularités dans l’horizon de la passion de l’unitéisme.

Cette lecture de Fourier par Simone Debout porte en avant, donne la force de l’espoir et permet de comprendre notre actualité avec un regard plus vif. Souhaitons que les actes de ce colloque soient prochainement publiés !