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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Devoluet, Antoine-Alphonse-François
Article mis en ligne le 8 décembre 2010
dernière modification le 15 octobre 2011

par Desmars, Bernard

Né le 20 juillet 1807, à Mâcon (Saône-et-Loire), décédé le 21 décembre 1884, à Paris. Officier d’artillerie. Saint-simonien, puis fouriériste.

Antoine-Alphonse-François Devoluet est le fils d’Antoine Devoluet, négociant, et de Camille Reverchon, fille de Jacques Reverchon, qui, sous la Révolution, a successivement siégé à l’assemblée législative en 1791, à la Convention à partir de 1792, au conseil des Cinq-Cents (de l’an IV à l’an VII) et au conseil des Anciens (an VII-an VIII). Antoine Devoluet (le fils) a pour cousins Jacques Edouard Reverchon (1802-1854), député de la Saône en 1848 et accusé en 1851 par la police de sympathies pour les socialistes, et Max Reverchon (1810-1879), saint-simonien, puis fouriériste [1].
A l’issue de ses études secondaires, Antoine Devoluet entre à l’École polytechnique en 1827 (son père étant décédé en 1813, c’est Jean Reverchon, l’oncle maternel, qui verse la pension) ; il y reste jusqu’en 1830, ayant redoublé une année en raison d’une maladie ; il participe aux journées de juillet 1830 à Paris ; il est alors républicain.
A sa sortie de Polytechnique, il rejoint l’École d’application de Metz, pour devenir un officier d’artillerie. Les activités militaires ne semblent pourtant pas le séduire : « Nous voilà à Metz à faire donner le canon, 120 coups par jour. Quel état ! heureusement que la discussion est là [2] [...] ». Devoluet est en effet entre l’été 1831 et le début de l’année 1832 un des éléments les plus actifs du groupe saint-simonien de Metz qui comprend plusieurs élèves du génie et de l’artillerie ainsi que quelques Messins ; il est alors convaincu de faire rapidement de nouvelles recrues parmi ses camarades et dans la population civile. Il propage aussi ses convictions lors de séjours dans sa famille, à Mâcon ou à Marcigny, et sans doute auprès de son cousin Max Reverchon [3].
Mais dès février 1832, ses lettres témoignent de ses doutes et de ses hésitations, notamment après que Lechevalier et Transon se sont séparés d’Enfantin et des saint-simoniens. Il considère dès ce moment qu’il « y a à prendre dans Fourier. Rendons justice à cet homme extraordinaire et ne dédaignons point les secours qu’il nous offre pour continuer notre route lointaine. Je ne serai jamais phalanstérien, mais j’écouterai toujours avec attention ces hommes dont les conseils sont méconnus aujourd’hui parce qu’ils sont mêlés d’injures et de mauvaise foi [4] ». Sans doute a-t-il pu débattre à cette époque avec Considerant, Bureau et autres quelques fouriéristes, également présents à l’Ecole d’application de Metz et qui s’efforcent de propager leur doctrine parmi de réunions et des conférences.
En mars, Tourneux, devenu le chef des saint-simoniens à Metz signale que « Devoluet est en ce moment dans les traînards », puis qu’« il ne va que d’une aile » et qu’il ne prend plus part aux travaux du groupe [5]. Comme d’autres saint-simoniens, Devoluet rejoint ensuite l’Ecole sociétaire ; il s’efforce de faire des abonnés pour La Phalange à Metz [6]. Il souscrit une action de 500 francs de l’Union agricole d’Afrique, fondée à la fin des années 1840 par des fouriéristes à Saint-Denis du Sig, en Algérie ; mais sans doute inquiet face aux difficultés financières que connaît la société, un moment menacée de disparition, il ne semble avoir versé qu’une petite partie de la somme annoncée [7].
Lieutenant en août 1832, Devoluet devient capitaine en 1840 et prend part à plusieurs campagnes en Algérie, entre 1842 et 1851. Il se marie en 1854 avec une « directrice des postes » à Maîche (Doubs), Catherine Charlotte Lelong, dite Desrivages, fille d’un percepteur [8]. Le couple n’aura pas d’enfant. Devoluet est promu colonel en 1861, après avoir participé à la guerre d’Italie, A la fin des années 1860, il renoue avec l’Ecole sociétaire des liens qui semblaient s’être distendus ; il promet en 1866 de s’abonner au futur périodique phalanstérien (« ma position financière ne permet pas de faire plus » que s’abonner, écrit-il [9]), puis souscrit à une action de 50 francs dans la société anonyme créée en 1869-1870, pour financer la Librairie des sciences sociales et La Science sociale (il ne faisait pas partie de la première société, fondée en 1866).
Il prend part à la guerre franco-prussienne de 1870-1871, puis continue son activité militaire dans les Ardennes. En décembre 1872, alors qu’il est commandant d’artillerie à Givet, il visite le Familistère de Guise [10]. Il s’abonnera quelques années plus tard au Devoir, la revue fondée par Godin en 1878.
Il est mis à la retraite en 1873 (il arrive à la limite d’âge dans son grade). Il s’installe alors à Paris, avenue de Wagram. Pendant sa carrière militaire, ses supérieurs hiérarchiques ont qualifié d’« excellents » les « mœurs », la « conduite » et les « principes » de Devoluet, de « très étendues » son instruction générale et ses connaissances militaires, et d’« excellente » sa « manière de servir ». Il est par ailleurs décoré de la légion d’honneur (chevalier en 1846, officier en 1860 et commandeur en 1864. Pourtant, en annonçant son décès, la Revue du mouvement social affirme que Devoluet a été ralenti dans son avancement sous la monarchie de Juillet et sous le Second Empire par ses convictions républicaines. « Aussi, malgré son grand mérite, n’avança-t-il que lentement et prit-il en 1883 [en fait 1873] sa retraite en qualité de colonel quand beaucoup de ses contemporains étaient généraux ». La même nécrologie indique que « sur la fin de sa vie, M. Devoluet se consacra principalement au spiritisme ».