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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

131-132
Pinloche A., Fourier et le socialisme, Félix Alcan, Paris, 1933 (200 p. ; frs. fr. 15. -)
Article mis en ligne le 5 janvier 2011
dernière modification le 2 octobre 2016

par Benjamin, Walter

L’année dernière, dans la première quinzaine de septembre, on a fêté, en petit cercle, le centenaire de la fondation des « phalanstères » fouriéristes. C’est à quoi le présent livre doit son origine et il est issu du cercle en question. C’est un essai apologétique ; son auteur s’attache surtout à souligner les mérites de Fourier, par opposition à l’école de Saint-Simon d’un côté, et par opposition au marxisme de l’autre. La trame subjective est évidente, et agréable la franchise avec laquelle elle se montre au grand jour. L’auteur, aujourd’hui professeur honoraire à la faculté des lettres de Lille, ne nie pas que ce sont ses propres expériences remontant à l’époque de sa dure jeunesse qui ont ouvert son cœur à la théorie de Fourier. « Nous nous sentions peut-être plus portés vers l’illustre “sergent de boutique” par nos propres souvenirs de “garçon de boutique” ayant connu comme lui toutes les duretés du prolétariat commercial, et plus tard, le sort réservé à l’intrus — malgré les promesses des Droits de l’Homme, qui ose encore se frotter aux fils barbelés de certaines citadelles de privilégiés sociaux. » Dans le cadre d’argumentations objectives, c’est de l’esprit de l’initiative capitaliste qu’il fait reproche aux Saint-Simoniens, tandis que Marx le heurte principalement à cause des idées matérialistes qu’il donne en garde à la lutte de classe. Si les Saint-Simoniens sont de « gros brasseurs d’affaires, soutenus par la puissance des banques », le marxisme se distingue, selon l’auteur, par l’intolérance et, pis encore, par « la haine, dirigée contre quiconque n’y souscrit pas intégralement. » Pour rendre cette faille bien marquante, Pinloche a joint quelques extraits du Manifeste communiste. Toutefois, c’est dans le florilège des écrits propres de Fourier, et de ceux de ses disciples, qu’il convient de voir la partie la plus valable du livre. Comme on sait, l’état idéal de la société, d’après les convictions de Fourier, est inscrit dans la nature ; il se trouve à portée quand on dispense à celle-ci soins et services attentifs. Toute intervention violente de l’homme est juste bonne à effacer les traces qui peuvent conduire au sein de cette Arcadie — L’auteur s’est efforcé de donner, de cette théorie, une vue d’ensemble où ses éléments souvent utopiques, souvent pittoresques, ont reculé au profit des éléments constructifs. Néanmoins, dans ces essais, la part d’utopie foncière inhérente à la représentation d’un travail d’édification sociale indifférent à la politique ne ressort que plus fortement. Sans porter préjudice aux études de Gide, de Bouglé, de Bourgin et d’autres, ce travail soigné affirme bien sa valeur comme introduction à Fourier.

Recension parue dans la rubrique « Mouvement social et politique sociale » de la revue Zeitschrift für Sozialforschung publiée à la Librairie Félix Alcan en 1934 (3e année, cahier 2), p. 291-292.

J — Revue de recherches sociales 3 (1934), 291 et suiv. (Cahier 2).
T — Tapuscript : Archives Benjamin, Ts 1437 et suiv.
Modèle pour l’impression : T
Variantes : 427, 34 au lecteur] manque dans J — 438, 3 dans] le J — 428, 4. l’ordre social idéal] l’état idéal de la société J — 428, 5 elle] il J — 428, 10 de sa] de la
Renvois : 427, 25 sociaux. »] A. Pinloche, l.c., 55 — 427, 31 banques] l.c., 47 — 427, 34 intégralement »] l.c., 55