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Lettre à C. Pecqueur
Article mis en ligne le 7 avril 2007
dernière modification le 11 avril 2007

par Muiron, Just

Besançon, 22 mars 1835

Mon cher Pecqueur [1],

Je trouve enfin un moment pour vous répondre, pourtant je n’ai pas long à écrire. L’article de X. Marmier dans La France littéraire, tout insignifiant que vous le qualifiez, à juste titre, a été fait sur une ancienne note. Il dit, à peu près, ce que je dis de Fourier dont la vie n’a rien offert d’extraordinaire.

Enfant on lui trouvait ce qu’en langue vulgaire on appelle des originalités. Sa famille avait de l’aisance, son père marchand drapier passait pour l’avoir acquise en vrai commerçant civilisé, pratiquant au besoin les us bien décrits par le maître. Sa mère se nommait Muguet, ayant pour frère le père de Muguet de Mantoux qui s’est fait remarquer dans la première Assemblée Législative après 1789. Les frères de Muguet de Mantoux ont été les plus considérables et les plus riches du commerce de Besançon. Charles Fourier a fait ses études au Collège de cette ville tenu par les Jésuites. Il a eu pour condisciples, entre autres, les deux frères Ordinaire, dont l’un est recteur de notre Académie, l’autre Directeur de l’Institut des Sourds-muets de Paris : tous ceux qui ont connu Charles Fourier jeune, rendent bon témoignage de lui, et lui ont conservé de l’amitié tout en le tenant pour un cerveau un peu timbré. Son éducation était à peine terminée quand il a quitté son pays natal pour aller à Lyon faire apprentissage du métier de son père. Il était passionné à l’excès par la musique, jouant de la flûte, du violon, etc. Ne pouvant rester longtemps dans le même lieu, il voyagea beaucoup, à Marseille, à Paris, en Belgique, en Allemagne, et dissipa facilement son patrimoine. Quand il fit sa première découverte, en 1800, il faisait jeter du riz à la mer, dans le port de Marseille, comme il l’a imprimé. Il était à Lyon, exerçant l’état de courtier-marron lorsqu’on y imprima son prospectus en 1807. Un jour jouant de la flûte avec enthousiasme, il crut s’être rompu un vaisseau dans la poitrine et je crois que l’espèce de contorsion que présente son buste date de cette époque. Il écrivait sans cesse : j’ai vu ses cahiers très nombreux et contenant de quoi faire de gros volumes. Tout en critiquant la société humaine passée et présente, comme personne ne l’a fait encore, il était sociable, amateur de réunions, festins, bals etc. Parlant peu, observant beaucoup, se mettant à la portée de tous ses interlocuteurs et sachant plus ou moins leur plaire.

C’est en 1816 que j’entrai en relation avec lui alors il habitait Talissieu près Belley, chez ses nièces, Mesdemoiselles de Rubat dont le père était mort sous-préfet. Il s’était retiré là pour écrire à son aise. En 1818, étant allé à Belley, je le trouvai chez sa sœur, Mme Parrat-Brillat tout occupé de ses études et d’écrire ses cahiers. Il vint à Besançon en 1821 pour imprimer son Traité, voyez Virtomnius. Madame Vigoureux, Victor vous diront le reste, ils le savent aussi bien que moi, et n’omettez pas de leur communiquer votre article avant sa publication, car il ne faut rien dire qui puisse ne pas nous aller. Vous pouvez connaître par vous-même le caractère de M. Fourier, il est tel aujourd’hui qu’il a toujours été. Seulement je le trouvais plus confiant en 1822 qu’en 1832.

Je voudrais bien pouvoir vous dire mieux et plus mais je ne le saurais.

Votre dévoué Just Muiron


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Les sectes suffisent à elles seules à guider la politique humaine dans le labyrinthe des passions
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